Extension de la loi sur l’euthanasie: deux éditos et une déclaration

Rarement, deux éditos auront été plus différents que celui de ce jour dans « Le Soir » (Béatrice Delvaux) et « La Libre » (Annick Hovine). Cette dernière reflète bien ce que je ressens. Et pas uniquement ma petite personne. J’ai rencontré ces jours-ci des personnes actives dans les hôpitaux auprès des mourants. Des personnes nullement « ultracathos », mais qui m’ont exprimé leur désarroi face à cette proposition de loi. C’est la première fois que je les entendais – habituellement si critiques envers les évêques – regretter que ceux-ci n’aient pas tapé plus fort du poing sur la table. Comme quoi….  Quant à l’édito Béatrice Delvaux, le fait que je ne partage pas son avis, ne m’empêche pas de reconnaître la qualité de son argumentation. Il n’y a qu’un seul élément de son raisonnement que je ne puis suivre: Quand elle écrit « Ceux qui votent ces textes-là le font à titre personnel« , je pense qu’elle sait fort bien que cela ne vaut pas pour tous les partis. Je pense à ce grand parti démocratique de Belgique francophone, qui ne voulait pas entendre parler d’extension de la loi, il y a quelques années. Du coup, rien ne se fit. Son attitude a changé depuis et c’est comme un seul homme que ses sénateurs voteront en faveur d’un élargissement de la loi sur l’euthanasie. Bref, nous assistons pour cette instance politique à une démarche de parti et non à un vote personnel. Ayons l’honnêteté de le reconnaître. Tout en bas de ma contribution, je reproduis la nouvelle déclaration des responsables religieux de Belgique. Aura-t-elle plus d’impact dans les médias que la première? J’en doute. Auprès des élites, les carottes sont déjà cuites…

Le Soir: Euthanasie: une extension indispensable et urgente Béatrice Delvaux
Il faut saluer le fait que ce mercredi, la commission du Sénat passe au vote sur l’extension aux mineurs, de la loi sur l’euthanasie. On a longtemps craint que le sujet soit reporté : il n’était pas prévu au programme de cette législature, le débat préalable aurait été chaotique et trop bref. Ces raisons ne tiennent pas car le débat a eu lieu mais, surtout, un éventuel vote en Commission ne le clôt pas car le chemin parlementaire est encore très long. Certains disent qu’il serait trop tôt pour étendre la portée d’une loi qui n’a que 11 ans, et dont on n’aurait pas encore bien analysé le fonctionnement. Qu’on améliore urgemment alors ce suivi et qu’on se donne les moyens d’effectuer ce bilan pertinent. Mais il est une souffrance qui ne peut attendre qu’on « perfectionne » le dispositif : celle des enfants confrontés à une souffrance intolérable et à une maladie incurable, assortie au désarroi total de leurs parents et des médecins arrivés au bout de leurs réponses. Le fait que le vote éventuel soit obtenu ce mercredi au Sénat par une majorité alternative n’est pas non plus un motif d’y surseoir ou de le délégitimer. Les questions éthiques échappent en Belgique à l’affrontement particratique : c’est l’une des choses qui fait l’exemplarité de notre société. Ceux qui votent ces textes-là le font à titre personnel. Ce sont les consciences individuelles qui s’expriment, pas les fractures politiques ou idéologiques d’une particratie. C’est là toute la sagesse de notre démocratie, différant en cela de l’affrontement meurtrier sur ces thèmes de la société française. On ne peut dès lors que saluer la contribution de la N-VA, auteur du texte qui recueille cette majorité, dans sa construction d’un consensus. Les opinions relatives à l’euthanasie sont toutes respectables, car on touche à l’intimité de chacun. Pour ce qui nous concerne, nous estimons cette extension aux mineurs indispensable et urgente. Le texte proposé nous paraît extrêmement pertinent en n’imposant pas d’âge limite, mais en faisant appel à la capacité de discernement du mineur – assortie de l’accord des représentants légaux. Rappelons que l’euthanasie légalisée reste un choix, qui n’est pas alternatif mais fait partie d’un tout, comprenant notamment le recours aux soins palliatifs. L’existence d’une loi est le meilleur garde-fou contre les dérapages possibles de ce qui se pratique déjà dans la clandestinité. Elle dote aussi ce geste ultime et grave d’un contexte empreint de sérénité, car permettant une discussion ouverte, et sans crainte, de tous, en ce compris les médecins confrontés aux demandes. Avec la possibilité au bout de ce dialogue de maintenir ou pas un souhait.

La Libre: Euthanasie des enfants, pas de loi-symbole – Annick Hovine

Il s’appelait Thomas. A dix ans, un cancer vicieux l’a emporté, après quatre années d’un combat acharné, d’éprouvantes opérations suivies de chimiothérapies, de nausées, de cheveux qui tombent et repoussent, d’école forcément buissonnière, d’espoirs cruels douchés par ces tumeurs qui avaient accroché leurs racines dans son ventre. Dix ans, ce n’est pas un âge pour mourir. Ce n’est pas un âge pour souffrir, non plus. Les derniers jours ont pourtant été terribles pour lui et pour ses proches. A un fil de l’au-delà du supportable. Ses parents lui avaient dit : si ça devient vraiment trop dur, on t’aidera à partir. Un médecin était prêt à lui donner la mort douce. Thomas n’a rien demandé. Il est mort un matin. Pour lui, une extension aux mineurs de la loi sur l’euthanasie n’aurait rien changé. Mais il arrive que des enfants qui se trouvent, comme lui, dans une situation médicale sans issue et souffrant de douleurs inapaisables, veuillent mourir un peu plus vite. Des pédiatres, des intensivistes, des oncologues, venus témoigner devant les sénateurs, ont expliqué que dans certains cas, on répondait à ces enfants et qu’on leur administrait des substances létales qui accélèrent ou causent le décès. Faut-il, pour autant, réglementer cette pratique, en élargissant la loi de 2002 dépénalisant l’euthanasie aux mineurs capables d’apprécier raisonnablement les conséquences de leur demande ? Non, nous ne le pensons pas. Où serait l’urgence ? Où serait la nécessité ? Il s’agirait juste d’une loi-symbole. Ces cas, douloureux à l’extrême, restent exceptionnels. Aujourd’hui, les médecins prennent déjà leurs responsabilités après un dialogue avec leur petit patient et ses parents. Et aucune plainte n’a jamais été enregistrée.

Déclaration commune des responsables religieux en Belgique suite au vote en Commission du Sénat Justice et Affaires Sociales élargissant l’euthanasie aux mineurs

 Le 6 novembre 2013, à titre tout à fait exceptionnel, tous les responsables religieux de Belgique déclaraient d’une seule voix, leur opposition à l’élargissement de l’euthanasie aux mineurs. Ce 27 novembre 2013, nous ne pouvons qu’exprimer notre déception et notre tristesse. Nous partageons l’angoisse de parents si un enfant arrive à une fin de vie prématurée et, particulièrement quand il souffre. Nous croyons cependant que les soins palliatifs et la sédation sont une manière digne d’accompagner un enfant qui meurt de maladie. Des médecins praticiens, oncologues ou intensivistes, nous l’ont clairement affirmé. Ecoutons-les. Nous plaidons pour un arrêt de l’acharnement thérapeutique et pour le remplacement des soins curatifs par des soins palliatifs. Nous croyons que nous n’avons pas le droit de laisser un enfant souffrir : c’est pourquoi la souffrance peut et doit être soulagée. La médecine en a les moyens.  Ne banalisons pas l’acte de donner la mort alors que nous sommes faits pour la vie. Aimer jusqu’au bout demande un immense courage. Mettre fin à la vie est un acte qui non seulement tue, mais détruit un peu plus les liens qui existent dans notre société, dans nos familles, en proie à un individualisme grandissant. Entourons et aimons les malades et leurs familles, ainsi que les soignants, et si la maladie l’emporte, qu’elle soit accompagnée de notre affection intense et par l’irréductible respect de la vie.  

Rabbin Albert Guigui,  Grand Rabbin de Bruxelles, Chanoine Robert Innes, président du Comité Central de l’Église Anglicane en Belgique, Monseigneur André-Joseph Léonard, président de la Conférence Épiscopale de Belgique, Monsieur Geert Lorein, président du Synode Fédéral des Églises Protestantes et Évangéliques de Belgique, Métropolite Panteleimon Kontogiannis, Exarque du Patriarcat Œcuménique de Constantinople (Église Orthodoxe), Monsieur Semsettin Ugurlu, président de l’Exécutif des Musulmans de Belgique

 

Exhortation Apostolique « Evangelii Gaudium » du pape François – un langage clair qui remue les consciences…

Trois extraits, pour vous donner le goût de lire le texte complet

(2) Le grand risque du monde d’aujourd’hui, avec son offre de consommation multiple et écrasante, est une tristesse individualiste qui vient du cœur bien installé et avare, de la recherche malade de plaisirs superficiels, de la conscience isolée. Quand la vie intérieure se ferme sur ses propres intérêts, il n’y a plus de place pour les autres, les pauvres n’entrent plus, on n’écoute plus la voix de Dieu, on ne jouit plus de la douce joie de son amour, l’enthousiasme de faire le bien ne palpite plus. Même les croyants courent ce risque, certain et permanent. Beaucoup y succombent et se transforment en personnes vexées, mécontentes, sans vie.

(53)On considère l’être humain en lui-même comme un bien de consommation, qu’on peut utiliser et ensuite jeter. Nous avons mis en route la culture du “déchet” qui est même promue. Il ne s’agit plus simplement du phénomène de l’exploitation et de l’oppression, mais de quelque chose de nouveau : avec l’exclusion reste touchée, dans sa racine même, l’appartenance à la société dans laquelle on vit, du moment qu’en elle on ne se situe plus dans les bas-fonds, dans la périphérie, ou sans pouvoir, mais on est dehors. Les exclus ne sont pas des ‘exploités’, mais des déchets, ‘des restes’.

(54.) Pour pouvoir soutenir un style de vie qui exclut les autres, ou pour pouvoir s’enthousiasmer avec cet idéal égoïste, on a développé une mondialisation de l’indifférence. Presque sans nous en apercevoir, nous devenons incapables d’éprouver de la compassion devant le cri de douleur des autres, nous ne pleurons plus devant le drame des autres, leur prêter attention ne nous intéresse pas, comme si tout nous était une responsabilité étrangère qui n’est pas de notre ressort. La culture du bien-être nous anesthésie et nous perdons notre calme si le marché offre quelque chose que nous n’avons pas encore acheté, tandis que toutes ces vies brisées par manque de possibilités nous semblent un simple spectacle qui ne nous trouble en aucune façon.

 

Elargissement de la loi belge sur l’euthanasie aux mineurs – Débat télévisé « Mise au Point » demain à midi (RTBF)

Chacun de nous a déjà fait cet étrange rêve – un rêve au cours duquel nous essayons désespérément de parler, sans qu’aucun son ne nous sorte de la bouche. C’est exactement l’impression que j’ai face au débat sur l’élargissement de la loi belge sur l’euthanasie. Quelques propos dans les médias et une sorte d’apathie au sein de la population: « les experts nous disent que c’est nécessaire pour éviter les souffrances des mineurs  et la plupart des partis y sont favorable – donc pourquoi s’agiter? » Même les partis opposés à la loi semblent résignés. La proximité des urnes fait en sorte que chacun veut au plus vite tourner cette page, avant qu’elle ne leur fasse perdre trop de voix. Bref, la loi passera, chacun le sens bien.

Demain, le débat télévisé dominical de « Mise au Point » (RTBF) traitera de la question. . J’aimerais que la discussion réponde à deux questions: 1. Tous les pays qui ne légisalisent pas l’euthanasie – soit presque le monde entier – sont-ils coupables de laisser souffrir inutilement? Sur la question de l’euthanasie, la Belgique s’avance bien seule en eaux profondes… Cela ne mérite-t-il pas quelques doutes? 2. Jusqu’à quelles limites s’étend la loi belge de 2002 sur l’euthanasie? Même le reportage du JT de la RTBF parle de « suicide » dans le cas de Jeanne De Ceuleneer , une dame âgée en mauvaise santé, mais non en fin de vie, souhaitant mourir, car – selon les paroles mêmes de la  présidente de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité – sa vie lui semblait devenue trop restreinte et étroite.  La condition légale de « souffrance physique ou psychique constante et insupportable » de la loi belge de 2002 semble bien avoir reçu une interprétation subjective de la part de la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie. Comme je l’écrivais dans une récente chronique parue dans le quotidien « La Libre », il ne s’agit donc plus seulement d’une législation pour personnes en fin de vie – alternative aux soins palliatifs – mais également d’un cadre légal sur le suicide médicalement assisté pour personnes qui ne souhaitent plus vivre, vu leur grand âge et/ou leur santé ou handicap.

Le Roi humilié – Dimanche du Christ-Roi, 34e dimanche, Année C

Le peuple regardait…. Les chefs ricanaient… Les soldats se moquaient… L’un des malfaiteurs suspendus à la croix l’injuriait… (Luc 23, 35-43)

L’évangéliste Luc – qui nous accompagna tout au long de cette année liturgique – insiste souvent sur les sentiments des protagonistes. En ce dernier dimanche de l’année liturgique – dimanche du Christ-Roi – il souligne ainsi l’humiliation du Christ en croix. Rien n’est épargné au Fils de l’homme : indifférence de la foule, railleries des chefs des prêtres, insultes des soldats. Même un des co-suppliciés se moque de lui. Et pourtant – au plus profond de cette noire souffrance – paraît déjà une lueur de Pâques. « Jésus, souviens-toi de moi », lui lance le bon larron. Et c’est en Roi – déjà vainqueur de la mort et du péché – que le Verbe supplicié lui répond : « Amen, je te le déclare : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis ».

Le disciple n’est pas au-dessus de son Maître : Servir pareil Roi ne nous épargnera pas humiliation et moqueries. Mais même le plus petit geste inspiré par Son Esprit, inaugure – dès à présent – un Royaume plus durable que le péché. Et la mort même.

Capitale de l’Union européenne – Et le modèle hollandais?

Ce mercredi, les parlementaires européens ont donc voté à une écrasante majorité (483 voix sur 766), une résolution demandant une révision des traités européens, afin de permettre au parlement de se choisir un siège unique. Derrière cette décision, il y a la volonté ferme et durable de l’assemblée de faire de Bruxelles – où se déroule la majorité de ses activités – son siège unique au détriment de Strasbourg – siège officiel du moment. (Signalons que la résolution fut néanmoins votée… dans la capitale alsacienne). La raison de cette volonté de changement est connue: Les douze sessions obligatoires à Strasbourg déplacent plus de 4000 personnes. Un joli ballet, qui coûte annuellement près de 200 millions d’euros au budget de l’Union. Autant dire que – outre la perte de temps et d’énergie – cela a quelque chose de profondément choquant – surtout par temps de crise économique.

Et maintenant? Avant les élections européennes de mai, la ferme résolution des parlementaires aura tout au plus un impact symbolique. Quant à une chance de voir aboutir le projet – c’est zéro. Une révision des traités requiert l’unanimité des pays membres et jamais Paris ne cèdera. Mais il y a plus: Toute personne qui connaît et aime l’Hexagone vous le confirmera: Pour que les Français, aiment l’Europe, il faut que l’Europe soit un peu française… Et personne n’a intérêt à fâcher la France avec l’Europe.

Alors, au lieu de continuer à jouer ce stérile bras de fer, essayons la créativité. Aux Pays-Bas, il y a une capitale officielle qui est Amsterdam et une capitale de fonction qui est La Haye. Pourquoi ne pas penser l’Union européenne sur un modèle quelque peu identique? De par son poids symbolique, Strasbourg – symbole de la réconciliation franco-allemande – serait reconnue comme capitale politique et diplomatique de l’Union. L’ouverture solennelle de l’année parlementaire s’y déroulerait, ainsi que la clôture de ses travaux. Le président du Conseil européen y résiderait et y recevrait avec le président de la Commission, les chefs d’états en visite. Pour le reste, le parlement, la commission et le conseil siègeraient à Bruxelles, capitale gouvernementale et administrative de l’Union. Luxembourg – ne l’oublions pas – serait confirmé comme capitale judiciaire.

Pareille adaptation limiterait le nomadisme des élus et fonctionnaires européens, sans pour autant blesser la fierté nationale de l’Hexagone. Une plus grande lisibilité des sièges européens, de meilleures conditions de travail pour élus et fonctionnaires et une économie budgétaire pour la population – voilà un bon début pour réconcilier les citoyens avec la grande idée des pères fondateurs.

Dis-moi ce que tu gagnes… et je te dirai combien tu vaux

Ce dimanche sur le plateau TV de « Revu et Corrigé » (RTBF – la « Une »), je me sentais quelque peu extraterrestre en rappelant que le salaire seul, n’avait pas à être la mesure exclusive de compétence humaine. Que parfois même, il pouvait avoir l’effet inverse. En effet, les super-salaires ont, selon moi, un effet néfaste sur le sens du leadership. Lorsque votre rémunération n’a plus rien à voir avec celle de vos employés, le risque n’est pas mince de perdre le sens du réel et de se prendre pour un demi-dieu. Les armées avec un état-major déconnecté des troupes, courent à la défaite. Une Eglise avec des responsables coupés du peuple croyant, est un bateau qui vogue à la dérive. En irait-il autrement dans le monde de l’entreprise, publique comme privée? (A ceux qui veulent poursuivre cette réflexion, je conseille de lire « L’invitation à un leadership authentique » de François-Daniel Migeon, aux éditions Eyrolles. Pour l’auteur, les trois critères sont: déployer une vocation plutôt qu’une ambition personnelle; servir ses équipes plutôt que s’en servir; se transformer soi-même plutôt que de s’imposer aux autres.)

Sur le plateau TV, je citais en exemple le président du CPAS (Centre Public d’Aide Sociale – organisme communal/municipal d’aide aux plus démunis) de Namur, Philippe Defeyt, qui accepta récemment de réduire son salaire de 20%. Sans pour autant devenir 20% moins compétent, mais sans doute quelques % plus crédible. Ceci, d’autant plus que l’homme ne s’érige pas en donneur de leçons. Il explique que ses enfants ayant tous quitté le nid, il peut se permettre de vivre avec moins d’argent – et de consacrer la différence au fonctionnement de l’organisme socialqu’il dirige. Un autre président de CPAS d’une grande ville – homme de gauche de surcroit – a taxé sa décision d’“erreur politique, voire philosophique”. Elle signifierait, en effet, que les travailleurs sociaux ne devraient pas bien gagner leur vie. Pareille remarque est exemplative d’une société où le salaire devient l’unique étalon de reconnaissance professionnelle. Bien entendu que chacun a le droit de gagner sa vie. Et que celui qui a plus de responsabilités, mérite de gagner davantage. Mais de là à critiquer un mandataire qui – en temps de crise – décide de vivre volontairement une décroissance salariale – on croit rêver. Un ami missionnaire, qui revient ces jours-ci se reposer de sa mission auprès des plus pauvres au Congo, me fait comprendre avec délicatesse qu’en Belgique nous ne nous rendons même plus compte de l’emprise de l’argent sur nos vies. A méditer. Quelqu’un a dit: « Vous ne pouvez servir deux maîtres: Dieu et l’argent »… (Matthieu 6, 24)

 

François et le troisième souffle – La Libre 19 novembre p.55

J’avais expliqué aux lecteurs attentifs de ce blog, que ma chronique d’octobre pour La Libre n’avait pas été publiée, pour cause de surcharge rédactionnelle.

Ce mardi 19 novembre, elle paraît avec quelques semaines de retard, en p.55 du quotidien. Pour la lire, cliquez sur le lien suivant: « François et le troisième souffle ».

Merci à la rédaction de « La Libre » de m’offrir cet espace d’expression.

« Cultes, laïcités et monarchie » – Colloque ULB

Ce samedi 16 novembre a eu lieu à l’ULB (Université Libre de Bruxelles) le colloque organisé par « la Pensée et les Hommes ».  Celui-ci fait suite aux deux colloques sur l’islam, auxquels les organisateurs m’avaient aimablement demandé de participer. Cette année, le sujet était: « Cultes, laïcités et monarchie ont-ils leur place dans une Belgique (con)fédérale ? »

Ci-dessous le texte de ma contribution:

 L’imagination et les hommes

Religion/Monarchie: cerveau droit et politique

Froide rationalité contre folle du logis

D’après une théorie bien connue, l’hémisphère droit de notre cerveau serait le siège de l’intelligence artistique, créative et émotive – soit de tout ce qui fait appel à l’imagination. L’hémisphère gauche, quant à lui, serait la source de l’analyse et donc du sens critique. N’étant pas neurologue, je ne me prononcerai pas sur la validité de pareille présentation scientifique. Si je l’utilise au cours de cet exposé, c’est en guise de métaphore, car force est de constater que ces deux types d’intelligence cohabitent en nous. Et que – selon les époques – la culture dominante valorise une forme d’appréhension du réel par rapport à l’autre. Ainsi, le romantisme fit l’éloge de l’imagination contre la froide raison. En cela, il réagissait aux Lumières, qui mettaient en valeur l’esprit critique contre l’emportement des émotions. De tous les philosophes de l’âge classique, Nicolas Malebranche (1638-1715)  exprima le plus nettement cette défiance envers l’imagination, en l’appelant la « folle du logis » : une « folle qui se plaît à faire la folle et à dérégler la raison humaine pour l’entraîner dans le monde de l’absence et du fantasme. »  (De la recherche de la vérité Livre II).

Une certaine filiation rationaliste se retrouve aujourd’hui chez les héritiers de la pensée des Lumières. Qu’il me soit permis ce petit clin d’œil à l’attention des aimables organisateurs du colloque de ce jour : Les émissions de morale laïque diffusées sur les antennes publiques dans notre pays, ne s’appellent pas « l’imagination et les hommes », mais bien « la pensée et les hommes » – un discret rappel que l’hémisphère gauche du cerveau ne peut se laisser dominer par son jumeau droit. De façon bien plus radicale, on rencontre parfois des libre-penseurs qui font profession de foi rationaliste comme d’autres entrent au couvent. Le culte qu’ils vouent à la raison est sans compromis. Au nom de celui-ci, ils sont hostiles à toute démarche religieuse – considérées comme le fruit de l’imaginaire infantile – et rejettent la monarchie – comme reliquat d’émotions archaïques. République et Athéisme sont pour eux les deux mamelles du Rationalisme. Pourtant, même dans leur rang, parfois le doute s’installe. Comment, en effet, expliquer que le père du positivisme scientifique, Auguste Comte (1798-1857), ait sombré dans un culte de l’Humanité si peu rationnel ? Où – a contrario – que certains libre-penseurs non dénués de sens critique, cultivent la pensée symbolique – en maçonnerie ou ailleurs ?

Ces rationalistes dogmatiques ont cependant des excuses. Tel le chat échaudé, ils réagissent à l’excès inverse. Quand l’hémisphère droit met son voisin gauche sous tutelle –  autrement dit, quand l’émotion anesthésie la raison – la folle du logis se déchaine. Des siècles de religion d’état et de monarchie de droit divin, ont souvent servi d’étouffoir au libre exercice de la raison. Et dans le grand chamboulement de la mondialisation actuelle, certains de nos contemporains postmodernes, sacrifient tout sens critique au nom de rassurantes – car totalisantes – émotions spirituelles. Avec eux, le surnaturel est une évidence qui ne souffre pas de discussion. Quand pareil fondamentalisme envahit l’espace public, la théocratie pointe le bout de son nez. Et en politique, c’est alors l’homme providentiel – couronné ou non – qui est l’unique planche de salut, face à des élus du peuple, forcément véreux.

Cerveau gauche – boussole de la politique

Les Lumières nous ont enseigné que la raison est une boussole qui veille à ce que spiritualité ne rime pas avec irrationalité. Ainsi, il ne revient pas aux théologiens de dicter aux scientifiques ce qu’ils sont supposés voir dans leurs microscopes ou télescopes. Tout l’enjeu du créationnisme se situe là. Rejeter la théorie de l’évolution au nom de sa religion, subordonne la raison critique à l’empire de l’émotion. Tout aussi déraisonnable est le slogan qui veut que « tous les élus du peuple soient pourris » et que seul le Roi soit au service de son peuple. 

Quand l’émotion domine la raison, la démocratie est dans l’impasse. Ce n’est pas par hasard que le cœur institutionnel de l’Etat de droit, s’appelle un « parlement » – soit un lieu où les élus du peuple se parlent. Or, se parler n’est possible que si l’on possède un langage commun. Un des apports majeurs de la philosophie des Lumières, est d’avoir rappelé l’héritage des anciens Grecs – soit que le seul langage capable de fonder une démocratie, est le langage de la raison. Sa grammaire logique et sa visée critique font en sorte que la raison permet à des personnes de convictions différentes de se parler sans a priori, afin de prendre ensemble une décision en vue du bien de la Cité. L’hémisphère gauche donne de voir en l’autre, non pas d’abord le « juif », le « chrétien », le «musulman », ou le « libre-penseur », mais bien le citoyen qui défend son point de vue avec des arguments accessibles à la raison.  Voilà pourquoi, en démocratie – même dans le cas aujourd’hui improbable où tous les citoyens partageraient une même conviction religieuse – aucune révélation ne peut servir de fondement constitutionnel de l’État.

 Mon petit cerveau droit m’a dit…

Si le cerveau droit ne peut étouffer le gauche, l’inverse est tout aussi vrai : Pour être raisonnable, la raison ne peut devenir totalitaire – à l’instar de ce dogmatisme rationaliste, qui rejette a priori spiritualité et monarchie – deux réalités ayant en commun de davantage se greffer sur le cerveau droit.

Non – l’analyse critique n’a pas pour vocation de se prononcer de façon péremptoire sur l’Infini et le Mystère. L’acte de foi – croyant, athée ou agnostique – transcende toute saisie conceptuelle. Une spiritualité authentique s’initie dans un saut intuitif par-dessus le domaine du constatable et de l’explicable. Prenons pour exemple la question classique de l’existence (ou non) de Dieu. Ce n’est pas la rationalité critique qui tranchera l’antique bras de fer entre croyance et athéisme. Dans les deux camps, des bataillons de champions se sont épuisés une humanité durant à dégager de bons – et souvent aussi de moins bons – arguments en faveur de leur thèse. Les vertigineuses découvertes de la science n’y changeront rien. Elles permettent tout au plus de démythologiser quelques croyances magiques, mais jamais ne démontreront que Dieu existe ou n’existe pas. La réponse est du domaine de la foi. En la matière, notre brillante raison se révèle n’être qu’un mercenaire au service de la dame de son cœur – le désir. Je m’explique: En considérant les choses du point de vue cognitif, ce qui fait la différence entre croyants et incroyants, est avant tout le désir de croire ou de ne pas croire. En chaque sceptique veille une petite voix le pressant à ne pas « se laisser avoir » par les sirènes de son imagination : « Ne te laisse donc pas prendre par tous ces marchands de merveilleux. Ce qu’ils te proposent est trop beau pour être vrai. La faiblesse humaine crée des mirages ; sois lucide et dépasse la tromperie mielleuse de pareils fantasmes ». En chaque croyant, par contre, murmure une voix candide l’invitant à s’ouvrir au Mystère : « Fais donc le pas et écoute ce que ton cœur souhaite être la réalité. C’est beau et donc c’est vrai. Pourquoi toute recherche de sens se fonderait-elle sur un non-sens? Si tu ressens au plus profond de toi un besoin de croire en un Amour fondateur, n’est-ce pas le signe que c’est là que se trouve la clef ultime de la réalité ?»  Personne ne peut prouver rationnellement que Dieu existe – ni que Dieu n’existe pas. L’acte de foi est donc une adhésion plus intuitive et émotionnelle que réflexive et critique. 

Il en va de même pour la monarchie. Si une institution apparemment aussi désuète, résiste tellement bien à l’épreuve du temps, c’est parce qu’elle colle avec la nature humaine. La monarchie est une alliance de cœur, qui place une famille au sommet de l’Etat. L’archétype de ce régime est actuellement incarné par la couronne britannique. Au Royaume-Uni, aucune pompe protocolaire n’est trop belle pour la famille royale, qui pourtant n’exerce pas la moindre once de pouvoir politique. Elle règne sur l’imagination nationale. Par équilibre, le vrai pouvoir politique est – quant à lui – symboliquement rabaissé : Downing Street, la demeure du premier-ministre, ressemble à une vulgaire maison de notaire et le chef du gouvernement n’a même pas le droit de s’asseoir quand le souverain fait son discours au parlement. Tout le monde sait bien que les Windsor et les Saxe-Cobourg sont des gens comme les autres, mais le principe monarchique investit une dynastie du poids émotionnel de représenter la nation. Ainsi, quand le couple impérial japonais s’incline devant les victimes du Tsunami, chacun sent que c’est tout le Japon qui s’agenouille devant la détresse de ses concitoyens. Essayez donc de symboliser cela avec autant de force en république… Je vous donne à parier une boîte de biscuit « choco-prince de Beukelaer » que vous n’y arriverez pas. Ceci étant dit, comme tout système, la monarchie constitutionnelle a son talon d’Achille. Un président peut tomber sans que le pays vacille, mais quand c’est la famille royale qui est mise en cause, la crise de régime n’est jamais loin. Parce qu’ils touchent à l’émotion, les symboles sont puissants, mais également explosifs. En cela aussi, spiritualité et monarchie se ressemblent…

 Cerveau droit et politique 

Considérer la spiritualité comme un produit toxique qu’il s’agit d’évacuer de l’espace publique, est suicidaire pour la santé mentale d’une population. Sans intériorité – croyante, agnostique ou athée – pas de développement humain durable. Ou, pour paraphraser l’écrivain anglais Gilbert Chesterton (1874-1936) – quand l’homme se détourne de sa quête spirituelle, c’est pour croire en n’importe quoi. Il suffit de consulter les rubriques « Madame soleil et Marabout en tous genres » dans les pages d’un toute-boîte, pour s’en convaincre. L’Etat doit donc donner sa place à la quête de sens de ses citoyens. Avec pour balises, l’ordre public et les bonnes mœurs. Celles-ci excluent du champ démocratique les sectes liberticides ou maffieuses, ainsi que les courants fondamentalistes. Pas de liberté religieuse pour les ennemis de la liberté religieuse.

Pour le financement de cette quête spirituelle, quatre pistes existent. Elles ont chacune leurs avantages et inconvénients, qu’il est préférable d’aborder sans trop d’œillères idéologiques. La première piste est celle du non-financement des cultes par les pouvoirs publics. L’utilisateur est payeur, car ce système considère que – contrairement à la culture, au sport, ou aux médias – la recherche spirituelle n’a pas à être subsidiée par la collectivité. Cette option a pour avantage de marquer, jusque dans le portefeuille, la séparation entre Etat et options philosophiques, ainsi que de responsabiliser les citoyens. L’inconvénient est que l’Etat perd ainsi une bonne part de son contrôle sur les sources de financements des cultes et philosophies. (Une des raisons pour laquelle la puissance publique subsidie la culture, le sport, ou les médias). Si quelques fortunes fondamentalistes – étrangères ou autochtones – financent généreusement les cultes pour mieux les influencer, la puissance publique ne pourra guère s’y opposer. Une deuxième piste corrige cet écueil en permettant aux cultes et philosophies reconnus de prélever un « impôt » sur leurs fidèles, afin de se financer. En Allemagne, c’est l’Etat qui prélève l’impôt au nom de l’Eglise, alors qu’en Autriche, ce sont les services d’Eglise qui s’en chargent. L’avantage de ce système est – une fois de plus – la clarté et la responsabilisation. L’inconvénient est que cela applique une logique capitaliste, soit celle des assurances – qui paie est couvert – à la spiritualité, qui par son essence invite à la gratuité. Une troisième piste est celle du « référendum spirituel ». Appliqué en Italie et – de façon moins heureuse en Espagne – ce système part du principe que l’Etat subsidie cultes et philosophies reconnus, à hauteur d’un pourcentage de l’impôt récolté (0,3% en Italie). Reste à déterminer la répartition. Pour cela, le contribuable est invité à cocher une case lors de sa déclaration d’impôt. Ce faisant, il n’indique pas son propre culte ou sa philosophie, mais bien qui il souhaite soutenir financièrement. Avec ce système, un catholique peut fort bien « voter » pour les musulmans ou les laïques, considérant que ceux-ci ont plus besoin de finances que sa propre Eglise. Ce système a l’avantage de la clarté démocratique. Le peuple « vote » pour la répartition du budget des cultes. L’Etat, lui, se contente de comptabiliser le résultat et de répartir les revenus de l’impôt en conséquence. L’inconvénient est que les cultes sont ainsi indirectement mis en concurrence, dans un monde où la concurrence est déjà omniprésente (entreprises, partis politiques, médias, …). La quatrième piste est notre système belge – hérité du concordat napoléonien. Celui-ci considère que les ministres du culte et des philosophies reconnues, exercent une sorte de « magistrature spirituelle ». Dès lors, c’est le ministère de la justice qui les rémunère. Le pouvoir des chefs de cultes et autres philosophies non-religieuses (laïques, bouddhistes) est, de la sorte, limité. Ils nomment leurs ministres et sont garants de leur orthodoxie, mais ne les financent pas. L’employeur est l’Etat. Napoléon l’avait bien compris : ceci est un moyen efficace de lutter contre la radicalisation. A tout prendre, je trouve que pareil système convient plutôt bien à la Belgique. Et ceci, malgré d’inévitables inconvénients : une déresponsabilisation des fidèles et une visibilité moindre, quant aux critères de répartition du budget.            

Penchons-nous maintenant sur la monarchie : Considérer celle-ci comme une institution surannée, est faire preuve de myopie politique. Bien sûr que la Belgique pourrait être une république, mais dans un pays aussi complexe, c’est une chance d’avoir un chef d’état avec une légitimité d’ordre symbolique. Ceci dit, le rôle constitutionnel du monarque peut évoluer. On pourrait ainsi envisager que – comme au Grand-Duché – le roi ne fonctionne plus comme branche du pouvoir législatif, par la sanction des lois. Il pourrait se contenter de les promulguer formellement en sa qualité de chef d’état. Ceci éviterait les crises de conscience. Supprimer, par contre, son rôle de médiateur à l’occasion de la formation d’un gouvernement, serait se priver d’un rouage institutionnel qui a démontré son efficacité en temps de crise.

Conclusion

Cerveau droit et cerveau gauche sont-ils frères ennemis ? La froide raison contre la folle du logis ? Bien au contraire. L’analyse critique sans intelligence émotionnelle aboutit au dogmatisme rationaliste. L’imagination coupée de toute rationalité, sombre dans le délire fondamentaliste. Si les hémisphères droit et gauche cohabitent en l’homme, c’est qu’ils sont destinés à collaborer. Dans l’individu, une raison saine va de pair avec une culture symbolique. De même, la solidité du corps social dépend de sa capacité à faire cohabiter dialectique et imaginaire, débats d’idées et sentiment d’appartenance. Ma réponse à la question de ce colloque : « Cultes, laïcités et monarchie ont-ils leur place dans une Belgique (con)fédérale ? », sera donc plus concise que mon exposé. Elle tient en un mot : « Oui ».

 

 

Les mots creux – Marianne Belgique p.27

Ci-dessous ma chronique parue dans l’hebdo Marianne-B de cette semaine p.27. Merci à la rédaction de me donner cet espace d’expression:

Tant qu’ils désignent le réel à notre intelligence, les mots sont vecteurs de sens. Mais utilisés comme arme de stigmatisation massive, les voilà qui deviennent creux. Ainsi, au temps du capitaine Dreyfus, le mot « Juif » désignait cette communauté humaine à laquelle une opinion bienpensante reprochait de ne jamais suffisamment s’intégrer. Epoque révolue ? Outre-Atlantique, à l’époque du maccarthysme, le mot « socialist » visait tous ceux que de zélés défenseurs de la liberté considéraient comme pas suffisamment de droite… à l’instar de Chaplin. Expression désormais souvent pudiquement remplacée par le mot « liberal ». Comme quoi, quand on est creux… on est creux. En Europe – par effet de balancier – il y eut le mot « réac », pour clouer au pilori les intellectuels qui osaient être trop mollement de gauche. Aujourd’hui, font surtout recette les mots « politiquement correct » et « populiste ». Quand je défends sur mon blog une opinion consensuelle, il y aura toujours un lecteur pour me reprocher d’être trop « politiquement correct ». Et les rares fois où je prends l’opinion à rebrousse-poil, voilà que ma thèse est considérée « populiste ». Entendons-nous bien – ces mots ont un sens. La dictature du politiquement correct est un risque et le populisme une dérive du populaire. Mais de là à taxer de « politiquement correct » toute pensée soft et de « populiste » toute idée hard, il y a de la marge. L’abus de langage nuit gravement aux mots. Il les transforme en slogans creux.

Crises et krachs – 33° dimanche, Année C

 « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre ». (Luc 21, 5-19)

En cette fin d’année liturgique (dimanche prochain, c’est le « Christ-Roi », dernier dimanche de l’année liturgique), les lectures parlent de fin du monde.  Mais les paroles du Christ invitent à garder la tête froide. Oui, il y aura des guerres et des catastrophes – pensons aux Philippines ravagées. Les choses les plus stables finiront pas s’écrouler – des empires s’écroulent et des krachs boursiers ruinent les banques. Cela ne doit pourtant pas nous presser à suivre tous les illuminés qui annoncent une fin du monde imminente : « Ne vous effrayez pas : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas tout de suite la fin ». Quant aux persécutions – même de la part de proches – Jésus ajoute : « Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu.».    

Oui, la vie est courte et fragile. A chaque génération ses guerres, tragédies et catastrophes. Une seule chose est durable et permanente : «C’est par votre persévérance que vous aurez la vie ».