« Je regrette ce que j’ai fait et demande pardon: en premier lieu aux victimes à qui j’ai infligé tant de souffrance – et je puis comprendre que celles-ci n’arrivent pas à me pardonner. Je demande aussi pardon aux fidèles catholiques, qui ont appris dans les larmes que même un évêque pouvait poser des actes pédophiles. Enfin, je demande pardon à mes concitoyens qui, suite à pareil scandale, auront encore plus de peine à reconnaître dans l’Eglise la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Les croyants qui le souhaitent, peuvent prier pour moi, car j’en ai grand besoin. Pour le reste, je veux poursuivre ma pénitence dans le silence, pour grandir dans le remord et la conversion ».
En apprenant hier soir que l’ancien évêque de Bruges prendrait la parole, j’ai espéré entendre cela et rien de plus. L’interview a d’ailleurs un peu commencé sur ce ton. Mais après… Ce matin, m’habite un profond sentiment de malaise et de tristesse. La « honte » n’a jamais le dernier mot dans l’enseignement chrétien. Mais le sentiment de honte est un chemin vers le remord, qui ouvre la porte au pardon. Et l’absence de honte est sans doute ce qui m’a le plus frappé dans ce long interview de l’ancien évêque de Bruges. Je ne veux pas ici accabler l’homme, mais je me dois d’exprimer que ce n’est pas correct. A juste titre, Roger Vangheluwe cita hier l’Evangile selon Saint Jean: « Que celui qui est sans péché, jette la première pierre » (Jean 8,7). Mais dans le même Evangile, Jésus ajoute quelques petites phrases plus loin: « Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché. Mais maintenant vous dites: Nous voyons. C’est pour cela que votre péché subsiste ». (Jean 9,41)
Depuis le début de cette tempête, j’ai gardé foi dans mon Eglise et dans ses dirigeants pour sortir de l’ombre. Souvent les médias donnaient une image partiale des discours de nos évèques ou cardinaux, et malgré que la majeure partie de mes connaissances soit fortement anticléricale, je m’efforçait de réexpliquer les choses, pour sortir des clichés. J’ai aussi défendu l’exil de l’ancien évèque de Bruges, qui face à la prescription des fais me semblait une fort bonne réponse de la part du Saint Siège. Mais aujourd’hui, je suis plus que désarçonné… Cet homme n’a toujours pas réalisé la gravité et la portée de ses actes! Il semble que la décisions de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, que je défendais hier encore, s’apparente plus à la « retraite dorée » que dénonçaient les laïcards, qu’à une quelconque sanction tel que je le pensais. En tout cas, c’est l’image qu’en donne M. Vangheluwe. Tout homme est pécheur, le plus grand criminel comme le Pape, mais comment laisser un homme décomplexé à ce point par les atrocités qu’il a commises encore guider le troupeau des fidèles.
« Je crois en l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique », mais pour combien de temps encore…
Oui, on entend tout sauf ce qu’on voudrait entendre, mais les thérapeutes vous diront qu’une attitude propre aux pédophiles consiste précisément à minimiser les faits dont ils se sont rendus coupables et de laisser entendre que finalement leurs victimes étaient plus ou moins complices. Le travail à faire avec ce genre de personnages est de leur faire prendre conscience de la gravité de leurs actes et succiter en eux les sentiment de honte, de remord et de regret qui semblent avoir quittés leur environnement mental.
Quant à citer l’Evangile comme il le fait pour y trouver des justifications personnelles, c’est tout de même fort de café de la part d’un évêque coupable de pédophilie. On est pas loin là du contre témoignage auprès de tant de chercheurs de Dieu !
Monseigneur Vangheluwe s’est d’ailleurs bien abstenu de citer cette phrase de Jésus « Si quelqu’un scandalise un de ces petits, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui accroche une meule de pierre au cou et qu’on le précipite à la mer » ( cité de mémoire et hors contexte ). N’est-ce pas là un appel sans concession à l’application d’une justice humaine assez implacable. Venant de la bouche d’un Jésus toujours prêt à comprendre et à pardonner, il ne faut pas demander quelle gravité il accordait à ce genre de « crime ».
Se retire dans un lieu secret et se taire : voilà ce que Mgr Vangheluwe devrait faire au plus vite. Et, si j’ose lui donner ce conseil, qu’il demande pardon du fond de l’âme à celui qui a pu avoir des paroles intansigeantes à son égard, mais qui est aussi le seul qui peut vraiment le pardonner.
D’ailleurs, si lors de l’interview on avait au moins entendu parler l’Evêque de Bruges de pardon sincère et véritable, de réparation, de pénitence, on risquerait moins de faire l’amalgame entre l’ homme pécheur et l’ homme d’Eglise. Car seul le pardon appele le pardon.