Une petit goût de fin du monde…

Ce dimanche après-midi, je revenais de la célébration de confirmation d’un neveu, suivie d’une fête familiale. Je roulais paisiblement sur l’autoroute E40 en direction de la Cité ardente, conduisant avec l’entrain tranquille de celui qui se rend à un autre rendez-vous, mais sans être en retard. Arrivé à hauteur de Crisnée, j’aperçois un gros nuage noir. Bientôt, il se met à pleuvoir et les voitures devant moi sont à l’arrêt ou presque. Je pense à un accident. Et puis « Bang! » J’entends comme un bruit clinquant sur le toit de ma voiture. Je me demande ce qui se passe. « Bang! Bang! Bang! » Un déluge de grêlons, de la taille d’un oeuf de pigeon, s’abat autour de moi et se fracasse sur ma carrosserie avec le bruit de balles de golf. Le tout, sous une pluie torrentielle. Les voitures avancent au pas. Nombreuses sont celles qui s’arrêtent sur la bande de gauche. Ne sachant plus que faire, je les imite. Devant moi, un homme sort laborieusement de sa voiture et tente de protéger son pare-brise. En vain. Le vent fait que tout s’envole. Le tonnerre gronde. Le tout a un petit goût de fin du monde. En 54 ans, je n’ai jamais assisté à un phénomène météorologique pareil en Belgique. Ne me dites donc pas que le dérèglement climatique, c’est de la blague. J’en serai quitte avec une carrosserie bosselée que mon assurance prendra en charge. Mais ce phénomène augure-t-il des futures tempêtes de demain? Alors, je plains les agriculteurs, bien plus encore que les automobilistes.
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Ce qui suit n’a rien à voir, mais pour moi un peu quand même.
La situation politique italienne a aussi un petit côté fin « d’un » monde. L’Italie est le laboratoire politique de l’Europe. Avec Berlusconi, ils ont essayé le populisme bien avant les autres. Mais celui-ci était encore pro-européen. Aujourd’hui, il s’agit d’un populisme hostile à l‘intégration économique européenne. Avec de bons arguments, face à une monnaie tellement unilatéralement adaptée à l’Europe du nord. Mais surtout, avec le risque d’un choc systémique, dont je n’ose soupçonner l’ampleur. La dette des états est énorme. Si le marché doute de la capacité d’une bonne partie de l’Europe à honorer ses engagements, une nouvelle crise de 2008 pourrait nous atteindre.
Mais plus virulente.
Comme pour les grêlons.

« Trois fois Saint »– Sainte Trinité, Année B

«  De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ».(Matthieu 28, 16-20)

La Trinité n’est pas un problème de mathématiques. Pourtant, comme l’amour ne s’additionne pas, mais se multiplie – ne dit-on pas le « Dieu trois fois Saint » ? – chacun peut vérifier que 1 X 1 X 1, cela fait toujours 1. La Trinité : 3 Personnes divines en un seul Dieu. Mais bien plus qu’un problème de mathématique, la Trinité est Mystère d’amour. Le peu que la révélation chrétienne nous ait donné de percevoir de l’infinité de Dieu, est que celui-ci est une éternelle Relation de Don : entre le Père qui est Source de tout Don, le Fils à Qui le Don est destiné et qui le rend au Père dans l’unité de l’Esprit – qui est Don.  La Bible nous enseigne que l’homme est créé à l’image de Dieu. Voilà pourquoi nous sommes des êtres relationnels et voilà pourquoi seul le Don de nous-mêmes nous fait rejoindre notre vérité profonde. Devenir disciple du Christ et vivre son baptême, c’est dans l’Esprit s’unir au don du Fils pour devenir enfant du Père.       

Avortement: amas de cellules et déni

Dans le quotidien « La Libre » de ce jour, je lis en p.38 une position favorable à ce que l’avortement soit retiré du code pénal. Et ceci, de la bouche d’une professeure psychanalyste de l’UCL. Ses raisons? Je la cite: «  On ne peut pas comparer un enfant qui vit avec un amas de cellules qui a six semaines. Il faut faire appel au bon sens et non à l’idéologie qui s’exprime à travers la pénalisation en tant que telle. » 
Volontairement, je ne rentre pas dans le débat sur « avortement et droit pénal » (je l’ai déjà suffisamment fait), mais je m’arrête à la position intellectuelle de ce qui vient d’être énoncé.
D’abord, il n’y a pas plus idéologique que de disqualifier la position adverse d’ «  idéologique » et la sienne de « bon sens ». Quelque part, cela me fait penser aux populistes qui disent qu’on ne peut comparer la dignité humaine des migrants avec celle des vrais citoyens…. « Une question de bon sens, n’est-ce pas? »
Ensuite, ce que j’attends, c’est une argumentation en fait et en droit. En fait, à six semaines, il n’y a – de fait – pas un enfant. Mais il n’y a – de fait aussi – pas non plus, un « amas de cellules ». L’embryon est une vie humaine en devenir. En droit, la question « bête, banale et brutale » est: à partir de quand cette vie humaine en devenir est-elle inviolable? Et si ce n’est pas dès la conception, sur quelle base fixer telle limite ou telle autre ?
L’éditorial du jour de Dorian de Meeus, le rédacteur-en-chef du quotidien, publié en p.56 du journal, ne dit pas autre chose: «  Au fond, le vrai débat porte donc sur la place que le législateur attribuera à l’être humain en devenir, que ce soit 1 mois, 3 mois ou 7 mois après la conception. Mais se posera aussi la question des sanctions adaptées et proportionnées en cas de non-respect de la législation. Notre société doit s’interroger sur ce qu’elle estime être la marche du progrès. Alors qu’on planche par ailleurs aujourd’hui sur les droits des animaux, des plantes ou même des objets comme les robots, elle éprouve de grandes difficultés à considérer comme progressiste la protection de la pré-enfance. »  
Je n’ai rien à ajouter, si ce n’est qu’à mon avis, cette « grande difficulté » par rapport à la protection de la pré-enfance, est due à un déni, qui empêche de clarifier l’enjeu du débat: le refus justement de voir en l’embryon humain, autre chose qu’un « amas de cellules ». Pourquoi pareil déni? Poser la question, c’est y répondre. Ce n’est pas à une psychanalyste que je dois l’apprendre.

«  Le goût de Dieu »– Pentecôte, Année B

« Quand Il viendra, lui l’Esprit de vérité, Il vous conduira dans la vérité tout entière». (Jean 15, 26 – 16, 15)

Un jour une catéchiste demanda à un enfant : « Tu aimes le chocolat ? » Réponse affirmative – bien évidemment. Elle lui dit alors : « Mais comment peux-tu me dire cela ? Il n’y a pas de chocolat ici ». Perplexité de l’enfant. La catéchiste dit alors : « Tu peux me dire cela, parce que tu as déjà goûté au chocolat et que tu as donc son goût en toi. Sans cela, le mot ‘chocolat’ resterait aussi abstrait pour toi que si je te parlais de la planète Pluton. Ainsi agit l’Esprit. L’esprit est Celui qui nous donne le goût de Dieu. Sans l’Esprit, Dieu reste loin et abstrait. Mais quand l’Esprit touche un cœur, celui-ci « goûte » l’Amour du Christ. Désormais, le goût de Dieu l’accompagnera toute sa vie. Dieu ne sera plus jamais une abstraction ». Telle est « la vérité tout entière »vers laquelle conduit l’Esprit. Il donne de saisir que Dieu n’est pas un concept, mais une présence de vie. Voilà pourquoi l’Esprit est représenté comme du feu qui éclaire et réchauffe. Comme du vent qui souffle et oxygène. Comme la terre qui porte le fruit, comme de l’eau qui désaltère. En cette Pentecôte, demandons donc à l’Esprit de nous donner le goût de Dieu.     

«  La joie de l’Evangile »– 7° dimanche de Pâques, Année B

« Je parle ainsi en ce monde, pour qu’ils aient en eux ma joie et qu’ils en soient comblés. Je leur ai fait don de ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils ne sont pas du monde, de même que moi je ne suis pas du monde… » (Jean 17, 11-19)

La joie est un des signes les plus sûrs de la présence de l’Esprit dans un cœur. Non pas la joie mondaine – qui est éphémère et souvent suivie de tristesse. Non pas la joie forcée de celui qui prétend que tout va toujours bien, même quand cela va mal. Non. La joie profonde. La joie spirituelle. Celle qui demeure, même quand « le monde » vous prend en grippe. La joie de celui qui se sait aimé d’un Amour qui n’est pas de ce monde.

Ne jugeons pas nos frères (et nous-mêmes) sur la joie et nous ne serons pas jugé. Mais demeurons lucides. Là où se trouve tristesse, amertume ou cynisme – l’Esprit du Vivant ne peut être présent. Là où demeure la joie – même au cœur des larmes, des injustices et des souffrances – le souffle du Crucifié-Ressuscité nous caresse le visage.

Durant l’ultime semaine qui nous sépare de la Pentecôte – fête du don de l’Esprit, prions chaque jour. Demandons que le Souffle de Dieu nous procure Sa joie.

« Libres en Esprit » – Solennité de l’Ascension, Année B

« En mon nom, ils chasseront les esprits mauvais ; ils parleront un langage nouveau ; ils prendront des serpents dans leurs mains ; et s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera aucun mal… » (Marc 16, 15-20)
Si le Ressuscité avait voulu nous garder sous sa coupe, Il se serait contenté d’apparaître de temps en temps dans les églises ou au coin des rues. Plus besoin d’Evangile, de Vatican, de curés et chacun serait convaincu… Convaincu, oui. Croyant, non. Il faut être libre pour vivre l’aventure de la foi. Le Christ – qui est liberté suprême – ne s’impose pas à notre conscience. Avec l’Ascension, Il retourne dans la gloire de Son Père et nous envoie Son Esprit.
Les signes de l’Esprit ? Celui qui chasse le mauvais esprit autant que les esprits mauvais. Celui dont le langage renouvelle les relations humaines – même s’il n’est pas polyglotte. Celui qui n’a pas peur de se salir les mains – quitte à prendre à bras-le-corps toutes les vipères que la vie nous fait croiser. Celui que le poison de la médisance ou de la vanité ne tue pas…
Neuf journées séparent l’Ascension de la Pentecôte – fête du don de l’Esprit. Prions chacune de ces neuf journées. Demandons que le Souffle de Dieu nous renouvelle.

«  Exigeante amitié »– 6° dimanche de Pâques, Année B

« Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ignore ce que veut faire son maître ; maintenant, je vous appelle mes amis » (Jean 15, 9-17)

La phrase du Christ sonne plutôt sympa. Du genre: « vous êtes mes potes – je vous invite à mon BBQ ».En fait, elle est d’une exigence radicale. Etre serviteur, cela laisse un peu de distance. On obéit, histoire de ne pas déplaire au patron… mais inutile de faire trop de zèle. Par contre, être « ami », cela engage à connaître, à aimer, à librement imiter.

Concrètement ? « Aimez-vous les uns les autre comme je vous ai aimé ».D’accord, Seigneur, mais cela veut dire quoi : « comme je vous ai aimé » ? Réponse : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ».Pour la plupart d’entre nous, cela signifie : donner sa vie à petit feu – en se donnant aux autres. Parfois, cependant, le choix se fait radical. Il s’agit alors de donner jusqu’à sa vie par amour. … Comme un ami, le Christ exige tout de nous. Mais comme un ami aussi – Il comprend tout et pardonne tout.

«  Vigne de vie » – 5° dimanche de Pâques, Année B

« Moi je suis la vigne et vous les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit » (Jean 15, 1-8)

Observez une vigne. Ses sarments secs se dressent fièrement vers le ciel. Pourtant, ils sont morts et ne servent plus qu’à allumer les barbecues. Les sarments vivants, eux, ploient sous le poids de leurs grappes. Leurs raisins pèsent lourds, mais ils sont la preuve que ce sarment porte du fruit.

Il ne va ainsi dans la vie des hommes. D’aucuns se dressent tout droit d’orgueil, mais ils sont secs. Leur vie ne porte aucun fruit. Malheureux sont ces hommes – si riches et puissants soient-ils. Ils vivent sans fécondité et sont des morts-vivants. D’autres hommes ploient sous le poids de la charge et ils peinent. Heureux sont-ils pourtant, car tel est le signe qu’ils portent du fruit. Ils sont donc bien vivants.

Prions tout spécialement pour les enfants et jeunes gens qui feront ces jours-ci leur première communion, profession de foi, ou confirmation. Qu’ils n’oublient jamais l’enseignement du Christ: « Moi je suis la vigne et vous les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit .»