« Carême – le temps du plus » – 1er dimanche de Carême, Année A

« Il fut conduit par l’Esprit à travers le désert » (Matthieu 4, 1-11)

Carême… A la suite du Christ, l’Esprit conduit les chrétiens 40 jours au désert. Le désert est le lieu où la tentation reçoit son vrai visage : « Ordonne à ses pierres de devenir du pain ». Vais-je vivre pour les biens matériels, plutôt que spirituels ? Tentation de l’avoir. « Prosterne-toi devant moi et je te donnerai les royaumes de la terre » Vais-je vivre en m’asservissant à la logique du prince de ce monde ? Tentation du pouvoir. « Jette-toi en bas du sommet du temple et les anges viendront pour te porter ». Vais-je vivre en cherchant à séduire la galerie ? Tentation du valoir. 

Carême… Un temps que notre société de consommation associe traditionnellement à un « moins » – soit tout ce dont je vais « devoir me priver ». En réalité, le carême est le temps du « plus ». Il signifie un retour à l’essentiel pour plus de vie. Celui qui choisit – 40 jours durant – de renoncer à ce qui distrait des vrais enjeux, fêtera Pâques avec une intensité spirituelle… en plus.  

Mercredi des cendres – l’Europe n’est pas les Etats-Unis

Je participais aujourd’hui à une sympathique émission, où plusieurs témoins de la société civile débattent de sujets d’actualité. En ce jour du mercredi des cendres, j’avais proposé que l’on discute aussi du sens dans les grandes religions/spiritualités, de «temps spirituellement plus intenses » (carême, ramadan, initiations en tous genres,…) – périodes qui permettent également de prendre quelque recul par rapport à la société de consommation. Mes complices du jour n’y étaient pas hostiles, mais la majorité d’entre eux ne voyait pas de lien avec l’actualité. On me dit, sans animosité aucune, mais avec une belle franchise : « Qui – mis à part les convaincus – s’intéresse encore au carême ? »

Pas facile d’aborder un sujet d’ordre proprement spirituel sous nos latitudes, autrement que par le biais de la morale (pour ou contre l’euthanasie, etc.) L’émission traita donc d’autres enjeux – par ailleurs, fort intéressants. En quittant les studios, je rallumai mon portable et tombai sur un tweet de l’homme politique le plus puissant de la planète : « Today, Michelle and I join our fellow Christians in the United States and around the world in marking Ash Wednesday. » —President Obama

En le lisant, je me suis dit que – décidément – l’Europe, ce n’était pas les Etats-Unis.

Blog: bilan du mois de février

Ce blog a été ouvert le 11 mars 2011.

2011En mars, il recevait 1467 visites et 2383 pages avaient été vues. Du 3 avril au 3 mai, il recevait 3689 visites et 5483 pages étaient visionnées ; du 1er mai au 31 mai 3322 visites et 5626 pages visionnées. Du 1er juin au 31 juin, le blog a reçu 3464 visites et 5721 pages furent visionnées.  Pour le mois de septembre 4423 visites sont enregistrées et 6683 pages sont visionnées. En octobre, il y eut 3027 visites pour 4689 pages visionnées. En novembre, il y eut 2679 visites pour 3915 pages visionnées. En décembre, 3203 visites pour 4754 pages visionnées.

2012En janvier, 3143 visites pour 4815 pages visionnées. En février, cela donne 3709 visites pour 5501 pages visionnées. En mars, il y eut 3592 visites et 5530 pages visitées. En avril, il y eut 4063 visites pour 6280 pages visitées. En mai, il y eut 4895 visites pour 8100 pages vues. En mai, il y eut 4499 visites pour 5395 pages vues. Je n’ai pas reçu les chiffres de juin. En juillet,  3502 visites pour 4158 pages vues. En août: 3213 visites pour 5059 pages vues. En septembre: 5624 visites pour 8773 pages vues. En octobre 3268 visites pour 5337 pages vues. En novembre 3467 visites pour 5777 pages vues. En décembre 3018 visites pour 4411 pages vues.

2013En janvier 3891 visites pour 5419 pages vues. En février 3736 visites pour 5724 pages vues. En mars 5198 visites pour 7740 pages vues. En avril 4415 visites pour 6323 pages vues. En mai 6693 visites pour 9284 pages vues. En juin, 4236 visites pour 6339 pages vues. En juillet, 3316 visites pour  4477 pages vues. Pour août, je n’ai pas reçu de données. En septembre 3820 visites pour 4386 pages vues.  En octobre 3299 visites pour 5172 pages vues. En novembre 3982 visites pour 6103 pages vues. En décembre 3512 visites pour 4199 pages vues.

2014En janvier 2251 visites pour 3481 pages vues (baisse qui s’explique sans doute  par la semaine de repos, début du mois).  En février 3714 visites pour 6070 pages vues

Le lectorat belge compte 3158 visites. La France suit avec 357 visites et les Pays-Bas avec 34 visites.

L’article le plus fréquenté fut « Libre-examen et dogme du progrès » du 6 février avec 456 visites. Vient ensuite « Avortement – enjeu philosophique » du 18 février avec 380 visites et « Laïcité philosophique et opinion catholique » du 25 février avec 365 visites.

Merci aux lecteurs et suite au mois prochain.

« Qui est mon maître ? » – 8e dimanche de l’Année, Année A

«Cherchez d’abord son Royaume et sa justice. »  (Matthieu 6, 24-34)

« Aucun homme ne peut servir deux maîtres. (…) Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent ». La sagesse populaire traduit cela par un dicton malicieux : « L’argent est un excellent serviteur, mais un détestable maître ». En ce temps qui nous approche du carême, ceci nous invite à un discernement : Quelle est la place de l’argent dans ma vie ? Sans revenus, pas moyen de vivre en société. D’où la sécurité sociale et ces appels à la solidarité pour ceux qui n’en bénéficient pas – chez nous et de par le monde. (Pensons aux collectes de carême). Cependant, l’argent peut aussi devenir une drogue : Celui qui en a, n’en a jamais assez – car son voisin s’est acheté une plus belle cuisine, une plus grande voiture,…. A force de désirer ce qu’il n’a pas, l’homme passe à côté de sa vie. « Si Dieu habille ainsi l’herbe des champs, qui est là aujourd’hui, et qui demain sera jetée au feu, ne fera-t-il pas bien davantage pour vous, homme de peu de foi ? Ne vous faites donc pas tant de souci… »

Laïcité philosophique et opinion catholique : c’est quand qu’on va où ?

Dans le post précédent, je suggérais que l’enseignement pourrait être le prochain grand chantier porté par le Centre d’Action Laïque (CAL) en Belgique. En entendant l’interview de Pierre Galand ce matin sur la radio Première (RTBF), je me dis que j’ai eu du flair. Au nom d’une salutaire modernisation du système scolaire, le président sortant du Centre d’Action Laïque (CAL) en appelle à – je le cite : « donner un coup de canif dans le pacte scolaire » pour aboutir à un seul réseau – public et sans cours philosophiquement engagés s’entend (cours de religion et de morale laïque, remplacés par des cours de philosophie et de citoyenneté).

Dans le quotidien « le Soir » de ce jour (p.8), l’enjeu s’élargit avec l’intervention du très laïque député socialiste (et médecin) Philippe Mahoux. Ce dernier propose de faire voter une loi, obligeant les établissements de soins (hôpitaux, maisons de repos) subsidiés par l’état à pratiquer des euthanasies. Je le cite : « Aux élus du peuple de trancher ? Soit. Le fait que, pour être agréés, des hôpitaux ou des maisons de repos doivent effectivement appliquer la loi sera clairement inscrit dans une proposition de loi au programme du PS pour la prochaine législature. C’est une question de respect de droit du patient ».

Ces deux prises de position ont le mérité de la cohérence : En finir avec un réseau scolaire philosophiquement situé et avec des institutions de soin ayant une éthique particulière. Face à cela, que va faire l’opinion catholique ? Hurler au scandale et monter aux barricades? Inconséquent – les laïques ne font que jouer le jeu du débat démocratique. Alors ? – pratiquer la politique du gros dos et/ou du ventre mou ? L’histoire récente a démontré le peu d’efficacité d’une réaction attentiste et défensive. Mon conseil serait donc de faire preuve de créativité et de prendre les devants.

Un seul réseau scolaire ? Je ne suis pas persuadé que ce soit la panacée – la diversité des offres scolaires étant un gage d’émulation et de diversité. (Je rappelle que j’ai fait les « deux écoles »). Mais si cela devient le débat du jour, n’ayons pas peur d’en parler. Mais différemment. Revenons à l’esprit de la constitution belge, qui énonce que l’enseignement est libre et que l’état ne supplée qu’en cas de carence. L’enseignement libre avec des pouvoirs organisateurs entre les mains des parents et des enseignants a démontré son efficacité, son fonctionnement à moindre coût et sa capacité de résistance face à la politisation de l’enseignement. Alors – si le réseau unique est la seule option d’avenir – pourquoi ne pas promouvoir un seul réseau libre – sans orientation confessionnelle, mais offrant à chaque pouvoir organisateur le loisir de choisir son orientation philosophique ? Voilà une idée qui trouverait de nombreux partisans dans plusieurs partis politiques, dont les mandataires choisissent souvent de placer leurs enfants… dans les écoles du réseau libre.

Idem pour le monde de la santé. Je trouve que le fait d’avoir des institutions de santé avec différentes orientations philosophiques, est une richesse. Si le fait d’être subsidié par l’état empêche toute forme d’objection de conscience institutionnelle – comme le pense le sénateur Mahoux – au nom de quoi peut-on encore défendre les subsides versés à toute activité culturelle critique du système ? A tous les organes de presse qui s’en prennent aux gouvernants ? A toutes les associations humanitaires qui prônent un pacifisme anti-militaire ? Voire… à tous les partis politiques qui sont dans l’opposition ? Par ces exemples, je ne cherche pas à noyer le poisson, mais à pousser une certaine logique jusqu‘au bout.  

Amis cathos, n’ayons pas peur du débat. Soyons réactifs, avec le sourire et le respect du contradicteur – qui parfois sera un ami. Ne pas être durs, n’implique pas… de devenir mous.

 

Bartho…

Le quotidien « le Soir », confirme ce matin en p.8, ce qui se pressentait depuis peu: C’est donc bien Henri Bartholomeeussen – que j’ai souvent entendu surnommer « Bartho » par ses proches – qui succèdera à Pierre Galand, comme président du Centre d’Action Laïque (CAL). Ancien grand maître du Grand Orient de Belgique (GOB), il fut l’homme qui accepta de débattre en mars 2008 avec le cardinal Danneels, alors Archevêque de Malines-Bruxelles.

Feu, terre, air…

Bartho succède à Pierre Galand, qui lui-même succéda à Philippe Grollet. Trois personnalités fort différentes. Philippe, c’était le feu : excessif dans ses prises de position et ardent dans ses convictions, c’était aussi l’homme libre, capable de sympathies hors frontières. Je garde un excellent souvenir de nos échanges avec son épouse, autour d’une flute de champagne. C’est lui qui m’invita à la passation de pouvoir lors de sa sortie de fonction – et qui souligna ma présence en public. C’est à ses funérailles – au CAL – que sa famille me demanda de prendre la parole.

Pierre Galand, c’était la terre. Il n’est pas l’homme des débats philosophiques. Son apparente allergie à toute prise de parole catholique – que j’ai eue l’occasion de critiquer – me fait penser à une stratégie de vieux militant, qui consiste à décrédibiliser l’adversaire pour le déstabiliser. Par contre, j’admire sa fibre humanitaire. C’est lui qui me fit rencontrer Stéphane Hessel à la foire du livre de Bruxelles, un an avant que son petit livre « Indignez-vous » en fasse une star mondiale. Il m’arrêta dans les couloirs du hall des foires et planta devant moi ce vieux monsieur au regard si jeune, en me lançant un impérieux : « Ecoutez ! » C’est également Pierre Galand qui initia une déclaration commune avec toutes les religions reconnues, demandant des critères de régularisation clairs pour les sans-papiers. Devant les caméras, le cardinal Danneels ne manqua pas de saluer ce geste. Je salue enfin, autour de Pierre Galand – une équipe : Eliane, Jean, Yves… A mes amis catholiques, qui ne voient en ces gens-là qu’une bande de bouffeurs de curé, je dis : On gagne à les connaître.

Après le feu et la terre, avec Bartho adviendrait donc le règne de l’air ? L’homme a quelque chose d’aérien – verbe aisé et haute culture symbolique. Je ne m’attends pas pour autant à une détente laïque face au monde catholique. Les positions du futur président sur l’enseignement pourraient ainsi valoir quelques turbulences. Mais, si je puis me permettre de lui donner un conseil, ce serait celui de ne pas clore un débat avant qu’il ne soit entamé. Au lieu de hurler au crime à chaque fois qu’un évêque ouvre la bouche, j’espère que Bartho dira plutôt : « Je ne suis  pas du tout d’accord avec vous, mais je vous sais gré de vous exprimer. Parlons-en librement et écoutons-nous ». Ce n’est pas à un initié au « pavé mosaïque » que je dois apprendre qu’en démocratie, c’est de la rencontre des contrastes que naît le sens citoyen. Bartho avait jadis ouvert la voie en dialoguant avec un Cardinal-Archevêque. J’espère qu’il poursuivra sur cette route, en rencontrant les évêques, ainsi que des croyants de toutes religions, afin que le respect de l’autre puisse aussi se manifester par la reconnaissance de combats communs, ainsi que par l’écoute de ce qui nous différencie, voire nous oppose. Bonne chance à lui. Et tous mes vœux à Pierre Galand, qui poursuit son engagement au niveau européen.

 

« La gifle » – 7e dimanche de l’Année, Année A

«Eh bien, moi je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. (…) Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent. »  (Matthieu 5, 38-48)

Dans la logique des humains, il y a ceux que nous considérons comme alliés et ceux que nous voyons comme adversaires. Les premiers nous paraissent naturellement sympathiques, au contraire des seconds – bien plus antipathiques. La parole du Christ bouleverse ces évidences, telle une gifle à notre bonne conscience. Accueillir le regard d’amour inconditionnel que Dieu pose sur chacune de nos vies, n’est possible qu’à celui qui pose un regard similaire sur son prochain. Si cela ne transforme pas la terre en un lieu où tout le monde « il est beau et gentil », cela fait en sorte que même l’ennemi est considéré comme un frère en Christ. Malgré nos désaccords et conflits, il s’agit de prier pour lui. Et s’il nous fait du mal, à nous de vouloir son bien. En recommandant cela, Jésus ne nous en demande-t-Il pas trop ? A vue humaine, sans aucun doute. Seul l’Esprit peut nous inspirer un amour à la mesure de Dieu – c’est-à-dire… sans mesure. Demandons donc la force de l’Esprit.

 

Avortement – enjeu philosophique – La Libre 18 février p.55

Ce mardi 18 février, ma chronique du mois est parue dans le quotidien « La Libre » en p.55. La rédaction à changé son titre en « Avorter: un enjeu philosophique ». Ce n’est qu’un détail, mais je trouve ce titre moins heureux, car mon propos vise le débat sur l’avortement et non l’acte en lui-même, qui est motivé par des raisons multiples dans des situations humaines aussi complexes que diversifiées. Pour lire cette chronique, cliquez sur le lien suivant: « Avortement – enjeu philosophique »

Merci à la rédaction de « La Libre » de m’offrir cet espace d’expression.

Suisse, France, Belgique – Le réveil des démons – Marianne Belgique p.33

Ci-dessous ma chronique parue dans l’hebdo Marianne-B de cette semaine p.33. Merci à la rédaction de me donner cet espace d’expression:

Dans l’épreuve se révèle la grandeur d’un peuple. Pensons à la Grande-Bretagne churchillienne de l’an ‘40 – héroïque sous le blitz. En temps de crise se réveillent également les démons, tapis au plus profond de la mémoire collective. La Belgique et la Suisse sont deux petits états, constitués au confluent des zones d’influence latines et germaniques. La géographie différencie ces nations symétriques. La montagneuse Confédération helvétique se protégea de ses puissants voisins, par une politique de neutralité et de repli sur son canton. Notre plat pays – carrefour de toutes les guerres européennes – a survécu en développant un esprit casanier, animé par le sens du compromis.  Passe la crise de 2008 et ces stratégies de survie se muent en raideurs inquiétantes. Par peur du flux migratoire, la Suisse se détourne de l’Union européenne. Par peur de reflux du niveau de vie, la Belgique devient juxtaposition de deux identités rivales. Quant à la France – que l’épopée gaulliste avait unifiée après la fièvre laïcarde de la troisième république et la réaction maurassienne, culminant en dérive nauséabonde sous Vichy – elle semble à nouveau tentée par l’affrontement des deux mémoires, héritières de la Révolution. Il y a 30 ans, le fou du roi en Hexagone s’appelait Coluche. Aujourd’hui, il se nomme Dieudonné… Suisse, France, Belgique – le réveil des vieux démons ? Inquiétant.