Le lycée Guy Cudelle passe à l’uniforme

L’histoire est un éternel balancier. Voilà que, non pas un collège chic et catholique, mais bien la commune de Saint-Josse (Bruxelles) veut imposer un code vestimentaire au lycée Guy Cudell à la rentrée. Les élèves devront porter un pantalon ou une jupe ainsi qu’un pull bleu foncé. La chemise ou le polo sous le pull devra être blanc. Le voile sera autorisé, sauf s’il couvre de la tête aux pieds.

Personnellement, la décision m’est sympathique. Je ne pense pas que toutes les écoles doivent revenir à l’uniforme. Mais que certaines choisissent d’inclure cela dans leur pédagogie, me semble sain. Voici ce que j’écrivais – en forme de clin d’œil – au sujet de l’uniforme dans le livre coécrit avec Baudouin Decharneux « Une cuillère d’eau bénite et un zeste de soufre » (EME édit.) :

« J’ai toujours aimé les uniformes… Sans doute parce que j’adore les contes et le théâtre. Porter un uniforme, c’est accepter que la vie vous fasse endosser des rôles. Et assumer cet état des choses. Quand les parents jouent aux ados et les profs aux cancres, la société file droit vers la dépression.  De plus, quand il ne colle pas à la peau, l’uniforme peut contribuer au développement d’une personnalité. Me rendre de bleu vêtu à l’école ne m’a nullement traumatisé et m’invitait à bâtir ma personnalité sur autre chose que les dernières Nikes à la mode. Le danger existe cependant que – par déficience de personnalité – le rôle serve de substitut. Ainsi dans le monde ecclésiastique, il n’y a rien de pathétique que des confrères qui ne lisent que des livres de curé, ont un humour de curé, fréquentent exclusivement des milieux de curés et ne s’intéressent qu’aux infos – voire aux potins – de curé… Etre prêtre est une mission trop précieuse pour de la sorte se laisser mouler dans la parodie. L’anglophile impénitent que je suis, est d’avis que nos voisins d’outre-manche ont un rapport très sain à l’uniforme. Leur monarque est costumé à un point tel que tout citoyen de Sa Gracieuse Majesté sent qu’ici tout n’est que symbole. Le pouvoir réel – quant à lui – est volontairement rabaissé. La façade du 10 Downing Street ressemble plus à une étude de notaire qu’à l’immeuble de fonction d’un des chefs de gouvernement les plus puissants de la planète. Enfin, il est doux d’observer dans une rue londonienne le financier de la City en chapeau melon attendre son bus en faisant la queue derrière un adolescent coiffé d’une crête d’iroquois vert fluo. A chacun son uniforme, mais malheur à celui qui ne respecte pas la queue. On ne lui dira rien, mais d’un regard empli de compassion on le suspectera de la pire des  infamies : celle de venir du Continent ».    

« Trois fois Saint » – Sainte Trinité, Année A

 «  Dieu a tant aimé le monde, qu’Il a donné son Fils unique ». (Jean 3, 16-18)

La Trinité n’est pas un problème de mathématiques. Pourtant, comme l’amour ne s’additionne pas, mais se multiplie – ne dit-on pas le « Dieu trois fois Saint » ? – chacun peut vérifier que 1 X 1 X 1, cela fait toujours 1. La Trinité – c’est la foi chrétienne en un seul Dieu multiplié en trois Personnes. Bien au-delà d’une question de calcul, la Trinité est Mystère d’amour. Le peu que la révélation chrétienne nous ait donné de percevoir de l’infinité de Dieu, est que celui-ci est une éternelle Relation de Don : entre le Père qui est Source de tout Don, le Fils à Qui le Don est destiné et qui le rend au Père dans l’unité de l’Esprit – qui est Don. Le Don nous précède : « Dieu a tant aimé le monde, qu’Il a donné son Fils unique », mais l’homme est créé à l’image de Dieu. Voilà pourquoi nous sommes des êtres relationnels et voilà pourquoi seul le Don de nous-mêmes nous fait rejoindre notre vérité profonde. Devenir disciple du Christ et vivre son baptême, c’est dans l’Esprit s’unir au don du Fils pour devenir enfant du Père.       

Puissance d’un « soft power » par excellence: la prière

Il y a quelque chose de commun entre la démarche du Pape et du Patriarche œcuménique rassemblant le président israélien et celui de l’autorité palestinienne pour prier pour la paix et celle de l’Imam Chalgoumi et quelques confrères musulmans venus se recueillir au musée juif de Bruxelles : Face à la violence aveugle et apparemment sans issue, la prière semble un moyen dérisoire – limite pathétique – pour rechercher la paix. Et pourtant – il s’agit de la « soft power » la plus puissante qui soit. D’une manière invisible et toute spirituelle, une prière sincère soulève les plus hautes montagnes – celles du cynisme et de l’indifférence.    

« Souffle intérieur » – Pentecôte, Année A

 « Il répandit sur eux son souffle et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint » (Jean 20 19-23)

Il y a peu, j’attendais sur le parvis d’une église du centre-ville que des funérailles commencent. Et je vis un petit enfant jouer devant le cercueil de son arrière-grand-père. Image d’une vie qui file comme l’air. Et chacun de se demander ce qui n’expire pas. La réponse est : « le souffle ». C’est le même air qui passait dans les poumons du défunt et de son arrière-petit-fils. Mais le souffle est surtout intérieur : celui de l’Esprit – cette Force d’En-Haut qui nous « inspire ». Comme le dit le chant traditionnel « Veni Creator Spiritus », l’Esprit est « l’hôte très doux de nos âmes, adoucissante fraîcheur ». Le nombre de nos années est court. Vivons donc à pleins poumons spirituels. Demandons l’Esprit du Christ pour nous et pour tous ceux qui nous sont confiés. En ce dimanche de Pentecôte, demandons-Le tout particulièrement pour ces 13 jeunes de notre doyenné qui recevront à la Cathédrale des mains de notre évêque, le sacrement de la Confirmation – don spécial du Souffle intérieur.

L’avertissement d’un géant – La Libre 6 juin p.55

Ce vendredi 6 juin – jour de commémoration du D-Day – ma chronique du mois est parue dans le quotidien « La Libre » en p.55. Pour lire cette chronique, cliquez sur le lien suivant: « L’avertissement d’un géant ».

Merci à la rédaction de « La Libre » de m’offrir cet espace d’expression.


D-Day – Vent de Pentecôte sur l’Occident

Les chrétiens fêtent ce dimanche la Pentecôte – soit l’avènement du Souffle fondateur qui inspira la communauté des disciples de Jésus, transformant ces hommes fragiles et peureux en apôtres indomptables de l’Evangile. Il y a quelque chose de cela – sous une version profane – avec le débarquement. Un prêtre âgé me confia : « Quand ce 6 juin 44, nous avons appris par Radio Londres « qu’ils » avaient débarqués, un souffle de liberté a traversé la ville. Nous n’étions pas encore libres, mais nous nous sentions rejoints. » L’élévation morale des soldats anglo-canado-américains des plages de Utah, Omaha, Gold, Juno et Sword n’était, sans doute, pas différente de celle de la moyenne des jeunes de leur âge, mais le souffle libérateur qui les poussa à débarquer au péril de leur vie, rendit leur épopée « sacrée ». Ceci explique que – sans faire l’impasse sur les horreurs de la guerre – les cimetières des plages du débarquement sont devenus des sanctuaires de la civilisation.

Le débarquement comporte, en effet, un enjeu de civilisation. L’embrasement de 1939 fut multiple. En schématisant, on peut y déceler trois facettes de nature bien différente. La Deuxième Guerre mondiale, fut tout d’abord la troisième manche après la victoire prussienne de 1870 et l’humiliation allemande de 1918. En cela, la Seconde Guerre mondiale ne fut « que » le prolongement de la Première et la raison d’être du combat trouva, une fois encore, sa racine dans le XIXème siècle. Une deuxième perspective se superpose à la première : il s’agit de l’autre face géographique du conflit – soit la guerre entre les États-Unis et le Japon. Ici, est annoncé le XXIème siècle, dont l’épicentre se situe dans le Pacifique. Reste un troisième aspect. Plus profond. Plus sombre aussi. Un enjeu fondateur : la Seconde Guerre mondiale fut une guerre de civilisation. Non pas un choc entre deux cultures, mais bien un choix de civilisation au sein de la modernité occidentale. L’enjeu était l’utilisation de la technologie : arme de destruction massive de toute différence ou instrument d’intégration de la diversité ? Imposition du « meilleur des mondes » ou émancipation de l’humanité ? Telle fut la grande question politique du XXème siècle. Elle fascine encore, car elle n’a pas fini de nous interroger.

Avec sa puissante intuition géopolitique, c’est cet enjeu que Churchill esquissa, à l’aube du conflit mondial, dans son fameux discours du 18 juin 1940 aux Communes : « Si nous parvenons à lui (Hitler) résister, toute l’Europe pourra être libre, et la vie du monde progresser vers de hautes et vastes terres baignées de soleil. Mais si nous échouons, alors le monde entier, y compris les États-Unis, y compris tout ce que nous avons connu et aimé, sombrera dans les abîmes d’un nouvel âge des ténèbres rendu encore plus sinistre, et peut-être plus durable, par les lumières d’une science pervertie ». Un 6 juin 44, il fallut le courage de milliers de jeunes hommes sur les plages de Normandie (sans oublier ceux des rues de Stalingrad), pour que la civilisation connaisse une nouvelle Pentecôte.

En ce début de XXIe siècle, cultivons une Mémoire vigilante.

Ballade irlandaise…

« Tu as bien le droit de savoir, mais… c’est une histoire si triste et si sordide… » « Depuis que je suis ici, tout est triste et sordide… Raconte, Sean ». Les amateurs de la BD auront peut-être reconnu cette réplique, tirée du « Concert en O Mineur pour harpe et nitroglycérine » dans le recueil « les Celtiques » de Hugo Pratt. Son héros Corto Maltese  y foule le sol irlandais.

Il y a quelque chose de cela dans la sordide découverte des petits cadavres de près de 800 bébés, morts pour la plupart de malnutrition, déposés dans la réserve d’eau de l’ancien couvent irlandais de Tuam, dirigé par les soeurs du Bon Secours de 1925 à 1961. La verte Irlande ressemblait alors à ces enfants battus, qui deviennent des adultes violents. Ce pays a connu des siècles de soumission politique, avec de terribles famines. Il a survécu, cimenté sur une foi catholique devenue identité nationale, ce qui forgé l’identité de ce peuple fier autour d’une grande rigueur sociale.J’ai encore connu quelque chose de « l’ancienne Irlande » (le pays a beaucoup changé), quand à 14 ans – il y a donc 36 ans de cela – je passai deux semaines dans une ferme de Drogheda pour parfaire mon anglais. Tout le monde y était catholique, fier et pauvre. Quel beau pays ! Quel générosité d’âme ! Mais – bon sang – quelle dureté dans les rapports sociaux.

Les incessants et sanglants combats d’Irlande du nord furent un des exutoires à cette violence sociale. Un autre se révéla dans cette impitoyable mise au ban de toute conduite jugée non orthodoxe, car perçue comme une menace à la cohésion sociale. Je ne suis donc qu’à moitié surpris de découvrir que certains couvents étaient des lieux de non-accueil sordides, gérés par des religieuses au cœur froid comme un hiver en Hibernie. Cela n’excuse rien – et comme Catholique, j’ai honte. Mais cela explique un part du fond sordide des choses. Souvent, nos actes sont plus noirs que notre âme. 

 

Blog: bilan du mois de mai

Ce blog a été ouvert le 11 mars 2011.

2011En mars, il recevait 1467 visites et 2383 pages avaient été vues. Du 3 avril au 3 mai, il recevait 3689 visites et 5483 pages étaient visionnées ; du 1er mai au 31 mai 3322 visites et 5626 pages visionnées. Du 1er juin au 31 juin, le blog a reçu 3464 visites et 5721 pages furent visionnées.  Pour le mois de septembre 4423 visites sont enregistrées et 6683 pages sont visionnées. En octobre, il y eut 3027 visites pour 4689 pages visionnées. En novembre, il y eut 2679 visites pour 3915 pages visionnées. En décembre, 3203 visites pour 4754 pages visionnées.

2012En janvier, 3143 visites pour 4815 pages visionnées. En février, cela donne 3709 visites pour 5501 pages visionnées. En mars, il y eut 3592 visites et 5530 pages visitées. En avril, il y eut 4063 visites pour 6280 pages visitées. En mai, il y eut 4895 visites pour 8100 pages vues. En mai, il y eut 4499 visites pour 5395 pages vues. Je n’ai pas reçu les chiffres de juin. En juillet,  3502 visites pour 4158 pages vues. En août: 3213 visites pour 5059 pages vues. En septembre: 5624 visites pour 8773 pages vues. En octobre 3268 visites pour 5337 pages vues. En novembre 3467 visites pour 5777 pages vues. En décembre 3018 visites pour 4411 pages vues.

2013En janvier 3891 visites pour 5419 pages vues. En février 3736 visites pour 5724 pages vues. En mars 5198 visites pour 7740 pages vues. En avril 4415 visites pour 6323 pages vues. En mai 6693 visites pour 9284 pages vues. En juin, 4236 visites pour 6339 pages vues. En juillet, 3316 visites pour  4477 pages vues. Pour août, je n’ai pas reçu de données. En septembre 3820 visites pour 4386 pages vues.  En octobre 3299 visites pour 5172 pages vues. En novembre 3982 visites pour 6103 pages vues. En décembre 3512 visites pour 4199 pages vues.

2014En janvier 2251 visites pour 3481 pages vues (baisse qui s’explique sans doute  par la semaine de repos, début du mois).  En février 3714 visites pour 6070 pages vues. En mars 3556 visites pour 5454 pages vues. En avril, 2884 visites pour 3379 pages vues. En mai, 3582 visites pour 4319 pages vues.

Le lectorat belge compte 2257 visites. La France suit avec 386 visites et les Israël avec 35 visites.

L’article le plus fréquenté fut « Nous sommes tous des Juifs de Belgique » du 24 mai avec 760 visites. Vient ensuite « Dieu a-t-il créé le mal ? » du 14 mai avec 272 visites et « Le politiquement correct : osons ! » du 20 mai avec 134 visites.

Merci aux lecteurs et suite au mois prochain.

« Gloire à Dieu » – 7° dimanche de Pâques, Année A

 « Glorifie ton Fils, afin  que le Fils Te glorifie. » (Jean 17, 1-11)

Il y a peu, un professeur d’université qui jadis avait fait son catéchisme à Saint-Jacques, m’exprima son rejet d’un Dieu dont la « gloire » écraserait toute liberté humaine. Je lui répondis que, pour comprendre l’Evangile de son enfance, c’était sa représentation de la « gloire » qu’il lui fallait changer. La gloire de Dieu n’a, en effet, rien à voir avec le phantasme de toute-puissance qui écrase notre liberté. Au contraire, la gloire de Dieu est celle de l’amour qui triomphe. Ainsi – tout comme la gloire de parents, est de voir leurs enfants devenir des adultes responsables – de même, la gloire de Dieu est de nous aider à devenir des humains, tenant débout dans notre cœur et notre âme. L’Esprit du Ressuscité nous aide, en effet, à croître spirituellement. Au cours de cette ultime semaine qui nous sépare de la Pentecôte, prions donc chaque jour pour ce Don de l’Esprit qui – en nous libérant de nos peurs – glorifie notre Père du ciel.          

Nous sommes tous Juifs – M… Belgique p.41

Développant un billet, publié sur le vif dans ce blog, le soir même de l’attaque meurtrière  frappant le musée juif de Bruxelles, ci-dessous ma chronique parue en p.41 dans l’hebdo M… Belgique, de ce vendredi. Merci à la rédaction de me donner cet espace d’expression:

Le 6 septembre 1938, alors que Mussolini prépare des lois raciales, le pape Pie XI prononce une petite phrase devant des pèlerins belges, qui fera date dans la rupture du catholicisme avec une bien trop longue tradition d’antijudaïsme théologique : « Par le Christ et dans le Christ, nous sommes de la descendance spirituelle d’Abraham. Non, il n’est pas possible aux chrétiens de participer à l’antisémitisme.  (…). Nous sommes spirituellement des sémites ». Au moment même où son successeur prêche la paix au Proche-Orient,accompagné de deux compatriotes argentins – un rabbin et un professeur musulman – une froide boucherie frappe le musée juif de Bruxelles. Et notre population, de nature pacifique, se prend la tête entre les mains – tel le personnage du « Cri » dans le tableau de Munch. Geste d’un loup isolé ? Acte terroriste ? Tentative de déstabilisation, à la veille d’un triple scrutin capital pour notre petit pays, situé au cœur de l’Europe ? A l’enquête de répondre. En attendant, nos pensées et prières vont vers les victimes et leurs familles, comme notre soutien s’adresse à nos compatriotes juifs. Mais cela ne suffit pas. Je fais donc miennes les paroles d’Henri Bartholomeeusen, Président du Centre d’Action Laïque : « Ce sont tous les démocrates qui doivent se sentir meurtris dans leur chair. (…) Si demain nous devons porter une étoile jaune, nous le ferons ».  Ou encore – pour paraphraser Pie XI – pour barrer la route à l’hydre antisémite, puissions-nous tous, nous sentir un peu plus Juifs.