Non, Monsieur l’Abbé…

L’Abbé de La Morandais est un franc-tireur dans l’Eglise de France, non dénué d’intelligence ou de talent. Cependant, il a dérapé « grave » en expliquant qu’en matière d’abus sexuels « ce sont les enfants qui cherchent de la tendresse ». Fort heureusement, ses propos furent immédiatement condamnés par son évêque, l’archevêque de Paris. 

Bien sûr que les enfants recherchent de la tendresse et certains – plus fragiles – peuvent jouer la séduction avec des adultes. Bien sûr que les adolescents sont curieux par rapport à la sexualité et certains – plus fragiles – cherchent des expriences adultes.  C’est pourquoi un adulte doit connaître sa place face à un mineur d’âge. Et ne jamais la quitter, sous peine de sanction. En effet, quand la perversion prend le dessus,  celle-ci déstructure le mineur, incapable d’intégrer ce qui lui arrive. 

Imaginons un père qui surprend son fils ado en train de consulter du porno. Il n’y a pas à dramatiser. C’est l’occasion d’une bonne discussion. Mais le père qui dirait à son fils: « attends, je vais te faire découvrir des sites encore plus chauds », déraperait gravement en sortant complètement de son rôle. Imaginons un responsable scout qui découvre certains de ces gars en train de faire « touche-pipi ». Ce n’est pas la fin du monde, mais l’opportunité d’un recadrage et, ensuite, d’une calme mise au point. Mais l’animateur qui dirait à ses scouts : « je viens jouer avec vous », déraperait gravement en sortant complètement de son rôle.  

Que dire alors de l’adulte – laïc ou prêtre – qui entretiendrait des relations sexuelles avec un mineur d’âge? Celui qui s’en dédouanerait de surcroit, en argumentant que « l’enfant cherchait de la tendresse », ajouterait à son forfait l’aveu de sa totale inconscience et – sans doute aussi – de sa grave immaturité. 

PS. J’apprends le lendemain de la publication de mon « post » ci-dessus, que le prêtre en question est revenu sur ses propos et a envoyé à l’AFP cette rectification bienvenue :  Une polémique est née de propos que j’ai tenus dans l’émission de LCI Audrey & Cie sur la pédophilie. Des propos que certains ont interprétés comme une manière de dire que les enfants sont responsables du fléau dont certains d’entre eux sont victimes. Je tiens à indiquer haut et fort que mon expression – confuse et incomplète, je le reconnais et le déplore – et la manière dont elle a été perçue ne reflètent en rien ce que je pense. Les agresseurs sont bien les adultes. Et les enfants des victimes innocentes ».

10 réflexions sur « Non, Monsieur l’Abbé… »

  1. Au point où nous en sommes, trois catégories de personnes au sein de l‘Eglise lui feront un tort supplémentaire dont elle aura peine à se remettre:

    la première, celles et ceux qui prétendront que tous ces scandales sont le fait de complots où les medias, la franc-maconnerie, les „bolchéviques“ …se retrouvent pour asséner le coup de grâce à une Eglise appelée á disparaître.
    Le langage qu‘ils tiennent est celui de „Pays Réel“, ni plus ni moins.

    la deuxième, celles et ceux qui „ y vont de leurs statistiques“ cherchant à relativiser la responsabilité du clergé et de l‘Eglise pour des crimes dont ils vous diront qu‘ils surviennent aussi ailleurs dans la société.
    Au passage ils font un amalgame rapide avec l‘homosexualité, donnant libre cours à leurs haines primitives.

    La troisième ( dont je ne soupçonnais pas l‘existence!) celles et ceux qui rejettent une part de responsabilité sur les enfants…
    Cette dernière catégorie est particulièrement odieuse.

    Toutes font preuve d‘une incroyable stupidité en minant la cause de l‘Eglise qu‘ils croient défendre.

    1. une 4e catégorie est me semble-t-il celle des curés, des évêques accusés à tort, pour diverses raisons : la vengeance en fait partie
      Et je ne peux m’empêcher de penser que ce pourrait être le cas pour Mgr Pell : avez-vous regardé son visage, ses expressions j’ai lu au sujet du procès des éléments contradictoires : le 1er étant qu’un évêque après un office est entouré, ne va pas se rendre dans une sacristie, sacristie filmée par la défense pour montrer comment elle se présente, film que le juge a refusé de visionner
      le 2d : condamnation pour 5 faits or les témoignages et l’expérience montre que les pédophiles récidivent , ils ne vont pas s’arrêter la 5e fois
      Autre élément : nous ne savons rien du témoin à charge,
      son frère est mort d’overdose , lui, il avait affirmé à sa mère n’avoir jamais été harcelé.
      Ce que je vous rapporte, je l’ai lu dans la Croix.
      Il se fait que notre ancien curé a été reconnu et condamné comme pédophile : il m’avait demandé de reprendre le caté juste avant que nous n’apprenions les plaintes et l’enquête à son sujet : comment oublier son attitude, son visage d’homme traqué, pourtant je n’étais au courant de rien, il m’ a expliqué que son coeur était malade
      Ce qui était vrai
      J’ai regardé l’interview du Cal Philippe Barbarin sur KTO : lorsqu’il est assis, son attitude est éloquente, elle raconte combien ce qu’il vit, est difficile, le touche au coeur
      La décision du pape François ,sa proposition de retrait pour le Cal est discutée,
      Qui pourrait supporter tant de jugements à l’emporte-pièce, comme si ces hommes avaient des coeurs qui peuvent et doivent tout entendre sans réagir avec leur coeur d’hommes et de pasteurs
      La difficulté vient aussi de la sensibilité à jamais marquée des victimes : cela nous nous en rendions un peu compte, mais pas à ce point
      Cela nous ne pourrons pas l’oublier, il est bon de l’enseigner à tous et à toute, il est bon que la sexualité humaine soit enseignée avec sagesse à tous et toutes, que l’ignorance recule , que nos petits enfants sachent regarder en face celui qui les agresse et dire non
      Alors je me souviens de ce général qui s’était suicidé parce son honneur a été mis en cause : il avait accepté des pots-de-vin lors de l’achat d’avions , ces pots-de-vin en ce temps-là étaient considérés comme normaux ils faisaient partie de l’achat, il avait accepté comme ceux d’avant lui. Las les temps avaient changé ,il a été mis en cause, ne l’a pas supporté.
      Dans le jardin d’Eden, ni l’Adam ni sa femme ne connaissaient la honte, nous avons été expulsés du jardin. Et je prie Dieu pour nos prêtres que la honte ne rejaillisse pas sur ceux qui sont fidèles au Christ, à l’appel qu’ils ont reçu, je prie qu’ils gardent la communion fraternelle, celle que les 1ers Chrétiens ont vécu avec bonheur

      1. Merci, Godelieve. Et , en effet, puisse toute cette souffrance être utile. Devenir amour. C’est toute notre alchimie chrétienne. Un mystère.

    2. Personnellement je suis franc maçon et je vous jure bien sur le Grand Architecte que je suis pour rien dans toute cette affaire!
      Au delà, belle mise au point dans cet article. Mais pourquoi donc Barbarin est il toujours archevêque?

  2. Merci Monsieur l’Abbé pour cette mise au point tellement importante. En lisant cet article sur L’Abbé de La Morandais, j’ai été prise de honte qu’un membre de l’Eglise du Christ puisse proférer de telles absurdités malsaines.

    Quelle honte devant les réactions des lecteurs qui ont tôt fait de mettre « tout le monde dans le même sac ». Il doit exister quelque part un endroit où le croyant de base peut dire « je condamne cette déclaration et je prétends qu’elle est fausse et orientée ». C’est le cas ici et j’espère qu’un grand nombre de personnes vous liront !

  3. Par rapport à la mise au point de l’Abbé de La Morandais, je suis un peu troublée. Je lui accorderais le bénéfice du doute mais je crains que le mal soit déjà fait !

  4. Moi aussi j’ accorderais le bénéfice du doute.
    Je lis dans le monde.be du 1o novembre 2015 un article intitulé  » Peut-on embrasser son enfant sur la bouche? « . Puis, en grandes lettres :  » Cette marque d’affection est déconseillée par bon nombre de spécialistes de la petite enfance qui craignent la confusion des sentiments « .
    Les 29 ( !) commentaires vont dans tous les sens ! ! ! Apparemment, l’ abbé Le Morandais n’est pas le seul à avoir vu.
    Et cette phrase extrèmement malheureuse a quand même fait progresser indirectement la grande cause non négociable de la protection des enfants.

  5. Pour info :
    Lalibre.be, 10 juin 2017 :  » 75 % des internautes interrogés estiment que les parents ne doivent pas embrasser leur enfant sur la bouche « 

  6. En considérant l’adage: « en bien ou en mal, l’essentiel est qu’on parle de vous », je me demande si l’abbé de La Morandais n’a pas fait exprès de lâcher cette phrase absurde. Fan des plateaux télé, n’aurait-il pas tout simplement voulu servir son égo?

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