• Je trouve équilibrée et nuancée la réflexion de l’eurodéputé Philippe Lamberts, parue ce 24 mars dans La Libre (p.52):
« Des finances publiques équilibrées, cela veut dire : des dépenses responsables et des recettes justes et efficaces. Le problème, c’est que l’on ne marche que sur la jambe des dépenses : il faut les couper. Et sur les recettes, on ne dit rien. Si on veut s’assurer des recettes fiscales décentes, il nous faut une approche européenne : une taxe sur la transaction financière, une taxe sur l’énergie,… Ensuite, il faut se demander comment on met à contribution le secteur financier. Bien sûr, il y a taxe sur les transactions financières, impôts sur les banques et tout, mais comment ramène-¬t-¬on le diable de la finance dans sa boîte ? Il y a deux poids deux mesures. On dit au citoyen, travailleur, locataire social que cela ne peut pas continuer, qu’il doit faire des efforts. Mais tout le monde doit être mis à contribution, aussi fort et tout de suite. Des coupes dans les budgets publics cela a aussi un impact. Parce que derrière, il y a des êtres humains. Il nous faut une gouvernance économique européenne, il nous fait une fiscalité européenne, il nous faut remettre le diable financier dans sa boîte ».
• J’ai été secoué par la réflexion de Mahmoud Senadji, ancien professeur à l’Ecole supérieure des arts à Alger, publiée sur le site oumma.com : http://oumma.com/Libye-les-lecons-de-la-tyrannie?utm_source=Oumma+Media&utm_campaign=7c75a1d00d-RSS_EMAIL_CAMPAIGN&utm_medium=email. Il critique durement le régime libyen, mais ajoute : « Plus qu’être tristes, nous avons mal. Mal de voir des bombardiers occidentaux sillonner le sol libyen, car cela éveille en nous des souvenirs douloureux ». Pourquoi ? « Nous dénonçons les frappes militaires occidentales car ces pays sont soupçonnés, à juste titre, de n’agir que pour leurs intérêts stratégico-économiques et non de secourir des vies humaines, mais est-ce vraiment une découverte que nous faisons maintenant ? L’expansion économique est au cœur de l’Occident depuis sa naissance en 1492. La justification juridique, intellectuelle, médiatique ne fait que suivre et servir la force impériale. La philosophie du capitalisme est une logique de guerre. Celle-ci est même menée, d’une façon « soft » au sein des pays occidentaux : qu’en est-il lorsqu’il s’agit d’autres peuples, et de surcroît des Arabes, détenteurs de richesses en plus ?… »
Evidemment, une voix de musulman, ce n’est pas la voix de tout l’islam. Cependant, ce texte dit selon moi quelque chose de symptomatique quant à la perception que certains musulmans ont de l’Occident. Perception que je trouve exagérée, voire injuste (lire le post « Zorro et la realpolitik »), mais pas non plus totalement dénuée de fondement.
Est-ce ce genre de perception qui explique que la plus haute institution de l’islam sunnite, l’université Al-Azhar, dont le siège est au Caire, ait annoncé en janvier qu’elle suspendait ses relations avec le Vatican ? Réagissant à la demande du pape de protéger les chrétiens d’Egypte, Al-Azhar expliqua dans un communiqué que «le gel des relations a été provoqué par les attaques répétées contre l’islam du pape Benoît XVI (…). Le pape a répété que les musulmans opprimaient les non-musulmans vivant avec eux au Moyen-Orient».
Conclusion personnelle : Je ne crois pas au « choc des civilisations », mais ce genre de déclaration montre à quel point nous avons parfois du mal à nous comprendre.