Mon anniversaire…

Je n’ai pas pu remercier toutes celles et ceux qui m’ont souhaité un joyeux anniversaire.
Avec cette nouvelle dizaine, j’entre dans ce que peu osent encore appeler « le 3° âge ». 
Non – je ne me sens pas encore vieux. Et dans notre société du jeunisme, cela ne sera pas entendu.
Il n’empêche, un cap est franchi et le corps est un calendrier à contempler.
 
En guise de cadeau, je vous rappelle la chronique publiée il y a 10 ans dans la Libre, au coeur de l’été:  
l’histoire d’un vieil homme face à la mer, le soir tombant.
Pour la découvrir, cliquez sur: «  l’Occident éternel ». 
EdB

« Le Roi-nu-pieds » – Dimanche du Christ-Roi, 34e dimanche, Année A

«Chaque fois que vous l’avez fait à un de ces petits qui sont mes frères, c’est à Moi que vous l’avez fait» (Matthieu 25, 31-46)

En ce dernier dimanche de l’année liturgique – dimanche du Christ-Roi – l’Evangile nous fait réfléchir sur ce qu’on appelle communément « le jugement dernier ». Des générations entières ont eu l’imagination marquée par les bas-reliefs sculptés sur le portail de nos cathédrales: le Christ-Roi y trône en majesté et sépare les âmes justes de celles qui sont réprouvées.

Mais cette représentation-là ne correspond pas pleinement à l’Evangile. Jésus est un roi dont la seule couronne est d’épine et l’unique trône, le bois d’une croix. Un roi humilié. Un roi crucifié. Un roi qui se fait le frère de tous les laissés-pour-compte de l’histoire. L’unique question que ce Roi nous posera lors du jugement dernier, sera : quand tu as croisé la route de ce pauvre type, nu, malade, prisonnier, affamé… l’as-tu servi comme un roi? Si tu l’as méprisé, comment pourrais-tu Me reconnaître comme ton Roi ?  Regarde-Moi : je suis nu, malade et prisonnier. «Chaque fois que tu as fait du bien à un de ces petits qui sont mes frères, c’est donc à Moi que tu l’as fait».

Napoléon – La fascination de l’homme fort

Tout le monde parle du dernier film de Ridley Scott. Napoléon fascine encore et toujours. Ce que beaucoup ignorent, c’est qu’un penseur libéral irlando-britannique avait prévu son ascension. Edmund Burke (1729-1797) défendait la révolution américaine, mais se méfiait de l’idéologie, promettant de construire un monde nouveau, soufflant sur Paris. Dans sa « Réflexion sur la Révolution française », parue en 1790, il annonça que l’anarchie ferait en sorte que le peuple français se tournerait vers un général populaire, ayant l’allégeance de ses troupes, qui deviendrait le maître de la république. Napoléon accomplit cette prophétie, au-delà de toutes les espérances. 

Hélas, les hommes, dits « forts », mais respectueux des enjeux démocratiques, sont rares et éphémères au pouvoir. N’est pas Churchill ou de Gaulle, qui veut. Les récents succès électoraux de Javier Milei (Argentine) et Geert Wilders (Pays-Bas), comme le retour en grâce de Donald Trump (US), ne doivent cependant pas nous étonner. En période troublée, le peuple se cherche un homme, dit « fort », faisant rêver de grandeurs passées ou à venir. Au risque de Waterloo

 

La brûlante inquiétude du Pape et de Bruno Colmant – La Libre p.32  

Ce 21 novembre est parue ma chronique mensuelle dans le quotidien La Libre.

Elle tente de faire le lien entre un récent livre de Bruno Colmant, la dernière Exhortation apostolique du Pape et le résultat des élections en Argentine.

Pour la lire, cliquez sur : «  La brûlante inquiétude du Pape et de Bruno Colmant ».

Merci à La Libre de m’offrir cet espace de réflexion.

 

« Talent caché – talent gâché » – 33e dimanche, Année A

«J’ai eu peur et je suis allé enfouir ton talent dans la terre» (Matthieu 25, 14-30)

La parabole des talents est bien connue. Et chacun s’étonne de la colère du maître. En effet, le serviteur qui n’a reçu qu’un seul talent (grosse somme tout de même) n’a rien fait de malhonnête. Il rend l’argent confié. Et pourtant, son patron le traite de « mauvais et paresseux ».

Pourquoi ? Parce que – plutôt que d’oser prendre des risques – cet homme a écouté sa peur et a caché le talent qu’il aurait pu faire fructifier. La somme d’argent vise ici nos potentialités. C’est d’ailleurs le sens que le mot « talent » a reçu dans le langage courant – suite à cette parabole.

Tous nous avons de reçu des talents. Certains plus que d’autres. Cela fait partie de la vie. Certains connaîtront l’échec. Dieu ne nous en voudra pas d’avoir essayé et échoué. La seule chose qui nous sera reprochée, c’est d’avoir caché nos talents par peur de rater. Talent caché – talent gâché.

« La fourmi n’est pas prêteuse » – 32e dimanche, Année A

«Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure» (Matthieu 25, 1-13)

La parabole des vierges sages et des vierges folles que nous recevons ce dimanche comme Evangile, ressemble un peu à la fable de la Fontaine : « la cigale et la fourmi ». Les prévoyantes ne sont pas prêteuses et refusent de passer une partie de leur réserves d’huiles aux étourdies. Du coup, ces dernières ratent la noce.

Jésus ne fait pas l’éloge de l’avarice des vierges prévoyantes, mais met en garde contre l’étourderie des vierges folles. Combien de fois ne nous lamentons-nous pas en disant : « ah, si j’avais su ! »  Souvent, si nous avions été attentifs, nous aurions vu… mais notre cœur dormait. Alors, réveillons-nous et écoutons ce que nous suffle l’Esprit.

«Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure».

« Le piège de la fonction » – 31e dimanche, Année A

«Ne donnez à personne le nom de Père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux» (Matthieu 23, 1-12)

C’est toujours un peu bizarre de commenter en théologien un texte où Jésus s’en prend au docteurs de la loi – les théologiens de l’époque. De prêcher ce dimanche sur un Evangile où sont critiqués ceux qui se mettent tout devant en longues tenues – alors que le prêtre se trouve justement tout devant en aube, étole et chasuble. De l’entendre rappeler qu’il ne faut appeler personne « Père », alors que les paroissiens m’appellent volontiers « mon père ». Suis-je donc en flagrante contradiction avec la parole du Seigneur ? Cela dépend de mon attitude… La parole du Christ ne s’adresse jamais à l’apparence, mais au cœur et à l’esprit. Il me semble bon qu’il y ait des théologiens pour commenter la Parole de Dieu, ainsi que des prêtres reconnaissables pour célébrer l’Eucharistie, sans oublier des personnes dont les chrétiens nomment la paternité spirituelle en les appelant « mon père ». Tout cela me semble conforme à l’œuvre de l’Esprit, sauf si…

Sauf si je tombe dans le piège de la fonction. Si le théologien oublie que la Parole qu’il commente n’est pas la sienne, mais celle du Père ; si le prêtre perd de vue qu’il ne célèbre pas en son nom mais au nom du Christ ; si le père spirituel se met à croire que c’est sa petite personne qui donne vie et non l’Esprit…  Alors, le sacrement de l’ordre (le sacrement des personnes ordonnées : évêques, prêtres, diacre) n’est plus un signe de l’amour divin, mais il devient un mur qui fait écran entre le baptisé et le Christ. Voilà pourquoi le peuple chrétien doit prier pour ses ministres ordonnés : comme ils sont pécheurs comme tous les autres – et donc susceptible d’orgueil spirituel – seule la force de l’Esprit peut les aider à échapper, en tout ou en partie, à ce piège qui étouffe l’œuvre de Dieu.

Ceci permet aussi à chaque chrétien de comprendre que, si toute chose en ce monde peut être bonne – avoir, pouvoir, valoir – rien ni personne ne peut se prétendre absolu. Rien, ni personne ne peut prendre la place du Seul qui donne la vie en Esprit : «Ne donnez à personne le nom de Père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux».

« La communion des saints, la résurrection de la chair, la vie éternelle » – Toussaint et commémoration des défunts

«Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu» (Matthieu 5, 1-12)

L’Eglise catholique fête ce 1er novembre tous ses saints, soit ces défunts – connus ou anonymes – qui ont été perméables à l’amour divin sur terre et qui participent désormais à la plénitude du ciel. Leur course terrestre s’est achevée, mais ils sont tout sauf spirituellement morts. En Dieu, ils sont plus-que-vivants. Voilà pourquoi à ceux qui les invoquent, ils servent de premiers de cordée sur le chemin de la conversion. La communion des saints est cette solidarité profonde qui unit spirituellement les vivants sur terre et les vivants en Dieu.

L’Eglise catholique commémore ce 2 novembre plus largement tous les défunts, soit la multitude d’hommes et de femmes qui ont vécu leur grand passage. L’Eglise invite à prier avec eux, mais aussi pour eux. En effet, tout comme l’œil qui sort de la cave doit s’habituer à la lumière éclatante du soleil, de même beaucoup ont besoin d’une transition qui dilate leur cœur – état que l’Eglise du moyen-âge appela le « purgatoire ». La prière pour les défunts est donc une expression de la solidarité spirituelle qui unit les pèlerins de la terre à ceux du ciel.

Le culte des saints et la prière pour les défunts sont bien davantage que des fioritures de notre foi de baptisé. En voyant le nombre impressionnant de nos contemporains qui – en XXIe siècle – visitent encore les cimetières, nous constatons que l’affection pour « ces chers disparus » rejoint une intuition spirituelle profonde. En priant pour un défunt, nous l’accompagnons sur le chemin de notre commune destinée en espérance – la pleine communion dans l’Amour trois fois saint. Alors, l’adieu devient « à-Dieu ».

« S’aimer soi-même – vaste programme » – 30e dimanche, Année A

 «Quel est le plus grand commandement ?» (Matthieu 22, 34-40)

«Quel est le plus grand commandement ?» A la question posée, Jésus ne réponds pas : « Tu iras à la Messe tous les dimanches » ou encore « ta conduite sexuelle sera irréprochable ». Cela ne veut pas dire que ces points moraux sont sans importance pour notre développement spirituel – car ils le sont. Cela signifie simplement que le cœur du message est ailleurs : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit » Et encore : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Ces commandements sont à la base de tout développement spirituel authentique. On peut même les prendre à l’envers et commencer par le « s’aimer soi-même ». Vaste programme… Combien de fois de pieux paroissiens ne me confient-ils pas : « je ne m’aime pas ». Je leur réponds que – même si ce n’est jamais gagné – il y a là un travail spirituel à faire sur soi-même. Non pas pour s’aimer narcissiquement – au nom de l’orgueil et de l’égoïsme. Du genre « c’est moi le plus beau, le plus grand, le plus… ». Non, le défi chrétien est de s’aimer en esprit et vérité… S’aimer comme le Père du ciel nous aime.

En effet, celui qui ne s’aime pas – qui ne s’accepte pas tel qu’il est – n’aimera pas ceux qui lui sont proches. Soit il les admirera, soit il les craindra, ou encore les jalousera, etc. mais ne pourra développer avec eux une relation d’échange en vérité. Les personnes dures avec elles-mêmes sont dures avec les autres. Et puis – si je ne m’aime pas – comment aimer mon Créateur ? Pourquoi aimer l’Auteur de mon existence, puisque je n’aime pas la seule créature avec laquelle je dois vivre 24 heures sur 24 – c’est-à-dire moi-même ? Comment l’appeler « abba »« papa » – si je me trouve un enfant raté ?

S’aimer soi-même, vaste programme, mais programme de vie. Dans la mesure où j’apprends à vivre avec moi-même – comme enfant du Père céleste – j’apprends à vivre avec mon prochain comme un frère de ce même Père. J’apprends, enfin, à aimer ce Père avec un amour d’enfant. A dire : « Abba », « Papa ».  Vous n’y parvenez pas ? Priez l’Esprit, sans vous décourager. Le résultat pourrait bien vous surprendre. S’aimer soi-même, vaste programme ! Mais programme de l’Esprit en nos cœurs.

L’Eglise catholique face à la pédophilie – La Libre p.29

Ce 23 octobre est parue ma chronique mensuelle dans le quotidien La Libre.
Elle concerne un sujet douloureux et délicat, que les catholiques n’ont pas fini d’avoir à regarder droit dans les yeux.
Merci à la Libre de m’offrir cet espace de réflexion.