Messes TV – Faut-il interdire la Marseillaise?

Je ne suis pas encore intervenu sur le débat concernant la Messe télévisé du WE dernier en Flandre, où des politiciens s’étaient scandalisés de la lecture d’un extrait d’une épitre de Saint-Paul aux Ephésiens (« femmes, soyez soumises à vos maris »), réclamant la fin des Messes télévisées. (Oubliant au passage que l’apôtre précise que la mesure de cette soumission était celle du Christ, qui a donné sa vie pour l’Eglise.) 
La lettre de Paul est, bien sûr, écrite dans une culture patriarcale, qui n’est plus la nôtre. Ce qui importe est donc de voir comment elle est relue et vécue par les chrétiens aujourd’hui. Si beaucoup reste à faire pour le droit des femmes dans la société et dans l’Eglise, constatons que nous progressons.
Mais le coeur du débat se situe ailleurs. S’il faut filtrer tout texte qui choque, comment encore oser chanter la Marseillaise? « Qu’un sang impur abreuve nos sillons… » S’ils étaient logiques avec eux-mêmes, nos censeurs du jour devraient inviter au boycott de l’hymne national français.  A moins que leur objectif était de viser l’Eglise catholique et non les textes anciens aux paroles parfois dérangeantes…

22 réflexions sur « Messes TV – Faut-il interdire la Marseillaise? »

  1. Personne ne par le de l’obligation du mari reprise juste après dans cette épître. En effet l’obligation du mari est d' »aimer sa femme, comme le Christ a aimé l’Eglise, il a donné sa vie pour elle ». Qui est d’accord d’aimer sa femme jusqu’à donner sa vie pour elle? Pas le ministre Gatz en tout cas, qui ne reprend que le verset qui arrange son propos. Était-il atteint de fatigue intellectuelle ou de de malhonnêteté intellectuelle?

  2. Il y a semble-t-il une nouvelle crise d’une maladie ancienne : l’anti-christianisme. Qui demande à ces gens d’aller à la Messe (qui les y oblige ?) et qui leur demande leur adhésion aux paroles de l’évangile ? Je constate que dans le grand public il y a une série d’adhésions à des faits ou à des théories qui font aux femmes un tort immense mais … on préfère ne pas en parler !

    1. Oui, Marie-Madeleine. Mon père,socialiste de coeur et de fait depuis l’ âge de 17 ans, avait l’habitude de dire que la cohabitation se faisait presque toujours au détriment de la femme.
      Et il n’ avait pas tort. Ce n’est qu’un petit exemple.

      1. Bien dit, Eric! En effet, pourquoi ces « bons esprits » qui accusent sans cesse ceux qui ne vont pas dans le sens de la pensée unique et qui se croient plus éclairés que tous leurs ancêtres ne trouvent-ils jamais rien à redire face aux paroles d’un chant comme la Marseillaise?

      2. Et puisqu’on se fait tellement de souci quant au bonheur des femmes chrétiennes dans un mariage chrétien et sur la manière dont les versets de Saint Paul sont vécus : qu’on fasse des enquêtes sérieuses au lieu de fantasmer.

  3. Et le cas du „Wilhelmus“. ….

    Pendant l‘occupation allemande des Pays Bas – une occupation particulièrement cruelle sous un régime ( comme en Pologne) de „Zivilverwaltung“ – toute manifestation patriotique était réprimée par l‘occupant de façon souvent sanglante
    Pourtant, la première strophe de l‘hymne national hollandais, que beaucoup ont chanté au péril de leur vie, commence ainsi:

    „ Wilhelmus van Nassouwe
    ben ik, van Duitsen bloed „

    I rest my case

    1. « ben ik, van duitsen bloed » est une phrase qui m’a toujours étonnée et pourquoi ne pourrait-on pas la changer en vue de quelque chose de plus … NLvoelend ?

      1. Mais justement: le Wilhelmus est le chant patriotique par excellence, MALGRE cette mention du „Duitsen bloed“, (y compris pendant l’occupation allemande) rejoignant en cela la Marseillaise et son „sang impur“.

        Quant à l‘origine du „Duitsen bloed“, elle réfère à l‘origine allemande de Guillaume de Nassau, dit le Taciturne, la famille ayant ses racines dans ce qui est aujourd‘hui appelé le Nassau-Hadamar pas loin de Francfort.

        1. Lorsque j’étais aux PB, j’ai toujours été admirative lorsque le public, comme un seul homme, se levait pour chanter l’hymne national. N’y a-t-il pas plus loin une référence au Roi d’Espagne ?
          Je me rappelle avoir entendu que la Brabançonne, à ses débuts, avait un couplet contre chaque envahisseur (ce qui fait beaucoup ;-) ) et qu’on les a supprimés pour ne pas les vexer (!).

          Je m’étonne de voir les néerlandais, qui ont souffert comme nous sous l’occupation allemande, continuer à utiliser cette phrase … Personnellement, je la « zapperais » !

          1. A propos de „zapper“ le „Duitsen bloed“…

            Ce n‘est pas évident…
            Parce qu‘en fait le Wilhelmus est un très vieux texte, écrit dans les années 1568-1572. On l‘attribue au Taciturne lui-même, mais cela semble peu probable.
            Mais le texte est bien rédigé comme une déclamation du Taciturne, se disant fier de son origine des terres de Nassau en Allemagne et insistant sur sa loyauté envers son suzerain, le Roi d‘Espagne.

            Cela résume bien les grands remous de l‘époque: d‘une part l‘importance de la loyauté feodale vis-à-vis du suzerain ( la „République“ étant un concept tout à fait étrange à l‘époque) et d‘autre part la défense des libertés , entre autres religieuses.

  4. En ce qui concerne la fin des messes télévisées, il faudrait peut-être rappeler à certaines personnes que notre radio/télévision est un service public et qu’il est absolument normal qu’elle propose la retransmission de la messe ainsi que certains programmes du monde laïque, comme « la pensée et les hommes » !

    Que tel ou tel personnage n’apprécie pas la lecture d’un texte (en le comprenant de travers, d’ailleurs) ne change rien à ce fait !

  5. J’ai été choqué à l’ouverture du Vif de cette semaine de trouver en page 13 un articulet intitulé  » interdire la Marseillaise » reprenant les propos du  » vicaire épiscopal » de Liège, mais surtout porte parole des Évêques de Belgique.
    Je suis effaré de cet étalage d’inculture ! Le passage  » qu’un sang impur abreuve nos sillons » ne vise ni !église catholique, ni les étrangers, puisque le sang impur dont il est fait mention est celui du Peuple qui défend ses droits face au sang  » pur » qui est celui de la noblesse (… à particule, le fameux petit « de » ) et son alliée de toujours, l’Eglise. ( l’Alliance du trône et de l’autel)

    Il serait utile de rappeler à l’occasion de la publication de cette ânerie que l’Histoire ne s’apprend pas au Séminaire, dans les évangiles ou le Coran… Mais que c’est une science !

    1. Cher Monsieur,
      Merci pour ce commentaire dégoulinant de bienveillance. Un peu de science historique vous aurait appris, de fait, qu’il y a plus de 7 ans que je ne suis plus porte-parole des évêques.
      Et une lecture attentive vous aurait donné de comprendre que je ne visais en rien la Marseillaise, mais l’épître de saint Paul aux Ephésiens.
      Comme quoi, les âneries…
      PS. Il semble que ‘Libé’ soit aussi inculte que moi en matière de Marseillaise…http://www.liberation.fr/tribune/1998/07/13/au-dela-du-sens-politique-et-historique-que-signifient-au-juste-les-paroles-de-notre-hymne-national-_243650

      1. Reconnaissez, Monsieur l’Abbé, que votre allusion à la phrase « qu’un sang impur abreuve nos sillons » témoigne d’une méconnaissance malheureuse de son interprétation correcte conforme à l’Histoire! Cette interprétation est pourtant régulièrement rappelée par les médias! Cela m’étonne de votre part!

        1. „….interprétation correcte conforme à l‘Histoire „ ?

          Je n‘en disconviens pas que votre interprétation du sens de ce „sang impur“ suit une certaine logique dans le contexte révoltionnaire français.
          Mais…“conformité à l‘Histoire“ ?

          Le texte fut rédigé par un officier français dont les troupes étaient sur le point de traverser le Rhin pour combattre les armées des Alliés.
          Il fut ensuite chanté pour la première fois, non pas sur une quelconque barricade, mais lors d‘une soirée élégante à Strasbourg…

          Le „sang impur“ …peut très bien être celui de „ l‘ennemi“.

          Mais Saint Paul est bien loin dans tout ça…

    2. « le sang impur dont il est fait mention est celui du Peuple qui défend ses droits face au sang » pur » qui est celui de la noblesse »… Mais alors pourquoi chanter , dans un hymne révolutionnaire, « qu’un sang impur abreuve nos sillons » puisque ce sang serait celui du peuple ? J’avoue que l’image me paraît confuse !

      1. C’est pourtant clair! « Qu’un sang impur abreuve nos sillons » veut dire: que notre sang, dit impur par opposition au sang pur de la noblesse, soit répandu dans notre combat pour les droits du peuple face à la noblesse toute puissante et oppressive!

        1. Si vous suivez le même débat sur la page FB de Claude Thayse, il semble que cela ne soit pas clair du tout. « Libé » et « Mediapart » disent le contraire. Mais bon… ce n’était pas mon propos. Il va de soi qu’il serait idiot d’interdire la Marseillaise. Mon propos était un second degré par rapport aux censeurs de saint Paul. Décidément…

  6. C’est montrer une inculture flagrante !
    Surtout de la part de l’historienne de l’ ULB. Elle est connue pour son anticléricalisme.
    Ces donneurs de leçons devraient savoir que St Paul était un Juif, mais était plus Grec que Juif. Il pensait et écrivait comme un Grec de l’antiquité. Au 1° siècle, les femmes n’étaient pas mises en valeur en Grèce.
    De plus tirer des conclusions à partir de quelques mots est malhonnête ou en tout cas fait preuve d’un anticléricalisme flagrant. Ces raisonnements sont d’autant plus graves quand une historienne de l’ ULB les approuvent et que des politiciens les mettent en avant.
    De plus les médias, font les gros titres d’un paragraphe écrit il y a 2000 ans.
    Si en effet St Paul dit : « les femmes, à leur mari, comme au Seigneur Jésus ; car, pour la femme, le mari est la tête, tout comme, pour l’Église, le Christ est la tête, lui qui est le Sauveur de son corps. Eh bien ! Puisque l’Église se soumet au Christ, qu’il en soit toujours de même pour les femmes à l’égard de leur mari. », il ajoute : « Vous, les hommes, aimez votre femme à l’exemple du Christ : il a aimé l’Église, il s’est livré lui-même pour elle, afin de la rendre sainte…. », il ajoute : « Jamais personne n’a méprisé son propre corps : au contraire, on le nourrit, on en prend soin ».
    C’est ce que fait le Christ pour l’Église, parce que nous sommes les membres de son corps. Comme dit l’Écriture : À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un ».
    Où se trouve la misogynie ?
    Je crois que certains partis politiques et universitaires sont en train de faire de l’anticléricalisme primaire. Concernant les représentations religieuses dans les médias, il faut savoir qu’il y a 7 % de musulmans en Belgique (diverses obédiences confondues) et 40% de chrétiens.

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