Quand une candidate évoque Mère Teresa…

Celles et ceux qui me connaissent un petit peu, savent que j’ai des amis dans tous les partis politiques démocratiques. Celles et ceux qui connaissent la politique belge, savent cependant que – pour toute une série de raisons liées à l’histoire – plusieurs partis politiques gardent une forte tradition laïque. En privé, je partage bien des choses avec certains responsables de ces partis de culture « laïque », mais – en public – les marqueurs sociaux soulignent  que « nous ne sommes pas du même bord »…(Je n’ai jamais totalement compris ce que cela signifiait, mais en Belgique il semble encore important d’avoir un « bord »).
Contrairement à ce qui se voit chez les Français, Britanniques ou Italiens, il reste ainsi exceptionnel de rencontrer un mandataire socialiste qui s’affiche comme catholique convaincu et pratiquant. Théoriquement parfaitement possible – bien sûr – mais en pratique…
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Sans doute que cela changera un jour, mais pour le moment, c’est ainsi en Belgique francophone. Sauf… quand les mandataires PS sont de cultures musulmanes. Alors, ils me saluent en public en soulignant qu’il est important que l’Eglise catholique poursuive sa mission et parle haut et fort dans la société.
J’en ai reçu une nouvelle preuve dans les journaux du groupe ‘Sudpresse’ de ce jour, avec l’interview de Loubna Jabakh. Cette juriste de 37 ans est propulsée sixième sur la liste PS de la commune de Saint-Josse.
Voilà une jeune femme belle et intelligente, qui ne cache pas d’avoir été élève dans l’école catholique bruxelloise pour filles par excellence : la Vierge Fidèle. Et quand le journaliste lui demande: «  Avez-vous des modèles, en politique ? », elle répond tout de go : «  Pas vraiment, non. J’ai beaucoup d’admiration pour Mère Teresa, qui a su faire preuve de l’abnégation la plus totale, tout laisser pour les autres. » 

Soyons francs… A quelques exceptions près (qui font froncer des sourcils), imaginons-nous beaucoup de mandataires de souche chrétienne (de quelque «  bord » qu’ils soient, croyants ou pas, pratiquants ou non) de n’importe quel parti politique, oser déclarer pareille chose aujourd’hui dans la presse? La réponse à cette question nous invite à creuser le rapport de déni adolescent que notre société entretient par rapport à son héritage judéo-chrétien…

Avortement – dialogue de sourd entre deux humanismes.

S’il y a bien un point commun entre le Centre d’action Laïque (CAL) et l’Eglise catholique, c’est leur opposition à la future proposition de loi sur la sortie de l’avortement du code pénal… pour des raisons diamétralement opposées. Pour le CAL, cette proposition garde des balises morales et des sanctions, culpabilisantes et infantilisantes pour les femmes. Pour l’Eglise, cet acte gouvernemental transforme la dépénalisation partielle de l’avortement en un droit fondamental à un acte médical, dont les gardes-fous finiront balayés.
La différence entre CAL et Eglise, c’est que le premier milite activement pour une sortie de l’avortement du code pénal et ce, depuis des années, alors que la seconde s’est contentée de publier un seul  communiqué prudent et circonstancié à son encontre. Ceux (et il y en a encore…) qui s’offusquent d’une ingérence des évêques dans ce domaine, feraient donc bien d’aller méditer la parabole de la paille et de la poutre. (Matthieu 7, 3-5)
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Ce que je constate chaque année avec plus d’acuité, c’est qu’il ne s’agit pas tant d’un désaccord politique entre « laïques » et « croyants ». Dans le domaine de l’avortement, nous ne parlons tout simplement plus le même langage, de par une vision différente de l’humain. Cela fut illustré ce WE de façon éminente, par le dialogue de sourd entre Karine Lalieux (PS) et Catherine Fonck (CDH) dans les colonnes du quotidien bruxellois « Le Soir ». Voilà deux femmes politiques que je trouve courageuses et engagées. La première, laïque convaincue, fulmine contre la proposition de loi. La seconde, médecin et chrétienne (mais nullement inféodée à l’Eglise catholique), la soutient – à tort, selon moi, mais avec sincérité.
Ce qui me frappe, dans leurs échanges musclés, c’est que cela va bien au-delà d’un désaccord. Elles ne parlent tout simplement pas de la même chose.
Quand Catherine Fonck pose: « Nous n’avons jamais été en faveur d’une dépénalisation complète parce que pour moi, cela signifie alors que l’avortement devient un acte médical comme un autre, alors que ce n’est pas le cas car il y a un tiers en présence, le fœtus. », Karine Lalieux lui oppose :  «  Et c’est une grande farce, qui ne fera que raviver ce qu’on disait en 1990 : c’est la morale, les croyances qui ont de nouveau pris le pas sur le choix, la détermination, la responsabilité des femmes. On dit qu’elles ne sont pas assez responsables et que comme on les prend pour des imbéciles, il faut pénaliser pour qu’elles ne fassent pas n’importe quoi. » 
Quand Fonck appuie sur le clou: «  Car il s’agit du corps de la femme, mais pas uniquement. Il y a un tiers en présence. Le fœtus. Nous considérons que ce tiers en présence, c’est aussi un cœur qui bat un cerveau qui fonctionne – il suffit de voir combien les gynécologues insistent pour mettre de la musique sur le ventre. Et là, vous ne prévoyez aucune limite : cela va de 18 semaines à la fin de la grossesse. Nous ne voulons pas que l’IVG soit un acte banal ou un acte médical comme un autre. », Lalieux tempête: «  Un acte banal ? Aucune femme ne considère cela comme aller se faire arracher une dent ! Qu’on arrête de dire cela ! C’est vraiment prendre les femmes pour des femmes légères. » 
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Quel que soit votre avis sur le fond de la question, constatons l’abîme: à aucun moment ces deux femmes ne se rencontrent-elles sur un terrain commun. La question tant philosophique que juridique à trancher dans le débat sur l’avortement, est celle de savoir si, outre le choix de la femme, il convient de tenir compte « d’un tiers » (la vie humaine à naître). Si oui, pourquoi? Si non, pourquoi? A aucun moment, Karine Lalieux n’entre-t-elle dans ce débat. Tout au plus, dit-elle qu’avorter c’est autre chose qu’arracher une dent. Bien sûr. Mais encore? Qu’est-ce qui entre donc en jeu? Pourquoi ne pas répondre?
Selon moi, nous avons ici affaire à bien autre chose qu’une opposition entre « conservateurs » et « progressistes » ou encore entre « croyants » et « laïques ». Il s’agit d’une différence d’humanisme, c’est-à-dire un autre regard sur l’humain. Les pro-choice (de droite comme de gauche) défendent la primauté de l’individu et de ses droits – ici en l’occurrence la femme et son choix. Les pro-life (avec toutes leurs nuances internes), considèrent l’humain comme une « personne », soit un être en relation. Dans le douloureux débat sur l’avortement, il y a donc pour eux à tenir compte de la relation à un tiers : la vie humaine en devenir.  
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Comparaison nest pas raison et le débat sur les migrants est d’une toute autre nature – sauf qu’il touche aussi à l’humain.  A sa façon, il oppose donc aussi opinions « pro-choice » et « pro-life »   C’est pourquoi, un même dialogue de sourd se rencontre en la matière (mais avec des forces politiques souvent inversées) entre défenseurs des frontières nationales au nom du droit des peuples à «  choisir librement »  comment disposer de leur territoire et militants de la dignité et de la vie des tiers en présence.
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Oui, il est aisé et consensuel de se proclamer humaniste. Mais il s’avère laborieux d’en tirer des conclusions concrètes communes, dans un débat qui brasse émotions, postures idéologiques et intérêts contradictoires. 
 

« Sport d’équipe »– 15° dimanche, Année B

«Il les envoie deux par deux ». (Marc 6, 7-13)

Quand Jésus envoie les douze en mission, il le fait par équipe de deux. Cette façon de faire est permanente dans l’Eglise. Elle indique que – si personne ne peut être chrétien à notre place – nous ne sommes jamais chrétiens tous seuls. Un peu comme dans un sport d’équipe : que penserait-on d’un footballeur, qui laisserait les 10 autres joueurs se démener et qui se contenterait d’un effort minimum ? que penserait-on d’un coureur du tour de France, qui se contenterait de se laisser porter par le peloton sans jamais produire un effort personnel ? Pareil joueur ou coureur passerait à juste titre pour un tire-au-flanc.

Il en va de même dans l’Eglise : facile de faire reposer tout le poids de la mission d’évangéliser sur les épaules de l’évêque, du curé, des professeurs de religions, des catéchistes,… La question que chaque baptisé est invité à se poser est : et moi, quelle est ma part d’effort dans le peloton ?  Seul celui qui prend sa part du fardeau – mission différente pour chacun – réalise pleinement sa mission de baptisé.

Sans se mettre une pression inutile, cependant. L’évangélisation est pour chaque baptisé une obligation de moyen, pas une obligation de résultat. Autrement dit, nous sommes appelés à annoncer la Bonne Nouvelle, mais pas condamnés à réussir. Comme dans un sport d’équipe. « Si, dans une localité on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez en secouant la poussière de vos pieds ». Autrement dit : ne vous obstinez pas, mais poursuivez votre mission ailleurs.

« L’herbe est toujours plus verte… »– 14° dimanche, Année B

«Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa famille et sa propre maison ». (Marc 6, 1-6)

Elle est presque comique, cette scène décrivant Jésus qui retourne prêcher à Nazareth – son village. On entend d’ici les commérages : « Non mais ! Pour qui se prend-il à nous faire la leçon ? Nous l’avons connu en culotte courte! » Devant le peu de foi de ses familiers, Jésus ne réalise que de rares signes du royaume (miracles).

Nous ressemblons à ces Nazaréens. Nous partons bien loin en vacances, mais connaissons mal notre région. Les hommes politiques du passé, étaient des hommes d’état, alors que ceux du présent sont des médiocres – sauf peut-être s’ils gouvernent un pays lointain. Nous rencontrons des gens « formidables » sur internet, mais trouvons nos proches tellement décevants. Bref – comme l’énonce le dicton – « l’herbe est toujours plus verte chez le voisin ».

Et pourtant… quand l’Evangile nous parle des autres, il décrit surtout notre « prochain » – c’est-à-dire celui qui vit près de moi, tous les jours, dans mon quotidien. C’est avec lui qu’il me faut apprendre à cheminer à l’écoute de l’Esprit. Parfois même, nous pouvons devenir « prophètes » l’un pour l’autre – c’est-à-dire parole de Vie.

Avortement – Sortie du code pénal, pour y faire entrer… l’opinion « pro-life » ?

Par mail, je reçois la « déclaration de Bruxelles », promue par le Centre d’Action Laïque et… la Fédération Wallonie-Bruxelles.  
Cette déclaration soutient la sortie de l’avortement du code pénal (jusque là, rien de bien neuf), et – je cite – « refuse toute démarche visant à donner une personnalité juridique à un fœtus »
« Refuser toute personnalité juridique au foetus » – je m’en suis déjà expliqué – est, selon moi, un signe de « déni ». Le « déni » est un mécanisme psychologique, qui consiste à refuser – par confort mental – de voir une situation en toute lucidité, avant de prendre une décision politique à son sujet.   
Ainsi, le déni se retrouve chez ceux qui refusent d’accepter que notre société de consommation abîme la planète ; comme chez ceux qui ne considèrent  pas que les migrants sont des humains ayant des droits…
Le fait que ces autres types de déni se retrouvent dans un tout autre spectre d’opinions politiques que celui qui touche à lavortement, illustre que pareil mécanisme d’auto-aveuglement touche tous les humains. Et que le fait de se déclarer ‘progressiste’ ne vous en immunise pas, comme par enchantement. 
Combattre le déni invite à ce surcroit de lucidité envers soi-même et ses actes, qui donne de comprendre qu’aucun d’entre nous n’a « totalement les mains propres ». Tous, en effet, sommes complices de décisions qui font du tort à d’autres. En prendre conscience, ne rend pas l’innocence, mais invite à essayer de minimiser le tort que nos actes causent à d’autres.
 
Ainsi, un authentique militant « pro-choice » devrait avoir comme premier objectif de diminuer, autant que possible le nombre d’avortements. Or, je ne retrouve pas cela dans la « déclaration de Bruxelles ». Pourquoi? Parce qu’un mécanisme de déni pousse à refuser de voir de voir en un foetus, autre chose qu’un paquet de cellule et donc, un simple prolongement du corps de la femme, sans statut propre. (Je ne fais que citer, les arguments qui furent alignés par mes contradicteurs)
C’est se voiler la face: le foetus est une vie humaine en devenir et donc, bien davantage qu’un simple tissu biologique. S’il n’est qu’un amas de cellule, comment expliquer qu’à un moment donné apparaît – comme par génération spontanée – un être humain? Et quand ? A partir de telle ou telle semaine, ou une fois la naissance advenue? D’ailleurs, pourquoi la naissance? Même né, l’enfant reste totalement dépendant de ses géniteurs. Dans ce cas, pourquoi ne pas décider qu’il n’y a vie humaine, qu’une fois que l’enfant a accès à la parole? Ou quand il est entré à l’âge de raison?
Accueillir humainement et d’une façon médicalement responsable, la douloureuse décision d’avorter, est une chose. Mais nier, pour la cause, qu’il y a pas en jeu une vie humaine en gestation, est et reste – quoi qu’on raconte – un acte de déni. Le premier défi que les militants « pro-choice » et « pro-life » devraient donc aborder ensemble, est la recherche de mesures capable de limiter le nombre d’avortements. Or, il n’y a apparemment pas de diminution d’avortement en Belgique, contrairement à d’autres pays européens. 
 
La «  déclaration de Bruxelles » n’en reste cependant pas au niveau du déni. Elle là va plus loin, en demandant – je cite: «  la suppression, dans les législations, de la clause de conscience spécifique à l’interruption volontaire de grossesse, celle-ci étant déjà accordée à titre individuel pour tout acte médical », ainsi que d’ « exiger que toute entrave à l’accès ainsi qu’à l’information relative à l’interruption volontaire de grossesse soit sanctionnée ».  
Ceci n’est pas banal. En effet, supprimer la clause de conscience et criminaliser ce qui semble viser insidieusement toute opposition démocratique à la banalisation de l’avortement, est une politique liberticide, qui étouffe le débat et la liberté d’opinion. 
Ce genre de mesures n’est pas du genre à m’intimider – même si je dois un jour subir une condamnation.  Une contradictrice sur twitter me lançait, avec toute la nuance d’usage dans ce genre de débat (quel que soit le camp): « tu n’as pas d’uterus, donc tu fermes ta gueule! » Je confesse, en effet, que je n’ai pas d’utérus. Et pourtant – non – je ne fermerai pas ma gueule. 
Si vous pensez, comme moi, que ce sujet mérite qu’on réagisse, signez plutôt cette pétition-ci: https://www.soignantsosverzorger.be/fr/test/

« Dieu de vie »– 13° dimanche, Année B

«Je te le dis, lève-toi». (Marc 5, 21-43)

C’est sans doute un des clichés les plus injustes concernant le christianisme : ce soupçon tenace chez tant de nos contemporains, qu’il s’agirait d’une religion hostile à la vie. A les entendre, la foi chrétienne empêcherait d’être pleinement vivants. Même si des maladresses peuvent parfois donner cette impression, la vérité est à l’opposé. Ainsi, l’Evangile de ce dimanche, qui nous montre un Jésus qui redresse, relève, ranime… Bref, un Christ qui rend à la vie. Le Dieu de l’Evangile nous veut vivants. Et les exigences morales de notre foi, ne sont pas là pour nous empêcher de profiter de l’existence. Il s’agit de balises destinées à nous faire goûter à la liberté spirituelle.

La vie est une course d’endurance. Avec ses épreuves. Mais l’arrivée est promise à tous, même pour les ouvriers de la 11° heure. La seule chose à éviter, c’est de nous décourager. Le Christ est là, qui nous lance à chaque chute : « Je te le dis, lève-toi ».

« Sans bruit, pousse la semence »– 11° dimanche, Année B

«Nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit». (Marc 4, 26-34)

Il y a 25 ans naissait le mouvement punk. Un quart de siècle après l’optimisme hippie de mai ’68, des jeunes en révolte criaient de rage contre la société. Leur credo était : « no future ». La plupart sont aujourd’hui mariés et parents. Quelques-uns sont cependant morts d’overdose ou de suicide. Aujourd’hui, le « no future »est plus diffus et généralisé. Des enquêtes nous l’enseignent : 8% des sondés belges entre 18 et 75 ans auraient déjà tenté de se suicider, 10% souffrirait d’angoisse ou de dépression, 57% sont inquiets pour l’avenir de leurs enfants et le même % aurait besoin d’un accompagnement psychologique. Face à la crise et à la précarité, la foi chrétienne n’a pas de solution magique à proposer. Le christianisme n’est pas un opiumqui sert à oublier et accepter. Cependant, la vie avec Christ nous construit intérieurement dans la confiance. Si une dose de stress fait partie de toute vie, l’Esprit du Ressuscité nous rappelle que rien – même pas la mort – ne peut vaincre la puissance de l’Amour. Celle-ci est croissance sans bruit – telle la petite graine de moutarde, qui devient un géant de la forêt. Alors, malgré les épreuves, abordons l’avenir avec confiance: «Nuit et jour, que le semeur dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit».

« Le péché contre l’Esprit »– 10° dimanche, Année B

«Il est possédé par Béelzeboul». (Marc 3, 20-35)

Il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. De même, il n’y a pas pire péché que de se croire sans péché et de déclarer « mauvais » tout ce qui nous dérange.

En effet, Dieu pardonne tous les péchés, mais si je me présente devant Lui en Lui affirmant que je n’ai pas de péché et que l’action de l’Esprit – si elle me bouscule – est, inspirée par le diable… Dès lors, comment le pardon pourrait-il me rejoindre, vu que je n’en veux pas ? C’est l’avertissement que Jésus lance à ceux qui le déclarent « possédé », parce que Son œuvre et Ses paroles les dérange.

Pas de libre-examen pour les croyants…

Qu’un professeur en philosophie de l’UCL (Université Catholique de Louvain) déclare ce jour sur les ondes de la radio publique RTBF Première, dans l’émission « Et Dieu dans tout ça », que le libre-examen (dans le sens du bon usage de la raison qui « fait advenir la vérité ») n’est pas à proprement parler accessible aux croyants, voilà qui a le mérité de la franchise et de la clarté.  Je le cite: « On ne peut pas faire coexister le libre-examen et la croyance religieuse, parce que le deux termes relèvent de la pure contradiction (…) Le libre-examen c’est un affranchissement, c’est une libération, c’est une élucidation. Et je crois donc qu’il demande de se libérer des modes de la croyance religieuse ». 
Evidemment, étant croyant, je ne suis pas pleinement légitime pour lui répondre, vu que qu’il jugera que mon esprit est voilé par un certain a-priori dogmatique. 
Et que moi, de mon côté, je pense que son esprit est voilé par un certain parcours de vie.
 
Je me contente donc de tirer ici trois conclusions d’une prise au sérieux de ce qu’il énonce : 
1. Cela signifie que son université de tradition catholique, a longtemps été une forme d’imposture, du moins à chaque fois que la croyance chrétienne irriguait le savoir qu’elle prodiguait. 
2. Cela signifie que Gandhi, Martin Luther King, Mandela et l’abbé Pierre, tous croyants, n’usaient pas totalement lucidement de leur raison.
3. Cela signifie qu’un croyant est potentiellement moins bon démocrate qu’un non-croyant, la démocratie se fondant sur l’usage de la raison. Et qu’il est donc dans l’intérêt de la démocratie d’empêcher la croyance de s’étendre, au nom du bien commun. Le libre-examinisme non-religieux est, dès lors, appelé à devenir la nouvelle fondation philosophique du contrat social. Bref,… la nouvelle religion d’état.
 
Qu’il existe un libre-examnisme propre aux personnes qui ne sont pas croyantes, je serai le dernier à le contester. 
Déclarer, cependant, que seul celui qui n’est pas croyant, est capable d’un libre examen de la réalité, me semble une affirmation fort peu… libre-exaministe.   

« Deviens ce que tu reçois »– Fête du Corps et du Sang du Christ, Année B

«Ceci est mon corps… Ceci est mon sang, le sang de l’alliance, répandu pour la multitude». (Marc 14, 12-26)

Le dimanche de la fête du Corps et du Sang du Christ – appelé communément « la Fête-Dieu – est d’origine liégeoise. Comme le rappela le pape Paul VI en 1965 : « elle fut célébrée la première fois au diocèse de Liège, spécialement sous l’influence de la Servante de Dieu, sainte Julienne dMontCornillon, et Notre Prédécesseur Urbain IV l’étendit à l’Eglise universelle »(encyclique Mysterium Fidei n°63).

Instituée au XIIIe siècle, cette fête rappelle que l’Eucharistie est le sacrement qui – par excellence – exprime l’Eglise : si le Christ se rend sacramentellement présent dans l’Eucharistie, c’est afin que ceux qui communient à Lui deviennent présence du Christ dans le monde. Comme l’enseignait saint Augustin aux chrétiens qui participaient à l‘Eucharistie : « Deviens ce que tu contemples, contemple ce que tu reçoisreçois ce que tu es : le Corps du Christ ».

Dans notre ardente Cité de Liège, un sang innocent a coulé ces derniers jours. L’Amour seul est clairvoyant et peut guérir notre monde de la violence aveugle. D’où la procession du Saint-Sacrement ce jeudi soir dans les rues de la ville.  Oui, vivons de l’Eucharistie et devenons ce que nous recevons.