« Grâce à Dieu » – film de François Ozon

« Grâce à Dieu », le film de François Ozon, commence à être diffusé en Belgique. Normalement, je m’abstiens d’aller au cinéma (un de mes hobbys) en carême, mais ici, j’ai fait une exception. Le sujet de la pédophilie au sein de l’Eglise me touche de trop près, pour que je fasse l’impasse. Il y a dix ans, c’était la Belgique qui était dans l’oeil du cyclone avec la démission-choc de l’évêque de Bruges. Comme porte-parole des évêques, je me trouvais alors en première ligne. 

Le film d’Ozon n’est pas dénué de petites faiblesses, propres à une production à modeste budget. Ainsi, pour la scène de la confirmation (tournée dans une église belge), l’accessoiriste a sorti des chasubles de musée. Il aurait pu emprunter des vêtements liturgiques actuels. Plus troublant, voici (encore) un film français où les acteurs fument énormément. Cela souligne la souffrance des protagonistes, mais constitue malgré tout une publicité déguisée pour l’industrie du tabac (volontaire?).  

Ceci étant dit, quant au fond, « Grâce à Dieu  » est un film puissant, parce qu’il n’est pas une fiction à thème. Il se contente de raconter le drame de l’abus sexuel, en suivant le vécu et le regard des victimes. Cette sobriété rend la narration plus dure encore. En sortant de la salle du cinéma un peu groggy, je sentis le regard lourd de certains spectateurs, apercevant mon clergyman. 

J’avais été visionner le film avec 3 amis: deux femmes et un homme.  L’homme était troublé, mais soulignait que l’époque avait changé. Une des deux amies se demandait ce que nous transmettions dans l’éducation, pour qu’un enfant ne puisse pas dire « non » à un adulte pervers. L’autre amie ne comprenait pas que le père Preynat n’ait pas été arrêté par l’Eglise: comment a-t-on pu le laisser faire tant de victimes? Moi-même, je mentirais si je niais ma honte en sortant de la salle obscure. En effet, je ne puis – malgré tout – que me sentir solidaire de cette Eglise institutionnelle qui, face à l’évidence, semble une fois de plus sourde et aveugle.

Et l’évidence est qu’un pédophile patenté ne peut rester au contact avec des enfants, surtout dans une fonction aussi symboliquement chargée que celle de prêtre… N’importe qui, avec un minimum de bon sens, sait cela. Alors, une institution où – par excellence – les enfants devraient être en sécurité… comment a-t-elle pu l’oublier ?   J’ai surtout été marqué par cette scène du film (apparemment vécue) où Alexandre, la première victime a avoir porté plainte, est invité par la psychologue du diocèse à prier avec son agresseur… Quelle confusion des genres! Dans ce genre de situation, la cicatrisation des blessures ne peut être envisagée, si ce n’est dans la vérité et la justice. 

Isabelle de Gaulmyn, responsable pour l’information religieuse du quotidien La Croix est originaire de Lyon et a fréquenté le groupe scout, où a sévi le père Preynat. Elle est donc plus légitime que moi pour expliquer ce qui s’est passé, ce qu’elle a fait par un livre, mais aussi sur son blog ici et encore ici

Personnellement, en guise d’explication c’est bien la notion de « cléricalisme » dont parle si souvent notre Pape, qui me vient à l’esprit. Et ce, dans une double dimension:

Le cléricalisme comme esprit de caste, qui aveugle face aux évidences. Ainsi, ces militaires qui refusent de voir des crimes de guerre ; ces économistes qui nient des situations béantes d’injustices sociales; ces politiques qui ne comprennent plus ce qu’est le bien commun… Bref, chaque fois que « l’entre-soi » brouille le sens du réel. Les responsables de l’Eglise de Lyon ne sont pas des monstres. Mais ils sont devenus les rouages myopes  d’un système qui se préserve, et que seule l’action extérieure de la justice a pu gripper. A leur place, aurais-je été plus lucide? 

La seconde dimension du cléricalisme, est celle qui donne de confondre l’institution avec l’Eglise, en tant que peuple de Dieu. A la fin du film, le fils d’Alexandre demande à son père: « Papa, tu crois toujours en Dieu? » Bien sûr que je comprends l’interrogation du jeune homme et, qu’à sa place, j’aurais eu la même. Mais la véracité du christianisme ne dépend pas de la crédibilité du clergé. C’est le cléricalisme qui donne de confondre les deux. Je me souviens de la remarque d’un intellectuel catholique flamand, face à la vague d’apostasies (appelée improprement « débaptisations ») qui a suivi le scandale de l’évêque de Bruges: « Je ne vois pas en quoi les turpitudes d’un prélat de Flandre occidentale affecteraient la question de savoir si – oui ou non – le Christ est Fils de Dieu et mon Sauveur ». Ce chrétien laïc avait compris que la sainteté de l’Eglise découlait de Dieu, qui seul est saint. Et que c’est sur Sa sainteté que tous les baptisés – laïcs comme clergé – se greffent. Comme me dit un jour ma mère: « plus je fréquente l’Eglise et plus je crois en Dieu. Sans Lui, il serait impossible qu’elle se maintienne, avec la médiocre qualité de leadership de nombre de ces clercs ». C’était dit avec humour… et amour, mais cela fait mouche.   

55 réflexions sur « « Grâce à Dieu » – film de François Ozon »

  1. « La véracité du christianisme ne dépend pas de la crédibilité (ou de la sainteté?) du clergé ». Très juste réflexion, Eric. En effet, c’est un peu comme si des élèves avaient à juger de la véracité des mathématiques en fonction du prof de math qui les donne. Autrement dit: le plus brave type du monde qui dirait que deux et deux font trois, aura tout de même tort face à une crapule qui dit que cela fait quatre. Le drame, c’est d’en arriver à mêler deux choses bien différentes: le comportement que peuvent avoir certains êtres humains avec les idées qu’ils avancent. Non, ce n’est évidemment pas parce que certains prêtres ont pu avoir des comportements déplorables que Dieu n’existe pas ou que Jésus n’est pas corporellement ressuscité. Mais il est hélas, des attitudes qui, beaucoup plus sentimentales et politiques que relevant d’une réflexion logique, amènent plus d’un à renier ce qui rationnellement est fondé

  2. Vous insistez sur le clericalisme comme cause de ces abuts. Je lis depuis quelques temps qu’il y aurait aussi une tendance homosexuelle importante dans une partie du clergé et que cela serait une cause aussi, et même fort importante (L’affaire de l’évêque Viggano est assez troublante). Que savez-vous et pensez-vous de cela ?

    1. La question de l’homosexualite est à considérer comme élément de discipline du clergé, mais ne peut être confondue avec toute forme de négligence pour empêcher la pedophilie. J’y reviendrai quand j’aurai terminé de lire la ´brique’ de Frédéric Martel. Une chose est claire: l’homosexualite touche toutes les tendances dans l’Eglise… surtout les plus tradis.

      1. « surtout les plus tradis »

        en voila une accusation rapide et sans explication (s) Je sais que ce péché est aussi présent chez les tradi (j’emploie le mot péché à dessein) mais vous semblez être comme Martel : plus on est homophobe plus on a des tendances homosexuelles (l’auteur laisse entendre que même le pape émérite serait mais peut-être pas …. ).

        Pourriez-vous expliquer et surtout prouver ! Rien ne s’affirme sans preuves ou vos sources.
        Merci Monsieur l’abbé !

        1. Non, je n’explique, ni ne prouve… Je réponds simplement à ceux qui ont inventé un ´lobby gay ´ autour du pape François, que cette fake news n’a aucun fond. Pour le reste, lisez ce que j’ai déjà écrit à propos du livre de Martel…

      2. « surtout les plus tradis »…
        Aïe ! Et une petite pierre du mauvais côté la balance lors de votre jugement particulier…

        1. Mais vous serez là pour intercéder pour moi, avec la miséricorde chevillée au corps… n’est-ce pas? 😉 Ceci étant dit… lisez Sodoma. Même si le tiers du quart de la moitié de ce qui y est décrit, est véridique – un sérieux examen de conscience serait utile de la part de tous les « gardiens de la vertu ». Ceux-là même qui se déchainaient jadis contre le Christ.

  3. Cet éditorial pourrait porter le titre « Éloge du clivage ».

    Pour sauver les meubles, vous prônez un clivage entre L’Église des pécheurs, imparfaite comme tout le monde le voit bien, et cette Église mystique, parfaite, épouse du Christ, infaillible, etc. En somme, il s’agirait de ne pas renier celle-là à cause des turpitudes de celle-ci.

    Je ne crois pas que ce clivage soit tenable. D’ailleurs, n’y a-t-il pas des circonstances où la sainteté de cette fameuse Église mystique est censée se manifester de façon bien visible et infaillible ? Par exemple quand cette Église « sainte » canonise « infailliblement » le protecteur de Marcial Maciel ou le débile narcissique franquiste Escriva de Ballaguer ?

    Sébastien, baptisé agnostique

      1. « seul Dieu est saint » est une proposition judéo-protestanto-islamique compatible mais pas catho-compatible. L’eglise est bien sainte et donc pas seulement Dieu. L’esprit dit « saint » ne soufle pas préférentiellement dans l’eglise catholique selon les judéo-protestanto-musulmans mais bien selon les cathos évidemment. Donc, selon les cathos, Dieu fait de l’eglise catholique une institution sainte à l’inverse de toutes les autres…et cette spécificité de l’institution catholique devrait se voir…selon la doctrine catho elle-meme.

        Marie, baptisée et athée

        1. C’est fou… tous ces athées spécialistes en théologie catholique. La sainteté de l’Eglise vient de Dieu. Sa Grâce agit dans l’Eglise catholique, mais sans exclusivité. Sa Grâce donne foi, espérance et charité… les vertus theologales. Éric, Master en théologie dogmatique de Rome

          1. Vous vous moquez très cléricalement de Marie mais comme baptisée elle fait Église avec vous, non ?

            Sébastien, baptisé catholique, multiplement anathème selon Quanta Cura

          2. Vous ne m’avez pas lu avec les bonnes lunettes. Non, je ne me moque pas de Marie. J’en appelle à un peu de prudence avant de s’autoproclamer expert en théologie de l’Eglise.

          3. Pour répondre à Sébastien, à propos de « faire Eglise » avec un athée baptisé.
            L’agnostique ne sait pas et/ou pense que l’on ne peut pas savoir si Dieu existe. par contre l’athée croit que Dieu n’existe pas. Il me semble donc impossible de faire Eglise avec quelqu’un qui pense que Dieu n’existe pas. Si Dieu n’existe pas, notre foi est vaine et l’Eglise n’a aucun sens.

          4. @E. Lacoste: Il est acté à Saint-Christophe de Charleroi que j’ai été baptisé (bébé), c’est un fait historique comme ma première dent, je ne prétends pas me faire « débaptiser » juste parce que je pense qu’il n’y a probablement pas de dieu ou alors qu’il n’a pas de relation avec nous. Mais je suis anathème déjà rien que selon la deuxième thèse du Syllabus (et bien d’autres) et donc « coupé de L’Église », selon votre expression.

            Cohérent avec moi-même, j’ai refusé jadis de faire une parodie à l’église et de prendre des engagements frauduleux « devant Dieu et son Église » comme « partie croyante » d’un « mariage mixte » avec ma femme athée (néanmoins baptisée catholique), juste pour satisfaire la famille. Je continue depuis à entendre que notre engagement, néanmoins pour la vie et ouvert à la procréation, selon l’expression catho, n’est « pas un vrai mariage ». Et cela parce que nous avons été baptisés. La case église s’imposerait de ce seul fait. Que l’ensoutané à Charleroi acte donc notre engagement catho-compatible devant l’échevin dans son gros bouquin, je n’ai pas d’objection. C’est délirant cette histoire.

            On n’appliquerait pas la même grille de lecture à un couple marié dans une autre religion ou bien à des athées non baptisés. Si ces derniers décidaient de se faire baptiser catholique, on les considérerait comme déjà mariés validement. C’est parfaitement injuste votre truc. Qu’on vienne encore me raconter que le baptême des bébés est un cadeau et autres salades.

            Sébastien, baptisé catholique qui abhorre Quas Primas

            PS: vous êtes prêtre ?

          5. C’est quand même bizarre, non ? Je suis « out » parce qu’agnostique mais quand même « in » si on parle de mariage et d’enfants. Je me souviens pourtant avoir lu dans Matthieu 5-37 « que votre réponse soit oui oui, non non », et j’ajoute « tout le reste vient des S.J. »

          6. Revenons-en au film. Je crois lire en filigrane que, sous la plume de l’abbé, les contenteurs de l’Eglise en sont pour leurs frais : un film hypocrite (participation des cigarettiers au financement du film) et de mauvaise foi (chasubles outdated). Mais enfin personne n’a jamais prétendu que ozon a été traversé par l’esprit saint pour réaliser un tel film. Je n’ai pas vu cette oeuvre mais formuler de subtiles insinuations, par le petit bout de la lorgnette, concernant des intentions supposément moins « nettes » que ne se les imaginerait le vulgum pecus dans le chef du réalisateur ou de la production, est une méthode de délégitimation en deça de la haute idée que je me fais de la fonction d’un vicaire épiscopal de la bonne ville des princes évêques.

            Marie, master en psychologie clinique de bruxelles

        2. Je crois qu’on peut avoir différentes approches du mot ‘saint’ ? Ce mot ne désigne pas seulement ceux qui ont été élevés à cet état par nomination mais tous ceux qui cherchent en silence et en vérité ! Nous sommes l’Eglise et cette Eglise est sainte si tous cherchent à approcher la sainteté ! Je suis consternée et dans la honte lorsque je vois ce que certains osent faire, oubliant qu’ils sont des guides pour les croyants, mais rien ne m’empêchera jamais de garder ma foi en Dieu et en Christ, malgré tous ceux qui les dénaturent.

          1. Le « sans exclusivité  » nous aide à aimer, à croire et espérer en chaque être humain quelle que soit sa religion ou son absence de religion.
            Que vouloir de plus ….

          2. Oui, nous portons la consternation et la honte collectivement. Mais n’en est il pas ainsi dans toutes les familles aimantes ….Contre toute logique ?  » Il n’est pas lourd, il est mon frère » répondait l’enfant à celui qui s’inquiétait du poids du petit frère porté sur le dos.

          3. @E. Lacoste: merci pour votre réponse. Vous croyez bien que le baptême est indélébile (comme le rappelle l’abbé à la fin de son article), je suppose. Donc la mécréance n’est pas censée retirer l’appartenance à L’Église. L’éventuelle incohérence d’un athée baptisé n’est pas censée changer la donne. D’ailleurs, si cet athée décidait de retourner à l’église et de communier on ne le rebaptiserait pas, un passage par la case confessionnal suffirait. Ou alors je n’ai vraiment rien compris au caté.

          4. @Sébastien
            Bien sûr le baptême est indélébile. Mais prenons le cas d’une personne excommuniée : elle se coupe de Dieu et n’est plus dans l’Eglise. De la même manière, une personne athée, qui croit que Dieu n’existe pas, est aussi coupée de Dieu et ne peut donc pas non plus être dans l’Eglise.
            Le baptême perdure effectivement, et l’athée, comme l’excommunié, peut revenir dans l’Eglise sans devoir être rebaptisé. Mais cela n’empêche pas d’être coupé de l’Eglise entre-temps.
            Etre dans l’Eglise, c’est fonder toute sa vie sur Dieu et partager cette idée et cette vie avec les membres de l’Eglise. Comment partager cela avec quelqu’un qui sait que la base de cette vie (Dieu) n’existe pas ? On ne pourrait être que dans du superficiel, ce qui n’est pas la vie d’Eglise.

          5. A Marie 12 Avril 19.40

            Votre commentaire sur le texte d‘EDB m‘a frappé comme très injuste.
            En effet, voici un membre de l‘Eglise qui crie – le mot n‘est pas trop fort – sa honte et sa souffrance devant ce qui se passe au sein de l‘Eglise, mais vous, vous venez lui prêter des intentions de „ déligitimer“ ce film ( que je n‘ai pas vu) parce qu‘il a éte frappé par l‘un ou l‘autre détail qui lui semblait incorrect.

            Le fait que EDB ait pris le temps et la peine de rédiger ce texte prouve en fait tout le contraire: il a dû juger que le film reflétait une réalité vécue, dans toute sa cruauté.

            Celà vous dérange-t-il à ce point ?

  4. A Boissière,
    Je n ‘ai pas lu le livre mais j ‘en ai entendu parler sur aleteia.org fr . Deux très bons articles, ( résumés) à mon humble avis.
    Là, on lit que la proportion d’homosexuels est la plus importante dans le collège des cardinaux.
    L ‘ autre article parle de proportions croissantes en fonction de la hiérarchie.
    (toujours selon le livre).

    Reste à connaître la proportion de tradis chez les cardinaux et dans la hiérarchie. ( pour répondre à votre question et lever la confusion).
    Mais en plus il y a au moins 6 sortes d’homosexuels dans l’ église : des refoulés, des pénitents, des pratiquants etc… Je ne sais pas si on mentionne ceux qui vivent leur homosexualité dans la chasteté par obéissance à l’ église ( Antoine Bodar, pr. à Rome et à Amsterdam et Julien Green, écrivain catholique, par ex.)
    Inutile donc de soupçonner ( fantasmer sur) le brave curé de votre paroisse. On ne voit d’ailleurs pas quand il aurait le temps de  » pratiquer » vu qu’il est partout en même temps et qu ‘on  » sent  » qu’il prie et fait silence dès qu’il peut. Certains prétendent même qu’ils ont un jour pu voir à son regard qu’il était sensible au charme féminin.

  5. (suite)
    Je n’ ai pas lu le livre et je ne le lirai pas.
    Rome est loin, et c’est ici et maintenant que je veux vivre ma foi.
    On a vu ce qui est arrivé à cette pauvre Madame Loth qui s’était attardée, seulement d’un regard, sur la ville de Sodome.
    Je suis aussi curieuse qu’elle et si je commence à lire le livre, je serai pétrifiée de confusion et de questions sans réponse pendant des semaines.
    Je reste donc dans ma paroisse même si on y éprouve moins de  » sensations ».

    1. Cette référence à Madame Loth, c’ était une tentative d’humour.
      La vraie raison pour laquelle je ne lirai pas le livre c’est que l ‘ étude est biaisée dès le départ. N’ y parlent de sexualité que ceux qui aiment parler de leur propre sexualité et de celle des autres .
      Alors que pour la plupart d’entre nous chaque acte sexuel, si infime soit-il est sacré ( c’est ce que rappelait Obama aux adolescents dont il visitait l’ école).
      Et la plupart d’entre nous ne se confie qu’à des personnes qui écoutent avec respect et gardent tout dans leur coeur ( Le chagrin d’amour lui -même est tellemement sacré qu’en Flandre nous n’en prononçons que les initiales . Nous disons LEDEVEDE (pour liefdeverdriet)).
      L’écoute militante, triomphante, ricanante est d’un tout autre ordre. ( Je m’ étonne d’ailleurs qu’un sociologue, nécessairement au courant de tous les avatars et de l’inutilité du Rapport Kinsey par ex. n’ ait pas montré plus de prudence).
      J’ai lu d’autres briques ….. des biographies d’ artistes et d’écrivains célèbres. Chaque livre était AUSSI le fruit d’ années d’un travail patient et respectueux
      J’ai pleuré quand Jenny Lind dédaigna l’ amour d’ Andersen( dont il porta un souvenir en médaillon qu’on ne découvrit qu’à sa mort).
      J’ ai souffert avec Régine Olsen et Kierkegaerd ( elle devait avoir 15 ans quand il l’ a rencontrée, il n’eût pas l’ occasion de lui demander pardon à la mort de son père, le conseiller Olsen….
      Je mes suis demandé quel rôle la maladie avait bien pu jouer dans la rupture Chopin- Georges Sand . J’ ai essayé de partager en pensée la vie recluse d’ Emily Dickinson après son grand chagrin. ……
      Etc…. ( les ex. sont nombreux)
      Alors quand je retrouve mes amis en biographie sur des  » listes d’homosexuels célèbres  » , je me dis que ces fake news ( aucune preuve tangible) n’ aident pas à comprendre l’ homosexualité. N’ aident personne à avoir une vie ( homo-hetero ) sexuelle épanouie. Au contraire.
      Pour comprendre nos amis homosexuels ,je préfère voir un film comme  » My beautiful Laundrette »,  » The kiss of the spider women » ou lire un livre comme « la confusion des sentiments « ( S.Zweig) ,  » Fragments du discours amoureux ( Roland Barthes) ,  » Ongeordende liefde  » ( Antoine Bodar) …..

      Le livre Sodoma croit servir la cause homosexuelle , l’ ephebophilie, le mariage homosexuel, la GPA …..
      Je crains que ce ne soit le contraire.
      De tout coeur avec ceux qui, par devoir d’état, doivent lire ce livre.

      1. PS :  » mes amis par biographie interposée  » est sans doute plus facile à comprendre.
        PPS :  » La question de l’ homosexualité est à considérer comme élément de discipline du
        clergé « nous dit le Père Eric.
        En effet, beau résultat de ce livre : l’église catholique devrait soit devenir aussi sévère en matière
        d ‘ homosexualité masculine que toutes les autres religions monothéistes. Soit se distancier de ces religions par une permissivité extrème et un militantisme LGBT.
        Par contre , des études sur l ‘éphébophilie et l’ homosexualité d ‘adolescents en quête de père ou de  » modèle plus ou moins prestigieux  » pourraient prévenir des abus de pouvoir avec implication sexuelle ( abus de pouvoir légalement punissable s’il y a plainte. Aussi dans l’ l’ heterosexualité comme on a vu récemment sur Arte).

    2. Que je lise ou non ce livre, que j’aille ou non voir le film ne changera rien à ma confusion et à ma déprime… au contraire cela ne fera qu’aggraver ma tristesse …

      1. Oui, Marie Madeleine. Pour se remonter un peu, il faudrait passer la veillée pascale 2019 à Tournai ( 78 baptêmes d’adulte ), ou à Bxl ( 54) ou à Liège (29 )….
        Mon diocèse est le grand perdant ( 5). Votre diocèse , Bruges, : 8. Anvers peut se réjouir d’avoir préparé 19 catéchumènes . 19 ! ? ! Oui mais Anvers est une ville très mariale : depuis toujours on y fête les mamans le 15 août , plutôt que le deuxième dimanche de mai comme les païens :-)…..
        Confions nous les uns les autres au Dieu Vivant ! ( Taizé ).

        1. PS : Pardonnez moi de tant m’intéresser à ces chiffres. En fait, étant moi même convertie à l’ âge adulte ( j’ ai communié pour la première fois à 33ans) , je supporte un peu mon équipe.

        2. Je me dis parfois avec un peu de tristesse que j’ai déjà reçu tous les sacrements et que le seul que je pourrai encore découvrir est l’extrême-onction :-) On devrait pouvoir refaire une profession de foi bis !

  6. Pardonnez-moi de sortir de ce débat au sujet des péchés (bien réels) de l’Eglise. Nous sommes à quelques encablures de cette fête extraordinaire qui est celle de Pâque. Aussi, permettez-moi de vous faire part d’un petit texte que j’ai écrit hier et qui est publié aujourd’hui dans le « Courrier des lecteurs » de la « Dernière Heure », journal que je ne peux que remercier de laisser la parole à quelqu’un qui, comme moi, s’efforce tant bien que mal d’être chrétien…
    « Finalement, la doctrine du christianisme peut se résumer en ces mots: création, chute, incarnation, rédemption, résurrection. Telle est sa charpente et ce qui la distingue de toutes les philosophies et religions. Sans le Christ rédempteur, corporellement ressuscité, la foi chrétienne ne serait plus qu’un message philanthropique qui, loin de répondre aux questions essentielles de l’existence humaine (qui sommes-nous, d’où venons-nous et où allons-nous?), n’aurait plus de raison d’être. Hélas, tellement englué dans une conception matérialiste de la vie, l’être humain ne réalise plus que son existence si brève sur cette terre est avant tout une salle d’attente; un lieu où il est invité à se préparer à aller au ciel. A la question: « Selon vous, quel est le plus grand mal de notre époque? », le philosophe Gustave Thibon répondait: « Exiger du temps qu’il tienne les promesses de l’éternité. Dieu et l’homme sont comme deux amants qui se sont trompés sur le lieu du rendez-vous: l’homme attend Dieu dans le temps et Dieu attend l’homme dans l’éternité ». Oui, pour le chrétien que j’essaye d’être tant bien que mal, une phrase de saint Paul dans son épître aux Philippiens ne cesse de m’habiter tant elle résume mon espérance: « Notre véritable patrie est dans les cieux, d’où nous viendra Notre Seigneur Jésus-Christ qui transformera notre corps humilié pour le rendre semblable à Son corps de gloire ». Puissent tous les pauvres et les malchanceux de cette terre se retrouver dans cette espérance prodigieuse! »

    1. J’ajouterais bien un petit mot imagé à votre excellent message, mot qui n’est pas de moi mais d’un prêtre lors d’une retraite : la société à changé, car avant, l’homme pensait vivre 45 ans + une éternité, aujourd’hui l’homme pense vivre 85 ans seulement. Et donc la perspective et la vie changent.

  7. Vatican II n’était donc qu’un écran de fumée et tout ce beau monde est resté bien facho jusqu’au trognon. L’union des étudiants catholiques de l’ULG porte le nom d’un vichyste maurrassien ami des Le Pen, on chemine avec saint Josémaria dans les kots de l’UCL. Tout ça sent bon la phalange, l’OAS et Mgr Lefebvre. Il est grand le mystère de la foi.

    1. Je pense qu’il ne faut pas voir des fachos partout! Trouvez-vous par exemple que « la Manif pour tous » ou que le philosophe chrétien François-Xavier Bellamy (tête de liste « LR » aux européennes) en font partie? …

    2. Je pense que votre phrase « tout ce beau monde » est un peu simpliste : comme on dit aujourd’hui « pas d’amalgames » :-) ! Je ne connais par cette union d’étudiants mais je pourrais vous en citer tant d’autres qui sont dans une dynamique tellement différente… Seulement, me liriez-vous ? Pourriez-vous admettre qu’il existe autant de mentalités qu’il y a de chrétiens ? Après tout « Il y a plusieurs demeures dans la Maison du Père » et Dieu seul juge …

      1. @Marie-Madeleine Clobus: j’imagine que vous parlez de cercles étudiants bien rouges, comme on en voit sur le Solbosch. Oui, je vous lirais. Par rapport à l’ULg, je faisais référence au sieur https://fr.wikipedia.org/wiki/Gustave_Thibon cité ci-dessus, qui n’a pas juste fait une erreur d’appréciation en ’40 avant de se raviser. Lisez l’article si vous ne me croyez pas.

        @muriel lehembre-bailleul: si l’Eglise prétend annoncer l’Evangile, ça ne peut pas se faire sur l’air de « geen ruzie ». Vous devriez être flattée qu’un anticlérical sache faire la différence entre un salut du saint sacrement et une messe ;-)

        1. A Sébastien,
          Convertie vers mes 30 ans , sortant d’un milieu extrèmement antifasciste, pas du tout  » geen ruzie  » comme vous dites ( mais alors là pas du tout ) ancienne militante moi- même , j’ avoue qu’ encore aujourd’hui , je dois faire de grands efforts pour aimer mes ennemis, bénir ceux qui nous persécutent ( au Moyen -Orient et un peu partout : voyez les chiffres d’ Amnesty sur la persécution des chrétiens dans le monde …), aimer tout simplement.
          Je n’y réussis qu’ avec l’ aide ininterrompue, permanente de Dieu. Malheureusement je suis encore très souvent imperméable à cet Amour. Alors je vais me confesser , avec une liste si vous voulez tout savoir ( la discipline de Parti m’ est restée).
          Alors je comprends mal votre hargne vis à vis des personnes. Ne nous disait-on pas qu’il fallait haïr le capitalisme et non les capitalistes ,eux mêmes victimes d’un système où l’ homme est un loup pour l’homme. Aliénés ?
          J’ ai aussi connu le temps où le Parti communiste français était contre l ‘avortement et le Parti
          communiste italien contre le divorce. Le temps où les rouges , comme vous dites, aimaient leurs familles et leur famille. J’ ai continué à aimer les familles quand les rouges n’ont plus aimé les leurs suivant les bleus dans leur libéralisme, leur libertarisme et leurs libertinages .
          Antifasciste oui. Mais compréhesive envers le mineur italien qui, obéissant à l’invitation de Mussolini -c’ était avant la guerre- envoyait ses enfants en Italie pour les vacances.
          Enfin c’est dans l ‘ Eglise que j’ ai rencontré le plus de  » sobriété heureuse ». Depuis 2000ans.
          C’étaient quelques mots pour que vous compreniez pourquoi le  » Il ne faut pas voir des fachos partout  » de Jean Pierre Snyers m’ avait fait sourire. Et aidé à ne pas réagir avec de la violence verbale.
          Je vous rends votre clin d’oeil. Vous êtes un anticlérical très cultivé . Plus cultivé que moi.

        2. un tout grand merci pour la page Wikipedia sur Gustave Thibon.
          La référence numero 10 où il parle de Simone Weil est remarquable.
          Rien que pour ça ….

        3. Sébastien,
          Je ne connais pas du tout les « cercles du Solbosch » (?); ce que je connais par contre, ce sont des groupes de chrétiens, ouverts et progressistes, engagés dans un mouvement visant l’oecuménisme (c’est-à-dire, l’amitié et la paix entre ceux qui sont de la grande famille Chrétienne) et je connais aussi parmi eux pas mal de gens qui ne sont ni fachos ni rouges (!) et que ce clivage n’intéresse même pas mais qui tentent le dialogue entre gens de bonne volonté.
          Ils s’occupent de personnes handicapées, de personnes sans abris etc. Ils ne portent pas leur engagement sur leur bannière ou leur ceinturon mais oeuvrent dans la discrétion, par amour de Dieu et de leur prochain.

          Il me semble, en vous lisant, que vous ne vous relevez pas d’une ou de plusieurs blessures, ce qui expliquerait votre style un peu … agressif; cela m’amène à vous répondre, non de tenter de vous persuader … sans plus !

          1. A Sébastien ,
            Je pensais défendre un peu Gustave Thibon et surtout Simone Weil mais finalement je suis
            tombée sur une couverture de RésistanceS qui montre que les antifas peuvent être très sympa quand ils disent, par ex. :
             » L’ extrémiste de droite,
            Le nationaliste,
            Le raciste
            est quelqu’un qui se trompe de colère « .
            Les étudiants dont parle Marie-Madeleine sont en colère contre les malentendus, la pauvreté, l’indifférence, l’incurie et transforment cette colère en amour du prochain.

          2. Marie-Madeleine, je vous laisse spéculer sur mes « blessures ». Après tout, l’Eglise a produit tellement de handicapés dans ses petits séminaires, ses orphelinats (Irlande, Canada, Australie notablement) et toutes les institutions où elle a le pouvoir comme ses écoles et mouvements de jeunesse.

            Le film d’Ozon est centré sur trois victimes du père Preynat dans le cadre d’un groupe scout mais la Parole Libérée a recensé plus de 70 victimes de ce seul prêtre. Preynat a été protégé par sa hiérarchie jusqu’au moment où le scandale public a rendu impossibles les petits arrangements « geen ruzie » et les mutations silencieuses.

            Alors tant mieux si des chrétiens font du bien autour d’eux mais je n’ai aucune confiance dans l’institution ou sa capacité à se réformer sans pression extérieure. Vous pouvez toujours prier pour que l’anticlérical que je suis connaisse un chemin de Damas ;-)

  8. Vous êtes gentil, Jean Pierre avec votre :  » Il ne faut pas voir des fachos partout « . Vous devriez donner des cours de communication non -violente. Mais chez vous c’est spontané. Désarmant.

      1. Oh ! non, il m ‘arrive souvent devant l’injustice de certaines étiquettes, de tenir en moi-même un langage genre le Père Guy Gilbert, en beaucoup plus pire.

    1. Sébastien

      Vous êtes tout à fait libre de détester l’Eglise catholique et ses institutions. Ce qui est remarquable chez nous c’est cette liberté d’entrer ou de sortir de l’église. Vous n’aimez pas ? C’est votre droit !
      Bonne nuit !

      Muriel,
      merci pour votre gentil commentaire : être compris, cela fait du bien, ça change ;-)

  9. A Marie , 12 avril, 19h 40
    Vous dites ,  » je crois lire en filigrane …. » . Merci pour la prudence première de vos propos mais ensuite, je ne comprends plus. Moi mê me j ‘ai été tellement bouleversée par le long texte du Père Eric que j’ ai reparlé de ma consternation et de la honte à porter collectivement tant elle est lourde
    Bien à vous .

    1. Chère Muriel, nous sommes tous et toutes blessés et humiliés par ces fautes qui rejaillissent sur le peuple de Dieu. Mais je reste persuadée que de ce grand mal pourrait sortir un grand bien : je fais confiance à notre Pape François ! bien à vous !

  10. A Sebastien,
    Si vous-même ou une personne de vos connaissances est ou a été victime d ‘ un membre de l’ institution  » église catholique  » , je vous en prie , portez plainte. A la police et même à l’ évêché ( je sais par expérience qu’ au jour d’aujourd’hui on vous écoutera et qu’on vous aidera à porter plainte si vous le désirez . Mais n’ attendez pas, 20, 30 ans parce qu’alors les faits deviennent très difficile à prouver.
    Les insinuations , les généralités ne rendent service à personne.
    Quant aux  » mutations silencieuses  » dont vous parlez….. J’ ai moi-même fait mes études dans l’enseignement non confessionel et et je peux vous dire que les mutations pour  » pedophilie  » ( ce mot n’ existait pas encore ) y étaient tout aussi silencieuses. Nous n’osions même pas raconter à nos parents ce que nous savions de première main. On appelait ces mutations, une  » seconde chance ».

    Nous prierons certainement pour votre bonheur en général ( pas nécessairement suite à un chemin de Damas comme vous le proposez car vous pourriez faire une mauvaise chute de cheval ;-) .
    Nous et tous les moines et moniales dans le monde. Personnellement les intentions de prière du Livre des Heures ( bréviaire) m’ont toujours beaucoup consolée . Que des hommes, des femmes quittent tout pour supplier Dieu jour et nuit ( prière d’intercession pour les pauvres et les petits, ceux pour qui la vie est un poids ( chomeurs, détenus, exilés, malades etc…. etc….. ….. ) ça me laisse sans voix.
    Bon dimanche à tous ….

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