Eglise Saint-François, Louvain-la-Neuve – 25° dimanche dans l’Année A
« Pourquoi êtes-vous restés là, toute la journée, sans rien faire ? » « Parce que personne ne nous a embauchés » (Mt 20, 1-16)
Les dictons reflètent la sagesse populaire. Mais cette sagesse n’est pas forcément celle de l’Evangile. Ainsi le dicton : « Il faut bien gagner son paradis ». Comprenez : « A force de bonnes actions, nous finirons bien par obtenir le ticket d’entrée pour nous assurer une bonne petite place là-haut ». Eh bien non. Voyez l’Evangile de ce dimanche – la parabole des ouvriers de la 11° heure : ceux qui ont sué toute la journée, ne reçoivent pas un meilleur salaire que ceux qui n’ont travaillé qu’une toute petite heure. Message de la parabole : Il n’y a pas de paradis à gagner. Le paradis est offert. Gratuitement. Par amour. Tout est Grâce.
« Ca, c’est un peu facile » murmure la sagesse populaire, en ajoutant : « Dans ce cas, pourquoi faire des efforts ? Pourquoi encore chercher la vertu ? Autant se laisser aller comme tous ces égoïstes ». Ma réponse est : « Si vous voulez vivre n’importe comment, allez-y. Dieu aime les pécheurs… Il ne vous aimera pas moins, mais »… – car il y a un « mais »… « Mais, ce faisant, vous condamnez votre âme à lentement étouffer. A devenir l’ombre d’elle-même ». Oui, les égoïstes ont une vie plus facile que les personnes vertueuses. Ils profitent. Mais ils ne sont pas heureux. Regardez notre monde occidental : Nous n’avons jamais eu tant de biens de consommation. Pourtant, l’homme du XXIe siècle n’est pas plus heureux que celui de l’époque du Christ. L’homme a besoin de pain pour vivre, mais l’homme ne vit pas que de pain (Matthieu 4,4).
Croyez-moi, la situation des ouvriers de la 11° heure n’est pas enviable. Evidemment, ils se sont reposés, alors que les ouvriers de la première heure se sont tués à la tâche dans la chaleur du jour. Mais ces soi-disant profiteurs, qu’ont-ils fait de leur journée ? « Pourquoi êtes-vous restés là, toute la journée, sans rien faire ? » leur demande le maître de la vigne. « Parce que personne ne nous a embauchés », soupirent-ils. Ils ont perdu leur journée. Les égoïstes perdent leur vie à se centrer sur eux-mêmes. Leur âme étouffe. Et cela est pathétique.
Alors, oui. Heureux les artisans de la vigne de la première heure. Ceux qui triment sous la chaleur du soleil. Ils ne le font pas pour gagner un meilleur salaire. C’est le même salaire pour tous. Ils ne le font pas pour « gagner leur paradis ». Le paradis est gratuit. Ils le font parce qu’ils sont heureux d’œuvrer à la vigne, afin que celle-ci porte du fruit. Leur seul salaire, est d’entendre la voix du maître leur dire, le soir tombé : « Toi, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi ; mais il faut se réjouir » (Luc 15, 31-32) pour ces ouvriers de la 11°heure qui ont – eux aussi – enfin trouvé le chemin de la vraie vie.
Si les parents aiment leur enfant – que celui-ci leur obéisse ou pas – combien plus le Père céleste nous aime-t-il inconditionnellement ? « C’est un peu facile » ? Non, c’est ce qu’il y a de plus exigeant : vivre – non pas en comptabilisant ses mérites – mais par pur amour. Souvenons-nous d’une des dernières paroles du Christ à ses disciples : « Voici mon commandement : aimez-vous les uns les autres »… Mais Seigneur, aimer comment ? « Inconditionnellement ». Mais Seigneur, aimer dans quelle mesure ? « Sans mesure ». « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés ». (Jean 15,12) Un peu facile ? Non, c’est ce qu’il y a de plus exigeant. Trop exigeant ? Oui, pour l’homme seul. Mais à celui qui le prie, Dieu envoie un « coach » : Son Esprit. Et l’Esprit enseigne comment aimer comme le Christ – car telle est notre vocation de baptisés. Amen.
Un vrai plaisir de lire ce commentaire de vérité.
Notre sens de la justice n’est pas le même que celui de Dieu.
A notre époque , les ouvriers de la première heure se seraient mis en grève.
Mais pour Dieu pas de machine à calculer les mérites!
C’est en relation avec la première lecture d’Isaïe; Dieu dit » Mes pensées ne sont pas vos pensées » et aussi « Vas-tu regarder avec un oeil mauvais parce que moi je suis bon »