LE PAPE S’ENTRETIENT AVEC LES JOURNALISTES (source: Vatican Information Service)

Cité du Vatican, le 27 mai 2014 (VIS). Dans l’avion le reconduisant hier soir à Rome, le Saint -Père s’est entretenu pendant près de trois quart d’heure avec les journalistes ayant suivi sont pèlerinage en Terre Sainte. Voici les réponses correspondantes du Pape François:

Invitation adressée aux Présidents palestinien et israélien:

Nous y avons pensé spontanément au cours du voyage, même si c’était une proposition délicate à cause des nombreuses questions logistiques liées à la situation régionale. Mais j’espère que cette rencontre, qui est destinée à prier et non à négocier, se déroulera bien, qu’elle aidera à avancer, chacun rentrant chez lui pour parler, l’un avec un rabbin, l’autre avec un imam.

Que faire à Jérusalem pour enraciner une paix stable et durable?:

L’Eglise catholique a une position du point de vue religieux, faire de Jérusalem la ville de la paix et des trois religions. Mais les mesures concrètes pour la paix doit venir de négociations politiques. Sur les positions relatives au statut politique, capitale ou non de l’Etat, je ne suis pas compétent pour dire ce qui est juste. Le faire serait folie de ma part, même si je pense qu’il faut négocier honnêtement, fraternellement, en confiance. Il faut du courage pour faire cela et je prie beaucoup pour les dirigeants qui doivent avancer sur le chemin de la paix. Je peux seulement dire ce que l’Eglise ne cesse de dire: Nous voyons Jérusalem comme la capitale de trois religions, comme une ville sainte, une ville de la paix.

Contre les abus sexuels sur mineurs:

Il y a actuellement trois évêques mis en question, dont un est déjà condamné. Il n’y aura pas de traitement privilégié… Commettre ce crime…c’est trahir le corps du Seigneur. Au lieu de guider ces enfants à la sainteté, ces prêtres les violent et compromettent ainsi leur vie entière. C’est très grave… Je compare cela à une messe noire. La semaine prochaine, le 6 ou le 7 juin, je célébrerai une messe en présence de victimes. Je m’entretiendrai ensuite avec eux à Santa Marta, puis une réunion avec eux…en présence du Cardinal O’Malley. Nous devons aller de l’avant. Tolérance zéro!

Une Eglise pauvre, simple et austère face aux scandales du Vatican:

Jésus a lui-même dit à ses disciples que les scandales étaient inévitables, parce que nous sommes tous pécheurs. Des scandales, il y en aura toujours. L’important est d’essayer d’en éviter de nouveaux. En tout l’honnêteté de la gestion économique et la transparence sont nécessaires. Les deux commissions qui ont étudié la situation du I.O.R. ont déposé leurs conclusions. Maintenant le ministère de l’économie dirigé par le Cardinal Pell va engager les réformes qui s’imposent… Par exemple au I.O.R. ont été fermés 1.600 comptes de personnes qui n’avaient pas le droit d’en détenir. La fonction du I.O.R. est d’aider l’Eglise. Seuls peuvent y disposer d’un compte les évêques, les diocèses, les employés, les conjoints survivants… Sur la question des 15 millions d’Euro, je peux seulement dire qu’il y a une enquête.

Elections européennes et danger du populisme:

Ces jours-ci j’ai surtout prié…. Je ne comprend pas tout du débat européen. Mais il y a un mot-clé à tout cela: Le chômage. La situation est très grave et au risque de simplifier je dirais que nous sommes dans un système économique complexe qui place l’argent et non l’homme au coeur de tout. Un système économique digne doit remettre l’homme au centre…tandis que le système actuel provoque des rejets… Les personnes âgées sont écartées, ainsi que les jeunes générations. Ce qui explique la chute des naissances en Europe… Cette culture de rejet est très grave. Notre système économique est inhumain.

Célibat obligatoire catholique et exemple de l’Eglise orthodoxe:

L’Eglise catholique a des prêtres mariés, chez les catholiques de rites orientaux. Pourquoi ne pas débattre de ce qui n’est pas un dogme mais une règle de vie, que personnellement j’apprécie comme don fait à l’Eglise. N’étant pas un dogme, la porte est ouverte au débat. Etant un point secondaire, nous n’avons pas discuté avec le Patriarche Barthélémy. Nous avons parlé de l’unité que nous devons bâtir en marcher ensemble, en priant ensemble, en travaillant ensemble.

A la rencontre des chrétiens d’Asie:

– En ce qui concerne l’Asie, deux voyages sont programmés: En Corée du Sud pour un rassemblement des jeunes chrétiens d’Asie. Puis en janvier prochain un voyage de deux jours au Sri Lanka et aux Philippines, dans les régions récemment dévastées par un typhon… Le problème du manque de liberté religieuse n’est pas limité à certains pays asiatiques… La liberté religieuse est assurée normalement dans beaucoup de pays tandis que d’autres prennent des mesures se terminant en une véritable persécution. Il y a des pays où il est interdit de porter une croix, de lire la Bible, d’enseigner le catéchisme aux enfants. Il y a des martyrs, catholiques et non catholiques… Je pense qu’il y a probablement plus de martyrs aujourd’hui que durant les premiers temps de l’Eglise.

Vers une Papauté émérite?:

Je ferai ce que le Seigneur me dira de faire. En priant on recherche la volonté de Dieu. Je pense que Benoît XVI ne restera pas un cas unique… Il y a 70 ans il n’y avait pas d’évêques émérites. Maintenant il y en a beaucoup. Qu’en sera-t-il d’une Eglise avec des Papes émérites? L’institution devrait envisager ce statut… Dieu pourvoira. Cette porte est ouverte et j’estime que si l’Evêque de Rome sent ses forces l’abandonner il devra se poser les mêmes questions que le Pape Benoît.

Béatification prochaine de Pie XII?:

La cause de Pie XII est introduite. Mais aucun miracle n’a été signalé, qui serait nécessaire pour aller de l’avant. Sans miracle on ne peut faire avancer la cause.

Les attentes du prochain Synode des évêques:

Cette rencontre au Vatican sera une réunion de prière…un synode sur la famille, ses problèmes et ses vertus, sa situation actuelle. Le rapport du Cardinal Kasper a mis en avant les qualités de la famille, son aspect théologique, les problèmes familiaux, la question pastorale que pose la séparation, l’annulation du mariage, le problème de la communion aux divorcés remariés… Je n’aime pas beaucoup ceux qui, même dans l’Eglise, parlent de la communion aux divorcés comme si tout se réduisait à la casuistique. Il y a une crise de la famille et une crise du mariage. Les jeunes ne veulent pas se marier et préfèrent vivre ensemble non mariés… La question est très vaste et il convient de la clarifier… Le Pape Benoît XVI a dit par trois fois…qu’il fallait étudier tout recours en annulation avec foi…. Les divorcés ne sont pas étrangers. Or ils sont souvent traités comme s’ils l’étaient.

Qu’en est-il de la réforme de la Curie Romaine?:

Le premier obstacle c’est moi!… Le Conseil des huit Cardinaux est chargé d’étudier l’ensemble du système Vatican pour revoir la constitution Pastor Bonus sur la Curie Romaine. Un des points clef est la question économique… Il faut aussi regrouper des dicastères et repenser leur organisation…. Les obstacles rencontrés sont normaux, comme dans tout processus. Il faut dégager la voie et beaucoup oeuvrer de persuasion. Certes, certaines personnes n’en sont pas convaincues, ce qui est classique en l’occurrence. Pour ma part, je suis satisfait.

Nous sommes tous des Juifs de Belgique

Geste de fanatique isolé ? Acte terroriste ? Tentative de déstabilisation à la veille d’un triple scrutin capital pour notre petit pays, situé au cœur de l’Europe ? A l’enquête de faire la lumière sur ces questions. En attendant, comment ne pas se prendre la tête de stupeur, suite à l’attentat de cet après-midi au musée juif de Bruxelles ? A l’heure où le Pape prêche la paix au Proche-Orient – accompagné de deux compatriotes argentins : un rabbin et un professeur musulman – c’est une violence aveugle qui frappe à nos portes. Et elle touche une communauté de citoyens qui se distingue par son sens – bien belge – du dialogue entre communautés. Durant mon mandat de porte-parole des évêques de Belgique, combien de fois la communauté juive n’a-t-elle pas pris l’initiative de gestes d’amitié et de bonne volonté à l’égard des catholiques de ce pays ? Je me souviens – après les paroles négationnistes de l’évêque traditionaliste Williamson – de l’accolade entre le Cardinal Danneels et le Grand Rabbin Guigui devant les caméras de télévision. Je me souviens de la fraternelle mise à l’honneur du même Cardinal, puis de son successeur Mgr Léonard, à la Grande Synagogue de Bruxelles. Et combien de fois cette main tendue ne se tourna-t-elle pas également vers toutes les autres communautés philosophiques du pays ? La communauté juive de Belgique est un acteur particulièrement engagé dans le dialogue interreligieux et interconvictionnel.

Ce soir, nos pensées et prières vont d’abord vers les victimes et leurs familles. Et nos marques de soutien s’adressent à tous nos compatriotes juifs. Cependant – il faut le redire avec force : Par cette tuerie, ce n’est pas qu’une communauté particulière qui a été visée, mais bien chacun de nous dans nos valeurs démocratiques les plus sacrées. Puissions-nous répondre au défi qui nous est lancé dans la dignité, en commençant par remplir demain notre devoir de citoyen avec conscience et sérieux. Puissions-nous ensuite réagir à cet acte visant à semer la peur et la division, par un sens citoyen renforcé. Ce soir, nous sommes tous des Juifs de Belgique.

Nous sommes tous des Juifs de Belgique

Geste de fanatique isolé ? Acte terroriste ? Tentative de déstabilisation à la veille d’un triple scrutin capital pour notre pays au cœur de l’Europe ? A l’enquête de faire la lumière sur ces questions. En attendant, comment ne pas se prendre la tête de stupeur, suite à l’attentat de cet après-midi au musée juif de Bruxelles ? A l’heure où le Pape prêche la paix au Proche-Orient – accompagné de deux compatriotes argentins : un rabbin et un professeur musulman – c’est une violence aveugle qui frappe à nos portes. Et elle touche une communauté de citoyens qui se distingue par son sens – bien belge – du dialogue entre communautés. Durant mon mandat de porte-parole des évêques de Belgique, combien de fois la communauté juive n’a-t-elle pas pris l’initiative de gestes d’amitié et de bonne volonté à l’égard des catholiques de ce pays ? Je me souviens – après les paroles négationnistes de l’évêque traditionaliste Williamson – de l’accolade entre le Cardinal Danneels et le Grand Rabbin Guigui devant les caméras de télévision. Je me souviens de la fraternelle mise à l’honneur du même Cardinal, puis de son successeur Mgr Léonard, à la Grande Synagogue de Bruxelles. Et combien de fois cette main tendue ne se tourna-t-elle pas également vers toutes les autres communautés philosophiques du pays ? La communauté juive de Belgique est un des acteurs les plus actifs du dialogue interreligieux et interconvictionnel.

Ce soir, nos pensées et prières vont d’abord vers les victimes et leurs familles. Et nos marques de soutien s’adressent à tous nos compatriotes juifs. Cependant – il faut le redire avec force : Par cette tuerie, ce n’est pas qu’une communauté particulière qui a été visée, mais bien chacun de nous dans nos valeurs démocratiques les plus sacrées. Puissions-nous répondre au défi qui nous est lancé dans la dignité, en commençant par remplir demain notre devoir de citoyen avec conscience et sérieux. Puissions-nous ensuite réagir à cet acte visant à semer la peur et la division, par un sens citoyen renforcé. Ce soir, nous sommes tous des Juifs de Belgique.

« L’Esprit de vérité » – 6° dimanche de Pâques, Année A

« Le monde est incapable de Le recevoir, parce qu’il ne Le voit pas et ne Le connaît pas ; mais vous, vous Le connaissez, parce qu’Il demeure auprès de vous et qu’Il est en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins.» (Jean 14, 15-21)

Ce dimanche, nous sommes appelés aux urnes, pour un scrutin déterminant pour notre Région, l’Etat fédéral et l’Union Européenne. Un chrétien se doit de prendre au sérieux son devoir de citoyen et aller voter en âme et conscience. Il n’est pas vrai que « voter ne sert à rien ». Ceux qui ont goûté à la dictature en savent quelque chose.

Si la politique est importante, elle n’est pourtant pas toute-puissante. En effet, la recherche laborieuse du bien commun, n’apporte pas le salut. Un politicien peut promettre une vie meilleure, mais pas la paix de l’âme. Ceci est de l’ordre de l’Esprit – un Don que le Christ fait à ceux qui le Lui demandent. La vie de baptisé n’est pas brodée de promesses électorales. D’ailleurs, les chrétiens ne souffrent pas moins que les autres et Jésus, lui-même, a fini sa vie humaine sur une Croix. Non – le Sauveur ne promet qu’une chose : l’Esprit de vérité. Qui accueille l’Esprit, n’est plus orphelin. Même au cœur de la détresse la plus noire, il goûte à une Présence d’amour infini. 

Le politiquement correct : osons ! – La Libre 20 mai p.55

Ce mardi 20 mai – à quelques jours des élections – ma chronique du mois est parue dans le quotidien « La Libre » en p.55. Pour lire cette chronique, cliquez sur le lien suivant: « Le politiquement correct : osons ! ». 

Merci à la rédaction de « La Libre » de m’offrir cet espace d’expression.

 

 


« Le miroir et l’icône » – 5° dimanche de Pâques, Année A

« Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie… Qui Me voit, voit le Père »(Jean 14, 1-12)

Nous ressemblons tous un peu à la belle-mère de Blanche-Neige, obsédés par notre image (notre look, disent les jeunes) : « Miroir, miroir – dis-moi si je suis le plus beau, la plus belle ? » Chercher à se rassurer en comblant notre besoin narcissique de plaire, est un des puissants ressorts de la société de consommation. Les publicités jouent à fond sur ce mécanisme : « Portez ces vêtements de marque… Roulez avec telle voiture… Votre look en sera amélioré. » Si nous n’y prenons garde, même Dieu en est réduit à devenir un miroir idéalisé. Les catholiques conservateurs prient un Dieu de l’ordre établi.  Les chrétiens progressistes invoquent un Jésus guérillero. Bref, dans les deux cas, une image du divin qui renforce les besoins narcissiques.

Le Christ, Lui, invite à une conversion – une renversement des perspectives. Si nous croisons Son regard en Esprit et Vérité, nous n’y verrons pas un miroir, mais une icône: « Qui Me voit, voit le Père ». Accepter de cheminer sous ce Regard de feu, c’est se décentrer de ses petites certitudes narcissiques, pour se recentrer sur notre Vérité profonde – celle d’enfant du Père. Et naître à la vie spirituelle : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ». 

Dieu a-t-il créé le mal?

Un ami m’envoie le texte suivant. Je ne suis pas persuadé de l’historicité de l’anecdote (on ne prête qu’aux riches), mais la réflexion sous-jacente est pleinement pertinente.

Un professeur universitaire défia ses élèves avec cette question: « Est-ce que Dieu a créé tout ce qui existe?». Un étudiant répondit bravement: – Oui, Il l’a fait! Le professeur dit: «Dieu a tout créé?». – Oui, Monsieur, répliqua l’étudiant. Le professeur répondit: « Si Dieu a tout créé, Il a donc aussi créé le mal puisque le mal existe et selon le principe de nos travaux qui définissent ce que nous sommes, alors Dieu est mauvais ». L’étudiant fut silencieux devant une telle réponse. Le professeur était tout à fait heureux de lui-même et il se vantait devant les étudiants d’avoir su prouver encore une fois que la foi en un dieu était un mythe.
Un autre étudiant leva sa main et dit: «Puis-je vous poser une question professeur?».- Bien sûr, répondit le professeur. L’étudiant répliqua, «Professeur, le froid existe-t-il?». – Quel genre de question est-ce cela? Bien sûr qu’il existe. Vous n’avez jamais eu froid? dit le professeur.
Le jeune homme dit, «En fait monsieur, le froid n’existe pas. Selon la loi de physique, ce que nous considérons être le froid est en réalité l’absence de chaleur.
Tout individu ou tout objet possède ou transmet de l’énergie. La chaleur est produite par un corps ou par une matière
qui transmet de l’énergie. Le zéro absolu (-460°F) est l’absence totale de chaleur; toute la matière devient inerte et incapable de réagir à cette température. Le froid n’existe pas. Nous avons créé ce mot pour décrire ce que nous ressentons si nous n’avons aucune chaleur.»
L’étudiant continua. «Professeur, l’obscurité existe-t-elle?». Le professeur répondit: – Bien sûr qu’elle existe! L’étudiant: «Vous avez encore tort Monsieur, l’obscurité n’existe pas non plus.
L’obscurité est en réalité l’absence de lumière. Nous pouvons étudier la lumière, mais pas l’obscurité. En fait, nous pouvons utiliser le prisme de Newton pour fragmenter la lumière blanche en plusieurs couleurs et étudier les diverses longueurs d’onde de chaque couleur.
Vous ne pouvez pas mesurer l’obscurité. Un simple rayon de lumière peut faire irruption dans un monde d’obscurité et l’illuminer. Comment pouvez-vous savoir l’espace qu’occupe l’obscurité? Vous mesurez la quantité de lumière présente. N’est-ce pas vrai? L’obscurité est un terme utilisé par l’homme pour décrire ce qui arrive quand il n’y a pas de lumière».
Finalement, le jeune homme demanda au professeur, «Monsieur, le mal existe-t-il»? Maintenant incertain, le professeur répondit: – Bien sûr, comme je l’ai déjà dit. Nous le voyons chaque jour. C’est dans les exemples quotidiens de l’inhumanité de l’homme envers l’homme. C’est dans la multitude des crimes et des violences partout dans le monde. Ces manifestations ne sont rien d’autre que du mal!
L’étudiant répondit, « le Mal n’existe pas Monsieur, ou au moins il n’existe pas de lui-même. Le Mal est simplement l’absence de foi en Dieu. Il est comme l’obscurité et le froid, un mot que l’homme a créé pour décrire l’absence de foi en Dieu. Dieu n’a pas créé le mal. Le Mal n’est pas comme la foi, ou l’AMOUR qui existe tout comme la LUMIÈRE et la chaleur. Le Mal est le résultat de ce qui arrive quand l’homme n’a pas l’AMOUR de Dieu dans son coeur. Il est comme le froid qui vient quand il n’y a aucune chaleur ou l’obscurité qui vient quand il n’y a aucune LUMIÈRE. »
Le professeur s’assit, abasourdi d’une telle réponse. Le nom du jeune étudiant ?
Albert Einstein.

 

 

Le Philosophe et le Politicien : L’avenir est au soft power

Ce samedi, le philosophe Michel Serres, donnait une interview dans les colonnes du quotidien bruxellois « La Libre » (pp.50-51). A la question : « Alors, on a le retour des religions? », ce vieux penseur du XXIe siècle répondit à contre-courant: « C’est vrai qu’il y a un retour aux intégrismes, corollaire à la chute des autres appartenances (partis, etc.). Des intégrismes restés très antiques. Mais la papauté m’intéresse depuis quelques années. Voilà l’émergence d’un pouvoir “doux”, sans armée ni force économi­que, sans puissance temporelle (comme Merkel ou Obama) et, pourtant, c’est Jean­-Paul II qui a damé le pion à Mos­cou. Il ne s’agit pas de juger ici du bon ou du mauvais, mais d’évoquer l’émergence de ce pouvoir “doux”. Si j’étais jeune et ambitieux, je choisirais d’être pape plutôt que président des Etats-Unis. » Par-delà de la boutade, Michel Serres affirme donc que le soft power ou « pouvoir doux » a l’avenir devant lui…

Ce lundi, une anecdote m’a fait repenser à l’affirmation du philosophe. Je passais « place Cathédrale » à Liège, quand m’apparut la silhouette familière d’un de nos politiciens de premier plan. Bien que nullement Liégeois, il semblait battre la campagne en Cité Ardente. Comme il était seul, je le saluai. Privilège d’avoir jadis été quelque peu médiatisé en tant que porte-parole des évêques, l’homme me reconnut et se lança dans un discours chaleureux : « Vous savez bien que je suis laïque, mais cela ne m’empêche pas de respecter le rôle des religions. Je surprends souvent mes collègues, en leur disant que Mgr Léonard est dans son rôle quand il rappelle certaines choses – et puis – (ajouta-t-il comme en confidence) plus d’une  fois, il n’a pas tort ». Je sais bien qu’un politicien en campagne manie la bienveillance avec plus de facilité que d’ordinaire. Cependant, il n’y avait aucun témoin à notre échange. Et l’homme, connu pour son intelligence, avait dès les premiers mots sous-entendu qu’il pensait ne pas me compter parmi ses électeurs. Je pense donc que cette confidence allait dans le même sens que Michel Serres. Bien sûr que le monde a besoin d’une Europe forte face à la crise Ukrainienne et à la déstabilisation du Sahel. Mais un corps puissant sans âme, reste une masse inerte. Il faut donc surtout une âme à l’Europe. Non pas tissée d’intégrisme ou de fondamentalisme. Mais bien de profondeur et de hauteur. Bref – comme l’énonçait Michel Serres – un soft power constitué de spiritualités authentiques, dont le christianisme. Ceux qui jadis proclamaient la mort de Dieu, se sont apparemment trompés d’avenir.  

 

« Une voix connue » – 4° dimanche de Pâques, Année A

« Il marche à leur tête et elles Le suivent, car elles connaissent Sa voix »(Jean 10, 1-10)

C’est une expérience que font des professeurs, les éducateurs, les hommes et femmes consacrés, les prêtres… et les parents. Un jeune que l’on a connu démuni à l’enfance et rebelle à l’adolescence, nous confie – devenu adulte : « Tu sais, sans toi je ne serais pas celui que je suis. Tu as été là quand j’avais besoin de toi ». Alors, une immense fierté et gratitude nous envahit, car nous comprenons que nous avons été berger.

Le Christ est le Berger du chemin qui mène vers le Père: « Il marche à la tête du troupeau et ses brebis Le suivent, car elles connaissent Sa voix ». J’ai compris cette parole, il y a une vingtaine d’années. Je faisais une marche dans les Causses – la région la plus désertique de France. Là ne poussent que des cailloux et des chardons. Je vis par une brûlante journée, ce vieux petit berger avec un vieux petit chien et un maigre troupeau. Le troupeau s’approcha et j’entendis que – de sa voix rauque – il appelait chacune des brebis par son nom. Et celles-ci reconnaissaient sa voix. Ainsi le Christ : Il appelle chacun par son nom. Heureux celui qui reconnaît Sa voix. Il est le bon berger. 

En ce dimanche des vocations, prions pour que – aujourd’hui encore – des jeunes entendent la voix du bon Pasteur et se mettent à sa suite.  Afin de devenir bergers à leur tour pour leurs frères. Comme époux et parents pour la plupart. Par un célibat généreux pour d’autres. Comme prêtres, religieux ou religieuses pour certains. Autant de chemins de sainteté différents à la suite de l’unique Pasteur. 

« Le Dieu qui marche » – 3° dimanche de Pâques, Année A

« Or, tandis qu’ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s’approcha, et Il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient aveuglés, et ils ne le reconnaissaient pas. » (Luc 24, 13-35)

 Ce dimanche à Liège, c’est l’Urban Tour, une grande marche pédestre à travers les rues de la ville. La marche est une des plus anciennes activités de l’homme. En effet, c’est quand nos lointains ancêtres hominidés ont commencé à se redresser et à marcher sur leur deux jambes, que le cerveau humain s’est développé.

Durant sa vie publique, Jésus marcha beaucoup avec Ses disciples. Et une fois encore, sur le chemin d’Emmaüs, le Ressuscité marche pour rejoindre deux d’entre eux. Ceux-ci – aveuglés de tristesse – ne Le reconnaissent pas. Pas à pas, le Vivant va réchauffer leur cœur et ranimer leur foi. Quand ils Le reconnaîtront enfin – Jésus se dérobera à leurs yeux pour les renvoyer vers les autres membres de l’Eglise.

Tout au long de ce mois de mai, des enfants feront leur Première Communion et Profession de foi dans notre Unité Pastorale. Prions pour ces chrétiens en herbe. Le Christ marche avec eux le long des chemins de leur jeune vie. Puissent-ils Le reconnaître chaque jour davantage, pour pouvoir proclamer comme les disciples d’Emmaüs : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’Il nous parlait sur la route, et qu’Il nous faisait comprendre les Ecritures ? »