« Hygiène de l’âme » – 22° dimanche, Année B

 « Ce qui sort de l’homme, voilà ce qu’il le rend impur ». (Marc 7, 1-23)

En ce temps de rentrée scolaire, il est bon que nos têtes blondes reprennent de bonnes habitudes. Par exemple : bien se laver les mains avant de passer à table. Comment, dès lors, expliquer que quand des pharisiens demandent à Jésus pourquoi ses disciples prennent leur repas sans l’avoir fait, celui-ci les traite d’hypocrite ? Parce que les pharisiens pensaient qu’il suffisait de se laver les mains pour se purifier le cœur. Et Jésus d’avertir : « Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui pénètre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qu’il le rend impur ». S’il est utile d’apprendre à nos enfants l’hygiène du corps, il est encore plus vital d’aussi leur enseigner l’hygiène de l’âme. C’est bien de se laver les mains, mais encore mieux d’ouvrir ses mains pour partager. C’est important de se brosser les dents, mais tellement plus essentiel de ne pas ouvrir la bouche pour dire du mal de son voisin. C’est conseillé de prendre régulièrement un bain ou une douche, mais non moins nécessaire de régulièrement se replonger spirituellement dans l’eau de notre baptême. Bref, que ce temps de rentrée scolaire soit également – pour les petits comme pour les grands – un temps de redécouverte du Christ et de son Evangile.

Blog : bilan du mois de juillet

En juillet 2012, ce blog recevait 3502 visites pour 4158 pages vues ; en juillet 2013 3316 visites pour  4477 pages vues ; en juillet 2014 6696 visites pour 7864 pages vues. Ce mois de juillet 2015, il reçut 2762 visites pour 3428 pages vues.

Le lectorat belge compte 1538 visites. La France suit avec 221 visites et le Royaume-Uni avec 111 visites.

L’article le plus fréquenté fut « Cigale orthodoxe et fourmi protestante » du 5 juillet avec 241 visites. Vient ensuite « Contre le lavage de cerveau » du 20 juillet avec 213 visites et « Qu’est-ce que la théologie » du 14 juillet avec 181 visites.

Merci aux lecteurs et suite au mois prochain.

 

In memoriam Jean-Claude Guyot, Michel Franchimont et le P.André Pirard SJ

Durant les vacances, j’ai appris le décès de Jean-Claude Guyot, parti un 31 juillet à 53 ans, des suite d’un cancer. Collaborateur de la faculté de Comu de l’UCL, ce Liégeois au rire puissant fut aussi le premier webmaster du site de l’Eglise francophone de Belgique www.catho.be. C’est à cette époque que je fis sa connaissance, en ma qualité de porte-parole des évêques. A son épouse et à ses quatre filles je présente mes plus chrétiennes condoléances. Jean-Claude était un chrétien à la foi profonde et aux options déterminées. Animateur du prieuré de Malèves-Sainte-Marie (aux côtés de l’abbé Ringlet), il appelait de ses vœux « une Eglise plus en phase avec le siècle ». Il savait que je ne partageais pas toutes ses options, mais il était le contraire de ces idéologues qui ne peuvent s’entendre qu’avec ceux qui partagent leur avis. J’ai eu avec lui de belles discussions, ponctuées de ce rire qui résonne désormais parmi les anges. A Dieu, cher Jean-Claude. Et merci pour tout ce que tu as apporté à la communication de l’Eglise de Belgique.

Ce mercredi 19 août, j’ai célébré en la collégiale Saint-Jacques de Liège, les funérailles de Me Michel Franchimont, le père de la réforme de la procédure pénale en Belgique. Il connut son passage paisiblement à l’âge de 86 ans. Devant une assemblée très importantes, entourant sa veuve et ses trois enfants, et comptant le bourgmestre de Liège, le président du conseil provincial et de très nombreuses autres personnalités, j’ai rappelé que ce brillant juriste, fut également un authentique intellectuel chrétien – qui non seulement pratiquait sa foi, mais également la priait et l’informait par de nombreuses lectures. Je me souviens de beaux partages que j’ai eu avec cet éminent professeur d’université, qui n’oubliait pas qu’il était d’abord un fils de l’Eglise.

Le lendemain, jeudi 20 août, je concélébrais – en ma qualité de curé-doyen – aux funérailles du père André Pirard SJ, en l’église Saint-Christophe de Liège. Ce prêtre poli et quelque peu guindé fut 46 années durant surveillant au collège Saint-Servais. J’ai appris qu’il connaissait chacun des élèves par son nom et son histoire. Il n’était donc pas surprenant que l’église fut pleine à craquer d’anciens et actuels élèves de « son » collège. Il y avait à là au moins quatre générations qui communiaient dans une même reconnaissance. Le P.Pirard avait vraiment la fibre du jésuite-éducateur. Ces funérailles me firent penser au beau film « Good bye Mr. Chips ».

 

 

« Crise spirituelle » – 21° dimanche, Année B

 « C’est l’Esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien ». (Jean 6, 60-69)

L’Evangile de ce dimanche se situe à un moment de crise spirituelle. Beaucoup de contemporains avaient suivi Jésus, pour des raisons humaines (ce que l’Evangile appelle « la chair ») : le prophète de Nazareth parlait bien et touchait les cœurs, Israël avait besoin d’un réformateur, ses guérisons impressionnaient, etc. Mais trop – c’est trop. En se présentant comme Pain de Vie, Jésus s’attribue une qualité divine. La réaction du public est immédiate : « ce qu’Il dit est intolérable, on ne peut pas continuer à l’écouter ! » Et Jésus de répondre : « Personne ne vient à moi, si cela ne lui est pas donné par le Père ». Or ce que donne le Père à ceux qui le Lui demandent, c’est l’Esprit. Aujourd’hui encore, nous commençons souvent à être chrétien pour des raisons bien humaines : « c’est mon éducation, il faut des valeurs, cela éduque nos gosses, etc. » Arrive cependant un moment où ces motivations terrestres ne suffisent plus. Parce qu’on est déçu par son Curé, parce qu’on n’accepte plus la morale catholique, parce qu’on est choqué par certains comportements, etc. etc. C’est la crise spirituelle. Ne reste alors que le disciple à qui l’Esprit donne de comprendre que toutes ces raisons trop humaines ne suffisent pas pour rester durablement fier de son baptême. « C’est l’Esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien ». Seul l’Esprit fait entrevoir la vraie raison – celle qu’exprime saint Pierre : « Seigneur, vers qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ».    

Péchés capitaux – M…Belgique p.9

Ci-dessous, voici ma chronique, parue ce mois en p.9 de M… Belgique. Merci à la rédaction de me donner cet espace d’expression.

Au risque de plomber l’ambiance au cœur de l’été,  parlons des péchés capitaux. Enfant, je n’en ai guère entendu parler au catéchisme. C’était après mai ’68 et la notion de « péché » n’était plus à la mode. Il me semble pourtant urgent d’y revenir – même pour les non-croyants. Je laisse ici entre parenthèse la « luxure », deux siècles d’inflation puritaine ayant fait de tout ce qui touche au sexe « le » péché par excellence – comme l’illustre l’interminable buzz autour de l’affaire DSK. Quitte à oblitérer les six autres…

« L’orgueil », qui consiste à s’attribuer les mérites de Dieu. Je pense à ces adeptes – de quelques religions ou mécréances que ce soit – qui croient « savoir » mieux que tous les autres. Vous avez dit fondamentalisme ? « L’avarice » qui est accumulation des richesses pour elles-mêmes. Vous avez dit ultra-capitalisme ? « L’envie », qui est cette tristesse face aux possessions d’autrui. Vous avez dit compétitivisme ? « La colère » qui est la frustration devenue agressivité. Vous avez dit populisme ? « La gourmandise », qui est la gloutonnerie ou excès en toute chose. Vous avez dit consumérisme? « La paresse », qui est cette forme de somnolence face aux défis du temps. Vous avez dit cynisme?

Les péchés capitaux restent d’actualité, chacun de nous étant soumis à leur emprise. Mais tous pouvons aussi nous en libérer, pour vivre plus authentiquement. Alors – gardons courage, ou comme disent les Anglo-Saxons : « Take heart ». Et bonnes vacances.

 

« Pas de marketing…» – 17° dimanche, Année B

 « Alors, de nouveau, Il se retira tout seul, dans la montagne ». (Jean 6, 1-15)

Ce Jésus n’est vraiment pas doué en matière de marketing… Il vient de faire un coup d’éclat en multipliant les pains. Les foules raffolent et en redemandent. Mieux : elles veulent en faire leur roi. Et lui, au lieu de prendre la balle au bond, que fait-il ? Il se retire, seul, dans la montagne pour prier son Père. Ses disciples – qui n’attendaient que de le voir triompher – n’ont pas dû comprendre.

Et pourtant, si Jésus multiplie les pains, ce n’est pas pour annoncer la fin des famines. L’Evangile n’est pas une assurance de gagner au win-for-life, mais une invitation à prendre le dur chemin de la conversion. La multiplication des pains annonce que le Royaume du Père est source d’abondance spirituelle et de partage fraternel. Mais le cœur humain est lent à comprendre ce que son âme pressent. Quand passe un gourou qui annonce un bonheur aussi trompeur que facile – nous sommes séduits. Tandis que le Verbe de Dieu, que les foules voulaient couronner pour de mauvais motifs, finira couronné d’épines sous les regards amusés.  

Contre le lavage de cerveau – le brossage de cerveau

Je ne résiste pas à l’envie de reproduire ici, un passage du très bel article sur le Bhoutan, de Sabine Verhest, paru en p.16 dans « La Libre » de ce jour. A l’heure où la communauté Wallonie-Bruxelles semble déterminée à remplacer les cours spirituellement engagés (religion ou morale) par un cours « neutre », voici ce qui donne à penser : L’éveil spirituel fait partie de l’éducation et a donc toute sa place dans à l’école. Pas uniquement sous la forme d’un enseignement neutre et théorique, mais comme pratique de vie. Non pas pour enfermer le jeune dans une tradition théologique ou philosophique. Mais pour l’ouvrir à sa propre intériorité.

C’est comme pour le langage : Pour apprendre une langue étrangère, il faut d’abord maîtriser une langue maternelle. Il en va de même en spiritualité : S’ouvrir aux autres traditions, ne peut se faire que si on a une tradition spirituelle soi-même. Comme me le déclarait un ancien recteur d’université, franc-maçon notoire : « Je ne veux pas que mes étudiants deviennent des analphabètes spirituels ».

Ma crainte est donc que – en chassant l’éveil spirituel de l’école – on y fasse rentrer de plus belle son contraire : le fondamentalisme. Car oui – le « brossage de cerveau » est le meilleur antidote au « lavage de cerveau ».

Voici le passage en question :  
Quand la cloche résonne, tous se pressent avec lenteur vers leur rang, face au drapeau jaune et orange du pays du dragon tonnerre. Après les chants, ils méditent quelques minutes en silence. On appelle cela le brossage de cerveau. “De la même manière que vous vous brossez les dents pour votre hygiène dentaire, vous vous brossez le cerveau pour l’hygiène du cerveau”, nous explique la directrice, Deki Choden, de sa voix douce. Cela “revient à observer consciemment le silence, l’instant présent. Nous faisons cela une fois le matin et une fois en fin de journée. Cela permet de développer le pouvoir de concentration”, note-t-elle, inspirée par le Dr.Dan Siegel, neuroscientifique et psychologue de l’université de Berkeley. Deki Choden, dont l’ambition affichée est d’oeuvrer par l’éducation au “bonheur universel”, a introduit dans son école des pratiques contemplatives. Ici, par différentes initiatives, comme le “Call to Care”, on inculque aux enfants l’art de vivre ensemble et de s’intéresser à son prochain, on cultive l’attention – à soi et à l’autre –, la bonté, la compassion et l’empathie. “Nous avons mis en place des programmes qui promeuvent ces valeurs et les compétences sociales et émotionnelles, dit-elle. Nous enseignons bien sûr les mathématiques, les sciences, l’anglais, etc., mais nous essayons aussi consciemment d’infuser des valeurs liées au bonheur.” Bref, “nous cherchons des voies alternatives” parce que, “au bout du compte, la course à l’excellence, à la perfection, au succès apporte-t-elle vraiment le bonheur ?”