Le quotidien belge d’origine catholique l’Avenir couvrait sa « une » du WE dernier avec un seul titre : « le catholicisme en chute libre ». Le dossier en pp.2-3 commentait les résultats d’une étude de l’Adrass (Association pour le Développement et la Recherche en Sciences Sociales) sur la pratique du culte catholique en Wallonie. Résultats : cela fait 40 ans que le catholicisme décline – ça, ce n’est malheureusement pas un scoop – et aucune inversion de tendance n’est perceptible. D’où cette conclusion : à tendance constante, en 2050 seuls 8% des Wallons seront encore catholiques et un petit 1,6% de la population ira encore à la Messe.
Que penser de pareille étude ? Le tassement, voire l’effondrement, d’une religion de masse est dans l’air du temps. Longtemps, le catholicisme fut pour nos compatriotes la « religion par défaut ». Ils étaient catholiques par naissance et à défaut d’alternative spirituelle. Le centre des villages était la tour de l’église. Aujourd’hui, le cœur de la vie sociale est devenu l’écran de l’ordinateur. La preuve… vous lisez ce blog :-) Un simple « clic » ouvre nos adolescents à un monde pluriel, bariolé de religions, philosophies, voies de sagesses… De plus, par rapport au catholicisme, les vents sont contraires. S’il était de bon ton de se déclarer catholique – même non-pratiquant – jusque dans les années 80, aujourd’hui, cela relève du courage.
Ceci m’amène donc à nuancer les conclusions de l’étude. Jadis, il n’est pas certain que toutes les personnes se déclarant « catholiques », l’étaient vraiment. Aujourd’hui, je ne suis pas sûr que toutes les personnes ne se déclarant plus catholiques le font par conviction, plutôt que par convenance sociale. L’étude de l’Adrass évalue la part des catholiques de Wallonie à 37%, avec 6,8% de pratique dominicale. Ces chiffres semblent plausibles. Par contre, quand elle projette qu’en 2030, il n’y aurait plus que 17% de catholiques et 3,3% de pratiquants, je suis plus prudent. L’avenir est ouvert : le cœur de l’homme étant variable, qui dit que le catholicisme ne reviendra pas « à la mode » dans 10 ans ? Je ne parle pas d’un retour à une religion de masse, mais à un petit côté « vintage » qui fera en sorte que nombre de compatriotes sans fort ancrage religieux se déclareront à nouveau « plutôt catholiques ».
Je pense donc que la décroissance sociologique du catholicisme va se poursuivre et qu’elle va surtout marquer le paysage institutionnel. Le catholicisme sera, de moins en moins, une puissance sociale dans ce pays. On peut le regretter, mais c’est dans l’ordre des évolutions de société. Je n’en conclurais pas pour autant trop vite que le catholicisme va s’effacer au même rythme des cœurs et des consciences comme conviction religieuse. Combien de fois n’ai-je pas fait l’expérience que des personnes se présentaient à moi de but en blanc comme « non-catholiques », puis après une bonne rencontre corrigeaient cela en ajoutant : « enfin, nous avons des doutes et ne savons plus très bien que croire ». Bref, sans se déclarer piliers d’Eglise, elle se disaient – tout compte fait – un peu moins « non-catholiques » que ce qu’elles avaient affiché de prime abord. Cela ne donne pas des raisons d’être immodérément optimistes pour l’avenir du catholicisme dans ce pays, mais n’oublions pas : « Le royaume des cieux est semblable à un grain de moutarde qu’un homme prit et sema dans son champ, lequel est, il est vrai, plus petit que toutes les semences ; mais quand il a pris sa croissance, il est plus grand que les herbes et devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent et demeurent dans ses branches ». (Matthieu 1, 31-32) Bref, même avec une petite graine de foi plantée dans un cœur, l’Esprit peut faire pousser une forêt d’apôtres pour demain.