« Comme un cerf altéré cherche l’eau vive, ainsi mon âme te cherche toi, mon Dieu. Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant ». Ainsi débute le psaume 41. J’y pensais, récemment, en écoutant un ami me confier son cheminement. Garçon brillant et créatif, il n’adhéra pas à son éducation catholique. Comme tant d’autres, il mit entre parenthèse son baptême et avança dans la vie sans trop s’encombrer de bagages religieux. Et voilà que, la quarantaine s’annonçant, une soif le tenaille. Pas la soif explicite du Dieu de Jésus-Christ – non. Mais une soif spirituelle : recherche de silence, d’unité intérieure, de fécondité authentique.
C’est à l’ami qu’il se confia, mais aussi au prêtre. Il voulait confronter ce qu’il vivait à mon témoignage de vie. Pareille expérience n’est pas aussi rare qu’on voudrait le croire. La soif spirituelle est grande. Quand nos contemporains nous confient leur quête, il faut les rejoindre sur ce chemin. Sans essayer de les « récupérer », mais également sans honte de témoigner de l’Espérance qui nous habite. Le reste, c’est l’affaire de l’Esprit. Car souvent se vérifie le dicton : « autre est le semeur, autre le moissonneur » (Jn. 4,38)
Autre expérience forte : j’ai célébré ces jours-ci les funérailles d’une mère de famille de ma génération. (Terrassée par un sale cancer… comme tant d’autres). L’époux et les enfants me partagèrent l’intensité et la lucidité des échanges qu’ils eurent avec la défunte, alors que celle-ci vivait ses dernières semaines en soins palliatifs. Une réelle espérance anime cette famille de baptisés que l’on aurait taxé un peu vite de « croyants ordinaires ». Cela donne à réfléchir. Je ne suis pas optimiste au point de prétendre que tout va bien dans notre Eglise, mais le recul de la pratique sacramentelle – s’il n’en demeure pas moins inquiétant – ne signifie pas pour autant l’impuissance de l’Esprit. Parfois, son souffle nous décoiffe là où on ne s’y attend pas. « Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit » (Jean 3,8).
La quête de sens est constitutive de l’homme ; elle s’exprime aujourd’hui davantage dans une recherche autonome de spiritualité. Je reste très optimiste, car la seule eau qui désaltère a précédé la soif.
Recherche de Dieu
Qu’en est-il de ta prière?
Tu es sur la mer
dans ta barque
Et tu jettes l’ancre
Sur un rocher lointain
Tu tires la corde
Avec force et persévérance:
le rocher ne bouge pas
Mais ta barque s’approche de lui
Ainsi en est-il de la prière:
Dieu semble
ne pas bouger
Mais c’est toi qui avances
( D’après une prière de guy Gilbert)