« Appelé par son nom » – 4° dimanche de Pâques, Année A

« Il marche à leur tête et elles Le suivent, car elles connaissent Sa voix » (Jean 10, 1-10)

C’est une expérience que font les professeurs, les éducateurs, les hommes et femmes consacrés, les prêtres… et les parents. Un jeune que l’on a connu démuni à l’enfance et rebelle à l’adolescence, nous confie – devenu adulte : « Tu sais, sans toi je ne serais pas celui que je suis. Tu as été là quand j’avais besoin de toi ». Alors, une fierté nous envahit, car nous comprenons que nous avons été berger. 

Le Christ est le Berger du chemin qui mène vers le Père: « Il marche à la tête du troupeau et ses brebis Le suivent, car elles connaissent Sa voix ». J’ai compris cette parole, il y a une vingtaine d’années. Je faisais une marche dans les Causses – la région la plus désertique de France. Là ne poussent que des cailloux et des chardons. Je vis par une brûlante journée, ce vieux petit berger avec un vieux petit chien et un vieux petit troupeau. Le troupeau s’approcha et j’entendis que – de sa voix rauque – il appelait chacune des brebis par son nom. Et celles-ci reconnaissaient sa voix. Ainsi le Christ : Il appelle chacun par son nom. Heureux celui qui reconnaît Sa voix. Il est le bon berger.  

En ce dimanche des vocations, prions pour que – aujourd’hui encore – des jeunes entendent la voix du bon Pasteur et se mettent à sa suite.  Afin de devenir bergers à leur tour pour leurs frères. Comme époux et parents pour la plupart. Par un célibat généreux pour d’autres. Comme prêtres, religieux ou religieuses pour certains. Autant de chemins de sainteté différents à la suite de Celui qui guide le troupeau vers le Père.  

5 réflexions sur « « Appelé par son nom » – 4° dimanche de Pâques, Année A »

  1. «  Comme époux et parents pour la plupart. Par un célibat généreux pour d’autres. Comme prêtres, religieux ou religieuses pour certains. Autant de chemins de sainteté différents à la suite de Celui qui guide le troupeau vers le Père ».

    Dommage que l’Eglise ne reconnaisse que trois états de vie parmi la multitude et la complexité des formes d’amour et d’affectivité existantes. N’y a-t-il de sainteté que pour les époux, les célibataires abstinents et les consacrés ?

    1. Je suis toujours étonné d’un commentaire, non pas sur ce qui est écrit, mais sur ce qui n’est pas écrit. Je pense ne jamais avoir affirmée que la sainteté était fermée à qui que ce soit. Simplement, ce n’est pas le sujet de mon commentaire du jour.

    2. Non, mais – comme catholique – je suis toujours peiné d’appartenir à une institution qui ne reconnaît comme « vocation », comme état de vie que le mariage (hétérosexuel), la vie consacrée ou, si les circonstances l’imposent, le célibat (mais qui doit être vécu dans une abstinence sexuelle puisque seules les relations sexuelles dans le cadre d’un mariage hétérosexuel sont considérées comme légitimes). Cela me semble dramatique de ne présenter aux jeunes qui cherchent « la volonté de Dieu » dans leur vie que ces quelques options qui ne sont que le produit d’un construit social et culturel. Quelle violence ce doit être pour celui qui ne rentre dans aucune de ces cases, pour celui dont le désir le pousse à vouloir autre chose.

      Je ne cherche ici nullement à polémiquer gratuitement. Je partage une interrogation qui m’habite, une incompréhension devant un discours officiel que je ne peux m’empêcher de voir comme extrêmement violent pour tous ceux et toutes celles qui ne sont ni époux, ni consacrés, ni célibataires chastes. Quelle place ceux-là peuvent-ils trouver dans nos paroisses ? À entendre les discours de certains clercs ou bons catholiques, ces personnes n’ont une place dans l’Eglise qu’à condition de se convertir vers « un amour vrai » (Aimer en vérité, écrivait le très médiatique Père Grosjean). Imagine-t-on par exemple, dans nos paroisses, qu’une femme puisse dire librement et sans être jugée, « je ne désire pas d’enfant » ou « je ne désire pas me marier » ? Imagine-t-on qu’un jeune puisse dire librement et sans être jugé « je désire vivre librement mon homosexualité » ? Heureusement il existe des lieux d’Eglise ouverts et inclusifs où de telles paroles peuvent être dites, mais en combien de « belles communautés chrétiennes » de tels choix seraient jugés et considérés comme devant faire l’objet d’une conversion ? Et cela a comme soubassement une théologie de la vocation très traditionnelle qu’il conviendrait selon moi de repenser radicalement.

      1. Cher Smaeyl, Il y a deux choses différentes dans votre argumentation. Les états de vie que l’Eglise promeut, ne sont pas qu’un construit culturel. Ce construit culturel est issu d’un projet sur l’homme et la société. Pourquoi notre société actuelle si sécularisée n’admet-elle pas de reconnaître la polygamie? C’est un choix politique qui se fonde sur une vision de l’humain. Il en va de même dans l’Eglise. Dire, pour autant, que ceux qui ne rentrent pas dans les cases d’un idéal n’ont aucune place dans l’Eglise, n’est pas juste en droit et en fait. En droit, car si on écoute le message de l’Evangile et de l’Eglise, toute personne est enfant de Dieu, quelle que soit sa situation affective (et personne ne vit une affectivité « idéale »). La première missionnaire du christianisme était la femme samaritaine que Jésus rencontra autour du puit… une personne qui collectionnait les maris 😉. En fait, car il y a dans les structures d’Eglise nombre de personnes laïques qui vient des situations différentes des états de vie classiques (divorcés-remariés, homosexuels, situation maritale « compliquée », …) Il serait myope d’enfermer un baptisé dans sa situation affective. C’est sur l’Amour que nous serons jugés.

  2. A Smaey,
    Je ne peux parler que de ce que je connais et donc, par expérience personnelle , j’ ai constaté qu’un célibat est d’autant plus généreux ( » généreux » selon l’ expression du Père Eric )qu’il est chaste, sobre, humble …
    Le célibat n’est pas non plus simplement  » imposé par les circonstances  » : il peut être subi, consenti, à durée déterminée, choisi.
    Et dans notre société de surconsommation, de surconnexion, de gourmandises tous azimuth, de jeux de pouvoir et de manipulation, la chasteté est beaucoup plus que la chasteté. Je dirais une manière d’appréhender le monde sans vouloir le saisir, le posséder, le gagner pour soi ….

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