« La joie de l’Evangile » – 3e dimanche de l’Avent, Année A

« Cependant, le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui. » (Matthieu 11, 2-11)

 

Le troisième dimanche de l’Avent, est surnommé Gaudete – ce qui signifie en latin « dimanche de la joie ». Dans sa récente exhortation apostolique « la joie de l’Evangile », le Pape enseigne : « (1) La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. (…). (2) Le grand risque du monde d’aujourd’hui, avec son offre de consommation multiple et écrasante, est une tristesse individualiste qui vient du cœur bien installé et avare, de la recherche malade de plaisirs superficiels, de la conscience isolée. Quand la vie intérieure se ferme sur ses propres intérêts, il n’y a plus de place pour les autres, les pauvres n’entrent plus, on n’écoute plus la voix de Dieu, on ne jouit plus de la douce joie de son amour, l’enthousiasme de faire le bien ne palpite plus. Même les croyants courent ce risque, certain et permanent. Beaucoup y succombent et se transforment en personnes vexées, mécontentes, sans vie. Ce n’est pas le choix d’une vie digne et pleine, ce n’est pas le désir de Dieu pour nous, ce n’est pas la vie dans l’Esprit qui jaillit du cœur du Christ ressuscité ».

C’est à cette joie – offerte aux plus petits dans le Royaume des cieux – que Jésus invite le Baptiste enfermé dans sa prison : « les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés… »  C’est également à pareille joie que nous sommes conviés. Joie qui nous invite à être doublement généreux, au cours de la collecte de solidarité de l’Avent.

Madiba: heureux les artisans de paix – La Libre 10 décembre p.55

Ce mardi 10 décembre, est parue dans le quotidien « La Libre » en p.55 une chronique spéciale à la mémoire de Nelson Mandela. Pour la lire, cliquez sur le lien suivant: « Madiba: heureux les artisans de paix ».

Merci à la rédaction de « La Libre » de m’offrir cet espace d’expression.


Euro-créativité – Marianne Belgique p.11

Ci-dessous ma chronique parue dans l’hebdo Marianne-B de cette semaine p.11. Merci à la rédaction de me donner cet espace d’expression:

Jadis construction politique pionnière, jetant des ponts au cœur d’un continent ruiné par deux guerres mondiales, l’Union européenne semble en panne de créativité.  Ainsi, son Ostpolitik.  Alors qu’à Kiev gronde l’émeute, la diplomatie européenne semble incapable de faire comprendre à Moscou que – plutôt qu’une menace – l’Union est un possible allié. Ainsi encore, sa querelle des capitales. Ce 20 novembre, une résolution du parlement européen demanda que Bruxelles devienne son siège unique, au détriment de Strasbourg – histoire de mettre fin au ballet d’eurocrates, coûtant annuellement 200 millions d’euros au budget de l’Union. Mais voilà : Une révision des traités requiert l’unanimité et jamais Paris ne cèdera. Et puis surtout : Pour que les Français aiment l’Europe, il faut que l’Europe soit un peu française. Alors, pourquoi ne pas innover ? Ce qui est possible aux Pays-Bas – avec Amsterdam comme capitale officielle et La Haye comme capitale de fonction – ne le serait-il pas dans l’Union ? Strasbourg – symbole de la réconciliation franco-allemande – deviendrait capitale politique et diplomatique et Bruxelles, capitale gouvernementale et administrative. Dans la première, l’ouverture solennelle de l’année parlementaire et les visites de chefs d’Etats auprès des présidents du Conseil européen et de la Commission. Dans la seconde, travail quotidien du Parlement, de la Commission et du Conseil. Quant à Luxembourg, il serait confirmé comme capitale judiciaire. Ce n’est qu’une idée. L’important est de retrouver l’élan créatif qui animait les pères fondateurs de l’Europe.

Immaculée Conception de Marie

L’ange Gabriel entra et lui dit: « Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. »  (Luc 1, 28)

(sur Aleteia.org) Comme le veut la tradition, ce 8 décembre 2013, le Pape s’est rendu Place d’Espagne, à l’occasion de l’Immaculée Conception (qui sera cependant fêtée officiellement dans l’Eglise le 9 décembre, le 8 tombant cette année le deuxième dimanche de l’Avent). Au pied de la statue de la Vierge et en présence de milliers de fidèles, il a récité une prière, inspirée du « Tota Pulchra Es », un très ancien hymne en l’honneur de l’Immaculée Conception.

Voici le texte intégral de la prière du Pape :
 
Vierge Sainte et Immaculée,
Vers Toi, qui est l’honneur de notre peuple
Et la gardienne prévenante de notre ville,
Nous nous tournons  avec confiance et amour.
 
Tu es Toute Belle, ô Marie !
Le péché n’est pas en Toi.
 
Renouvelle en nous tous le désir de la sainteté :
Que la splendeur de la vérité resplendisse dans nos paroles,
Que le chant de la charité retentisse dans nos œuvres,
Que la pureté et la chasteté habitent dans notre corps et notre cœur,
Que toute la beauté de l’Evangile soit rendue présente dans notre vie.
 
Tu es toute belle, ô Marie !
Le Verbe de Dieu en toi s’est fait chair.
 
Aide-nous à rester à l’écoute attentive de la voix du Seigneur :
Que le cri des pauvres ne nous laisse jamais indifférent,
Que nous ne nous détournions pas de la souffrance des malades et des nécessiteux,
Que la solitude des personnes âgées et la fragilité des enfants nous émeuvent,
Que chaque vie humaine soit toujours aimée et vénérée par tous
 
Tu es toute belle, ô Marie !
En toi se trouve la joie pleine de la vie bienheureuse avec Dieu.
 
Fais que nous n’oublions pas la signification de notre pèlerinage terrestre :
Que la douce lumière de la foi illumine nos jours,
Que la force consolante de l’espérance oriente nos pas,
Que la chaleur contagieuse de l’amour anime notre cœur,
Que nos yeux à tous restent bien fixés là, en Dieu, où se trouve la vraie joie.
 
Tu es toute belle, ô Marie !
 
Ecoute notre prière, exauce notre supplique :
Soi en nous la beauté de l’amour miséricordieux de Dieu en Jésus,
Sois cette beauté divine qui nous sauve nous, notre ville, le monde entier.
Amen.

« Casser la voix » – 2e dimanche de l’Avent, Année A

« A travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur » (Marc 3, 1-12)

Jean-Baptiste est le compagnon des 2e et 3e dimanches de l’Avent. Habillé d’une tunique de chameau, d’une voix rauque il crie dans le désert : « Préparez le chemin du Seigneur ! » Gare aux bienpensants qui objectent qu’un boulevard est déjà prêt :  « Nous avons Abraham pour père », ou encore « Nous sommes de bons chrétiens ». Ceux-là se feront traiter « d’engeance de vipères ».  Le temps de l’Avent n’est pas celui de la bonne conscience, mais bien de l’examen de conscience : Quels fruits spirituels produisons-nous ? Dans le désert de nos villes et de nos vies, une voix crie à s’en casser la voix.  Préparons donc les chemins du Seigneur, afin d’accueillir l’Enfant de la crèche. Lui – « baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu ».

Père de la nation…

Il existe une gradation dans le nom que la mémoire collective donne à un chef d’état défunt. La plupart laissent quelques lignes dans l’histoire, avec la mention de leur année de naissance et de décès. Ce sont les « hommes politiques ».
Certains gravent plus profondément leur nom dans l’histoire, car ils ont marqué leur époque avec leurs forces et faiblesses. La mémoire collective les appelle alors « hommes d’état ». Ainsi – Paul-Henry Spaak et Wilfried Martens, Georges Pomidou et François Mitterand, Roosevelt et Kennedy, Lloyd George et Margareth Thatcher…
Et puis, il y a ces figures rares et exceptionnelles qui se forgent un destin et changent le cours de l’histoire. Ce sont soit des étoiles noires qui – tels Hitler – laissent derrière eux la désolation, soit des chefs qui – avec leurs inévitables limites humaines – créent un avenir digne de l’homme. A cette race appartiennent les Lincoln, Churchill, Gandhi et de Gaulle. On les appelle « pères de la nation ».

Nelson Mandela – Madiba pour toute l’Afrique – est de ceux-là. Si de son vivant déjà, il est devenu une icône, c’est – bien sûr – parce qu’il a vaincu l’Apartheid. Mais davantage encore parce qu’il fit de façon éclatante la preuve qu’une parole d’Evangile – apparemment inhumaine – pouvait devenir un projet politique: « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent. » (Matthieu 5, 44)    

Reposez en paix, Madiba et queNkosi Sikelel’ iAfrika’ (« Que le Seigneur bénisse l’Afrique » en langue xhosa, la langue maternelle de Mandela)

 

 

Blog: bilan du mois de novembre

Ce blog a été ouvert le 11 mars 2011. En mars, il recevait 1467 visites et 2383 pages avaient été vues. Du 3 avril au 3 mai, il recevait 3689 visites et 5483 pages étaient visionnées ; du 1er mai au 31 mai 3322 visites et 5626 pages visionnées. Du 1er juin au 31 juin, le blog a reçu 3464 visites et 5721 pages furent visionnées. La fréquentation baissa durant les vacances, car le blog – aussi – pris du repos. Pour le mois de septembre 4423 visites sont enregistrées et 6683 pages sont visionnées. En octobre, il y eut 3027 visites pour 4689 pages visionnées. En novembre, il y eut 2679 visites pour 3915 pages visionnées. En décembre, 3203 visites pour 4754 pages visionnées. En janvier, 3143 visites pour 4815 pages visionnées. En février, cela donne 3709 visites pour 5501 pages visionnées. En mars, il y eut 3592 visites et 5530 pages visitées. En avril, il y eut 4063 visites pour 6280 pages visitées. En mai, il y eut 4895 visites pour 8100 pages vues. En mai, il y eut 4499 visites pour 5395 pages vues. Je n’ai pas reçu les chiffres de juin. En juillet,  3502 visites pour 4158 pages vues. En août: 3213 visites pour 5059 pages vues. En septembre: 5624 visites pour 8773 pages vues. En octobre 3268 visites pour 5337 pages vues. En novembre 3467 visites pour 5777 pages vues. En décembre 3018 visites pour 4411 pages vues. En janvier 3891 visites pour 5419 pages vues. En février 3736 visites pour 5724 pages vues. En mars 5198 visites pour 7740 pages vues. En avril 4415 visites pour 6323 pages vues. En mai 6693 visites pour 9284 pages vues. En juin, 4236 visites pour 6339 pages vues. En juillet, 3316 visites pour  4477 pages vues. Pour août, je n’ai pas reçu de données. En septembre 3820 visites pour 4386 pages vues.  En octobre 3299 visites pour 5172 pages vues. En novembre 3982 visites pour 6103 pages vues

Le lectorat belge compte 3423 visites. La France suit avec 304 visites et les Pays-Bas avec 30 visites.

L’article le plus fréquenté fut « Elargissement de la loi belge sur l’euthanasie – débat télévisé » du 23 novembre avec 410 visites. Vient ensuite « Coup de vent intérieur » du 2 novembre avec 352 visites et « L’homme individu ou personne? » du 5 novembre avec 277 visites.

Merci aux lecteurs et suite au mois prochain.

« La vie s’écoule » – 1er dimanche de l’Avent, Année A

«Veillez donc, car vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra!» (Matthieu 24, 37-44)

Avec le temps de l’Avent, s’ouvre une nouvelle année liturgique : nous quittons l’année durant laquelle l’Evangile selon saint Luc fut proposé chaque dimanche à l’église et entrons dans l’année consacrée à saint Matthieu. Plus immédiatement, l’Avent est le temps de quatre semaines qui nous prépare à la Nativité. Alors que les devantures de magasins annoncent la fête, l’Eglise prépare les cœurs à la venue de l’Enfant-Dieu. Ce serait dommage qu’arrivée la Messe de minuit, nous nous disions soudainement – comme surpris : « déjà Noël ». Tenez-vous prêts et veillez ! Tel est le message de l’Avent. Quand j’étais gosse, je pensais qu’à trente ans un homme était vieux. Mais la vie passe et – sans crier gare – voilà la cinquantaine. Et de se dire : « Qu’ai-je fait de ces années ? » La vie s’écoule. Ne la gâchons pas. Vivons pour ce qui ne passe pas. Le Seigneur vient. C’est cela, l’esprit de l’Avent : «Veillez donc, car vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra.»  

Euthanasie pour mineurs d’âge – vu de l’étranger

Certains trouvent que les chefs religieux de Belgique – dont les évêques – ont été bien « soft » dans leur condamnation de la proposition de loi belge, ouvrant la possibilité d’euthanasie aux mineurs d’âge. Personnellement, je pense que nos pasteurs font ce qu’ils peuvent, car ils se retrouvent bien seuls face à une majorité d’élites médicales, juridiques, médiatiques etc. belges, qui semblent favorables à la nouvelle loi… ou résignées en silence.

Par contre, l’opinion du monde entier commente avec étonnement la probable future loi belge. Parmi les billets d’opinion, celui de Charles Foster, enseignant en éthique médicale d’Oxford, a été largement cité par la presse internationale.Si vous parlez anglais, je vous invite à le lire.

Pour poursuivre le débat sur ce blog, à partir d’une perspective internationale, je suggère aux lecteurs d’envoyer des liens vers d’autres articles « vu de l’étranger » sur la proposition de loi belge. (Pour ou contre – mais pas injurieux ou non-démocratiques)

Extension de la loi sur l’euthanasie: deux éditos et une déclaration

Rarement, deux éditos auront été plus différents que celui de ce jour dans « Le Soir » (Béatrice Delvaux) et « La Libre » (Annick Hovine). Cette dernière reflète bien ce que je ressens. Et pas uniquement ma petite personne. J’ai rencontré ces jours-ci des personnes actives dans les hôpitaux auprès des mourants. Des personnes nullement « ultracathos », mais qui m’ont exprimé leur désarroi face à cette proposition de loi. C’est la première fois que je les entendais – habituellement si critiques envers les évêques – regretter que ceux-ci n’aient pas tapé plus fort du poing sur la table. Comme quoi….  Quant à l’édito Béatrice Delvaux, le fait que je ne partage pas son avis, ne m’empêche pas de reconnaître la qualité de son argumentation. Il n’y a qu’un seul élément de son raisonnement que je ne puis suivre: Quand elle écrit « Ceux qui votent ces textes-là le font à titre personnel« , je pense qu’elle sait fort bien que cela ne vaut pas pour tous les partis. Je pense à ce grand parti démocratique de Belgique francophone, qui ne voulait pas entendre parler d’extension de la loi, il y a quelques années. Du coup, rien ne se fit. Son attitude a changé depuis et c’est comme un seul homme que ses sénateurs voteront en faveur d’un élargissement de la loi sur l’euthanasie. Bref, nous assistons pour cette instance politique à une démarche de parti et non à un vote personnel. Ayons l’honnêteté de le reconnaître. Tout en bas de ma contribution, je reproduis la nouvelle déclaration des responsables religieux de Belgique. Aura-t-elle plus d’impact dans les médias que la première? J’en doute. Auprès des élites, les carottes sont déjà cuites…

Le Soir: Euthanasie: une extension indispensable et urgente Béatrice Delvaux
Il faut saluer le fait que ce mercredi, la commission du Sénat passe au vote sur l’extension aux mineurs, de la loi sur l’euthanasie. On a longtemps craint que le sujet soit reporté : il n’était pas prévu au programme de cette législature, le débat préalable aurait été chaotique et trop bref. Ces raisons ne tiennent pas car le débat a eu lieu mais, surtout, un éventuel vote en Commission ne le clôt pas car le chemin parlementaire est encore très long. Certains disent qu’il serait trop tôt pour étendre la portée d’une loi qui n’a que 11 ans, et dont on n’aurait pas encore bien analysé le fonctionnement. Qu’on améliore urgemment alors ce suivi et qu’on se donne les moyens d’effectuer ce bilan pertinent. Mais il est une souffrance qui ne peut attendre qu’on « perfectionne » le dispositif : celle des enfants confrontés à une souffrance intolérable et à une maladie incurable, assortie au désarroi total de leurs parents et des médecins arrivés au bout de leurs réponses. Le fait que le vote éventuel soit obtenu ce mercredi au Sénat par une majorité alternative n’est pas non plus un motif d’y surseoir ou de le délégitimer. Les questions éthiques échappent en Belgique à l’affrontement particratique : c’est l’une des choses qui fait l’exemplarité de notre société. Ceux qui votent ces textes-là le font à titre personnel. Ce sont les consciences individuelles qui s’expriment, pas les fractures politiques ou idéologiques d’une particratie. C’est là toute la sagesse de notre démocratie, différant en cela de l’affrontement meurtrier sur ces thèmes de la société française. On ne peut dès lors que saluer la contribution de la N-VA, auteur du texte qui recueille cette majorité, dans sa construction d’un consensus. Les opinions relatives à l’euthanasie sont toutes respectables, car on touche à l’intimité de chacun. Pour ce qui nous concerne, nous estimons cette extension aux mineurs indispensable et urgente. Le texte proposé nous paraît extrêmement pertinent en n’imposant pas d’âge limite, mais en faisant appel à la capacité de discernement du mineur – assortie de l’accord des représentants légaux. Rappelons que l’euthanasie légalisée reste un choix, qui n’est pas alternatif mais fait partie d’un tout, comprenant notamment le recours aux soins palliatifs. L’existence d’une loi est le meilleur garde-fou contre les dérapages possibles de ce qui se pratique déjà dans la clandestinité. Elle dote aussi ce geste ultime et grave d’un contexte empreint de sérénité, car permettant une discussion ouverte, et sans crainte, de tous, en ce compris les médecins confrontés aux demandes. Avec la possibilité au bout de ce dialogue de maintenir ou pas un souhait.

La Libre: Euthanasie des enfants, pas de loi-symbole – Annick Hovine

Il s’appelait Thomas. A dix ans, un cancer vicieux l’a emporté, après quatre années d’un combat acharné, d’éprouvantes opérations suivies de chimiothérapies, de nausées, de cheveux qui tombent et repoussent, d’école forcément buissonnière, d’espoirs cruels douchés par ces tumeurs qui avaient accroché leurs racines dans son ventre. Dix ans, ce n’est pas un âge pour mourir. Ce n’est pas un âge pour souffrir, non plus. Les derniers jours ont pourtant été terribles pour lui et pour ses proches. A un fil de l’au-delà du supportable. Ses parents lui avaient dit : si ça devient vraiment trop dur, on t’aidera à partir. Un médecin était prêt à lui donner la mort douce. Thomas n’a rien demandé. Il est mort un matin. Pour lui, une extension aux mineurs de la loi sur l’euthanasie n’aurait rien changé. Mais il arrive que des enfants qui se trouvent, comme lui, dans une situation médicale sans issue et souffrant de douleurs inapaisables, veuillent mourir un peu plus vite. Des pédiatres, des intensivistes, des oncologues, venus témoigner devant les sénateurs, ont expliqué que dans certains cas, on répondait à ces enfants et qu’on leur administrait des substances létales qui accélèrent ou causent le décès. Faut-il, pour autant, réglementer cette pratique, en élargissant la loi de 2002 dépénalisant l’euthanasie aux mineurs capables d’apprécier raisonnablement les conséquences de leur demande ? Non, nous ne le pensons pas. Où serait l’urgence ? Où serait la nécessité ? Il s’agirait juste d’une loi-symbole. Ces cas, douloureux à l’extrême, restent exceptionnels. Aujourd’hui, les médecins prennent déjà leurs responsabilités après un dialogue avec leur petit patient et ses parents. Et aucune plainte n’a jamais été enregistrée.

Déclaration commune des responsables religieux en Belgique suite au vote en Commission du Sénat Justice et Affaires Sociales élargissant l’euthanasie aux mineurs

 Le 6 novembre 2013, à titre tout à fait exceptionnel, tous les responsables religieux de Belgique déclaraient d’une seule voix, leur opposition à l’élargissement de l’euthanasie aux mineurs. Ce 27 novembre 2013, nous ne pouvons qu’exprimer notre déception et notre tristesse. Nous partageons l’angoisse de parents si un enfant arrive à une fin de vie prématurée et, particulièrement quand il souffre. Nous croyons cependant que les soins palliatifs et la sédation sont une manière digne d’accompagner un enfant qui meurt de maladie. Des médecins praticiens, oncologues ou intensivistes, nous l’ont clairement affirmé. Ecoutons-les. Nous plaidons pour un arrêt de l’acharnement thérapeutique et pour le remplacement des soins curatifs par des soins palliatifs. Nous croyons que nous n’avons pas le droit de laisser un enfant souffrir : c’est pourquoi la souffrance peut et doit être soulagée. La médecine en a les moyens.  Ne banalisons pas l’acte de donner la mort alors que nous sommes faits pour la vie. Aimer jusqu’au bout demande un immense courage. Mettre fin à la vie est un acte qui non seulement tue, mais détruit un peu plus les liens qui existent dans notre société, dans nos familles, en proie à un individualisme grandissant. Entourons et aimons les malades et leurs familles, ainsi que les soignants, et si la maladie l’emporte, qu’elle soit accompagnée de notre affection intense et par l’irréductible respect de la vie.  

Rabbin Albert Guigui,  Grand Rabbin de Bruxelles, Chanoine Robert Innes, président du Comité Central de l’Église Anglicane en Belgique, Monseigneur André-Joseph Léonard, président de la Conférence Épiscopale de Belgique, Monsieur Geert Lorein, président du Synode Fédéral des Églises Protestantes et Évangéliques de Belgique, Métropolite Panteleimon Kontogiannis, Exarque du Patriarcat Œcuménique de Constantinople (Église Orthodoxe), Monsieur Semsettin Ugurlu, président de l’Exécutif des Musulmans de Belgique