Je m’abstiendrai religieusement de commenter le fond de l’affaire DSK, d’autant plus que personne ne sait vraiment qu’en penser. Qu’un des hommes les plus puissants et brillants de la planète agresse sexuellement une employée d’hôtel, dépasse ce que le bon sens peut comprendre. Soit nous avons affaire à un délinquant sexuel, soit il y a un piège visant à faire tomber l’homme public. Quoi qu’il en soit, cette glauque histoire illustre une fois de plus qu’en démocratie, ce qui fait chuter les puissants, est soit l’incompétence – et ici, chacun reconnaît que DSK est tout sauf incompétent – soit la part d’ombre devenue ingérable – ou présentée comme telle par un piège. Bref, quand l’affreux Mister Hyde déborde trop sur le brave Docteur Jekyll. Et pour ce qui est de l’ombre tapie en chacun de nous, il n’y a guère d’originalité à attendre. Comme l’écrivait Dostoïevski, les trois tentations du Christ au désert résument toutes celles qu’un homme puisse connaître : avoir, pouvoir, valoir. « Posséder, dominer, séduire »… Qui d’entre nous n’est pas parfois enivré par une de ces trois liqueurs – voire par toutes les trois à la fois ? Voilà pourquoi – et depuis toujours – les petits ou grands secrets bancaires, secrets d’état et secrets d’alcôve constituent une belle matière à scandale, à chantage, à piège ou plus communément – à rumeur. Ah, la rumeur… A l’époque où j’avais une fonction publique, combien de fois ne m’a-t-on pas glissé « innocemment » quelque secrets sulfureux sur un de nos décideurs ? Les trois-quarts du temps, je pense qu’il s’agissait de calomnies, mais – qu’importe – la rumeur salit tout ce qu’elle touche. Les trois-quarts du temps aussi, le messager de la rumeur ne me semblait pas particulièrement malveillant, mais – que voulez-vous – c’est si gai de dire du mal de son prochain. Ce faisant, cela nous dédouane un peu de nos propres ombres. Chacun le perçoit mieux aujourd’hui : le clergé catholique n’est nullement épargné en matière de part d’ombre. Et éviter la calomnie ne signifie pas entretenir une culture du silence. En pleine tourmente médiatique, le porte-parole que j’étais se disait parfois en souriant qu’il aurait été plus tranquille s’il était resté laïc. Mais avant de découvrir ma vocation à la prêtrise, mon rêve secret était de finir ma carrière comme directeur du FMI. Aujourd’hui, je me rend compte que la fonction n’aurait pas été moins exposée…
ben voilà, la place au FMI est désormais libre :=)
Evidemment, si j’ai le soutien de la presse… :-)