Je pense que le Vatican a raison de réagir (lire ci-dessous) face à la campagne « Benetton ». Je sais bien qu’il existe des choses plus graves sur cette terre. Je me rends également compte que celui qui réagit, tombe droit dans le piège de la provocation recherchée par le provocateur en amplifiant le « buzz » médiatique. Mais il y a un discernement à avoir.
A l’époque où j’étais porte-parole des évêques, je n’ai jamais voulu entreprendre d’actions légales contre des caricatures faites à des fins « humoristiques » ou « artistiques » – même quand elles étaient de très mauvais goût. En effet, je suis opposé à toute législation sur le blasphème et la liberté de l’artiste doit être respectée – tant qu’elle reste dans les limites de la légalité. Comme le rappelait Mgr Léonard à Matin Première (RTBF-radio), une religion solide doit se situer au-dessus de la provocation. Cela n’empêche pas de manifester pacifiquement que l’on est blessé. Mais – par un curieux retournement d’opinion – celui qui proteste agressivement, endossera le rôle d’agresseur et sera donc médiatiquement perdant. Donc, mieux vaut garder calme, sérénité et hauteur… à l’exemple du Christ.
Par contre, quand la provocation est faite à des fins commerciales, il n’y a pas à hésiter. Une religion n’a pas à servir « d’homme sandwich » pour nourrir de bas intérêts commerciaux. Pour cette raison, j’avais, en son temps, réagi avec succès contre une campagne « Plug TV » mettant en scène un Jésus de pacotille. Et le public avait compris. Ici, le Vatican fait de même contre Benetton. Sans s’énerver, mais avec détermination. J’espère que l’opinion publique comprendra et ne se fera pas prendre en otage d’une simple campagne publicitaire qui cherche à faire… du fric.
MANIPULATION DE L’IMAGE DU PAPE
CITE DU VATICAN, 17 NOV 2011 (VIS). Hier après-midi, le P.Federico Lombardi, SJ, Directeur de la Salle-de-Presse du Saint-Siège, a vigoureusement « protesté contre une campagne publicitaire commerciale (Italie), manipulant l’image du Pape de manière inacceptable. Il s’agit d’un grave manque de respect envers le Saint-Père et d’une offense à la sensibilité des fidèles, prouvant combien la publicité peut violer les règles élémentaires de la décence due à chacun aux fins d’attirer l’attention par le biais de la provocation. La Secrétairerie d’Etat étudie les démarches appropriées pour que soit garanti le respect du Pape et de son image ».
Aujourd’hui, en début d’après-midi, la Secrétairerie d’Etat a diffusé le communiqué suivant: « La Secrétairerie d’Etat a chargé ses avocats d’entreprendre en Italie et hors d’Italie les démarches nécessaires pour bloquer la circulation, y compris médiatique, du photomontage utilisant l’image du Saint-Père. Cette publicité commerciale Benetton constitue une atteinte à la dignité du Pape et de l’Eglise catholique, ainsi qu’une offense à la sensibilité des fidèles ».
Pourquoi le Vatican reste-t-il sans réaction devant les insultes et les blasphèmes répétés à l’encontre de l’image de Jésus, alors qu’il réagit prestement aujourd’hui que l’image du pape est couverte de ridicule ?
@Pierre René Mélon : crois tu sérieusement que le Christ ne peut pas défendre lui-même Son image s’Il le souhaite ?
Je considère vos propos intéressants et posés. Cette campagne de Benetton quoique commerciale me fait sourire peut-être parce que la religion – et non pas la foi – éveille en moi un regard plutôt critique vis-à-vis de l’Église catholique. Ce sur quoi j’aimerais revenir, c’est lorsque vous rapportez les propos suivants : « une religion solide doit se situer au-dessus de la provocation. ». Une religion reste une religion et le qualificatif « solide » s’applique-t-il vraiment à une religion? Je crois que c’est la foi de ses fidèles qui peut l’être, non?
Carl T
La foi est de l’ordre de l’expérience en l’Esprit. La religion est de l’ordre de la manifestation dans l’histoire. L’un et l’autre peuvent être distingués, mais son liés.
Sans vouloir vous offenser, quand vous dites qu’une religion n’a pas à servir d’homme sandwich pour nourrir des intérêts commerciaux, je le conçois. Mais alors pourquoi l’Eglise ne réagit-elle que lorsque la personne du pape est utilisée ?
Que dire la publicité Nescafé ? de la publicité Kronembourg ? Nintendo ? Apple ? Livre de Poche ? Cacharel ? Lost ? et j’en passe. Il y en a tellement que je m’en sers dans mon cours de religion ! Ne pourrait-on simplement concevoir cela comme une référence culturelle ?
Je trouve la campgne de mauvais goût, même si elle m’a fait sourire. Mais le but est atteint : tout le monde parle à nouveau de la marque !