Je reçois de mes amis du Centre d’Action Laïque, le communiqué suivant – intitulé: « Libérer la recherche des dogmes religieux ».
Audition publique Jeudi 15 novembre 2012, 15h-18h Parlement européen, Bruxelles Bâtiment József Antall (sur l’esplanade) Salle 4Q2. En présence de Marc Tarabella, député européen ; Pierre Galand, président de la FHE ; Philippe Busquin, ancien Commissaire européen pour la Recherche, l’Innovation et la Science ; Pr. Pierre Vanderhaeghen, chercheur FNRS à Institut de Recherche Interdisciplinaire en Biologie humaine et moléculaire (ULB) ; Julian Hitchcock, avocat spécialisé dans les sciences de la vie et la propriété intellectuelle chez Lawford Davies Denoon.
Je cite le texte du communiqué: « Les institutions européennes négocient actuellement “Horizon 2020”, le nouveau programme-cadre qui déterminera les règles de financement pour la recherche en Europe pour 2014-2020. Le financement de la recherche sur les cellules souches embryonnaires humaines (CSEh) reste très controversé au sein de l’Union européenne. Ces derniers mois, plusieurs Etats-Membres et députés européens, soutenus par diverses organisations religieuses, ont demandé aux institutions européennes de couper tout futur financement public pour cette recherche « contraire à la dignité humaine ». Le Parlement européen se prononcera sur cette question en décembre de cette année. Cette audition publique vise à défendre la liberté de recherche en Europe par des arguments éthiques, scientifiques et juridiques. Nous discuterons plus particulièrement les implications éthiques, politiques et économiques du financement par l’UE de la recherche sur les CSEh, les promesses thérapeutiques de ces cellules à la lumière des récents développements scientifiques (par ex. le Prix Nobel de Médecine 2012) et les conséquences pratiques de la décision de la Cour de Justice de l’UE concernant le brevetabilité de la recherche sur l’embryon humain (« Oliver Brüstle c. Greenpeace ») pour les chercheurs européens. Plusieurs députés européens seront invités à réagir sur le sujet. Députés annoncés : Frédérique Ries, Groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe; Marisa Matias, Groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique; Marc Tarabella, Groupe de l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates au Parlement européen ».
Mon commentaire: Que les laïques européens organisent une audition publique pour défendre leur vision de la recherche dans l’Union européenne – c’est leur droit et c’est le jeu de la démocratie. Mais pourquoi donc – je suis fatigué de le répéter – dé-crédibiliser leurs opposants philosophiques en les présentant comme des obscurantistes?
Je cite leur communiqué: « Cette audition publique vise à défendre la liberté de recherche en Europe par des arguments éthiques, scientifiques et juridiques ». Or que font les défenseurs de la vie humaine à naître quand ils s’opposent à la recherche sur des embryons? Invoquer un dogme ou une révélation? Que nenni. Ils se réclament d’un argument éthique: « Toute vie humaine est inviolable ». Ils se fondent également sur un argument scientifique: « Aucun élément scientifique ne permet de déclarer qu’un embryon n’est pas « humain » à un stade précoce de son développement ». Enfin, de ce qui précède, ils tirent un argument juridique: « Un état de droit se doit de défendre toute vie humaine, même avant sa naissance ».
Je puis comprendre que les laïques européens ne partagent pas ce point de vue et qu’ils défendent une autre vision de la recherche médicale avec d’autres arguments éthiques, scientifiques et juridiques. Mais le faire en dé-crédibilisant leurs opposants – dépeints comme prisonniers de dogmes religieux – n’est pas digne du débat démocratique. De plus – si l’argument est pris au sérieux – cela signifierait que « la raison éclairée » se trouverait a-priori et préalablement à tout débat, du côté des thèses défendues par la laïcité philosophique. Une vision, somme toute, parfaitement… dogmatique.