Pas de libre-examen pour les croyants…

Qu’un professeur en philosophie de l’UCL (Université Catholique de Louvain) déclare ce jour sur les ondes de la radio publique RTBF Première, dans l’émission « Et Dieu dans tout ça », que le libre-examen (dans le sens du bon usage de la raison qui « fait advenir la vérité ») n’est pas à proprement parler accessible aux croyants, voilà qui a le mérité de la franchise et de la clarté.  Je le cite: « On ne peut pas faire coexister le libre-examen et la croyance religieuse, parce que le deux termes relèvent de la pure contradiction (…) Le libre-examen c’est un affranchissement, c’est une libération, c’est une élucidation. Et je crois donc qu’il demande de se libérer des modes de la croyance religieuse ». 
Evidemment, étant croyant, je ne suis pas pleinement légitime pour lui répondre, vu que qu’il jugera que mon esprit est voilé par un certain a-priori dogmatique. 
Et que moi, de mon côté, je pense que son esprit est voilé par un certain parcours de vie.
 
Je me contente donc de tirer ici trois conclusions d’une prise au sérieux de ce qu’il énonce : 
1. Cela signifie que son université de tradition catholique, a longtemps été une forme d’imposture, du moins à chaque fois que la croyance chrétienne irriguait le savoir qu’elle prodiguait. 
2. Cela signifie que Gandhi, Martin Luther King, Mandela et l’abbé Pierre, tous croyants, n’usaient pas totalement lucidement de leur raison.
3. Cela signifie qu’un croyant est potentiellement moins bon démocrate qu’un non-croyant, la démocratie se fondant sur l’usage de la raison. Et qu’il est donc dans l’intérêt de la démocratie d’empêcher la croyance de s’étendre, au nom du bien commun. Le libre-examinisme non-religieux est, dès lors, appelé à devenir la nouvelle fondation philosophique du contrat social. Bref,… la nouvelle religion d’état.
 
Qu’il existe un libre-examnisme propre aux personnes qui ne sont pas croyantes, je serai le dernier à le contester. 
Déclarer, cependant, que seul celui qui n’est pas croyant, est capable d’un libre examen de la réalité, me semble une affirmation fort peu… libre-exaministe.   

12 réflexions sur « Pas de libre-examen pour les croyants… »

  1. C’est l’histoire de la femme qui regarde par la fenêtre le linge de la voisine en train de sécher et dit à son mari que ce linge n’est pas d’un blanc très éclatant. De même que les vêtements de couleur sont ternes . Bref , la voisine ne lave pas bien .
    Même constatation 8 jours plus tard …… 15 jours plus tard .
    Au bout de 3 semaines :  » Ah! cette semaine çi, le linge est propre ….. !  »
     » ça ne m’étonne pas, dit le mari, hier, j’ai fait les vitres « …

  2. Il est tout à fait possible d’être un chrétien convaincu et d’exercer sa liberté de lecture, d’analyse, bref d’examen. Evidemment, reconnaître cela empêcherait bien des discours anti-cléricaux, donc, « on » évite d’y faire allusion … J’ai eu le privilège de connaître un curé de paroisse qui organisait des conférences, des réunions sur des thèmes bibliques ou autres; je pense entre autres à une rencontre avec un rabbin qui fut très intéressante à tous points de vue !

  3. Une fois de plus l’UCL démontre qu’elle n’est plus catholique. On le savait déjà avec l’ expulsion scanaleuse du Prof. Stéphane Mercierqui a défendu la thèse du Concile (Gaudium & Spes 51#3) qui déclare que l’avotrement et l’infanticide sont des crimes .horribles. Corruptio optimorum pessima..Et où restent nos évêques, pasteurs qui devrient nous défendre contre les loups???

    1. tout à fait d’accord avec votre jugement sur l’UCL.
      Je fus fort choquée, en son temps, par le renvoi du professeur Mercier.

  4. En tout cas, je ne vois pas en quoi toi et libre examen seraient incompatibles, il s’agirait alors d’un libre examen dogmatique ce qui est un bel oxymore 😀

    1. Bah! ce prof de l ‘ UCL a dit ça pour faire plaisir à son parrain de la Loge .Il découvrira tôt ou tard toutes les contraditions internes du Libre- Examen.

  5. Si j’ ai bien compris :
    Plus on est croyant, moins on a d’aptitude au libre-examen .
    Plus on a un grade élevé à la Loge, plus on a d’aptitude au libre examen.
    Mais on peut toujours espérer qu’un chrétien à la foi défaillante soit autorisé à jouer ( dialoguer) avec un petit, un obscur, un sans grade de la Loge.

    Ne perdons pas de temps à pinailler. Pratiquons l’ autodérision.

  6. ……Pratiquons l’ autodérision (  » Tout mais pas ça « , le film ) tout en étant des témoins courageux et sans complexes. ( Benoît 16 ). La vie est courte.

  7. « Il est néanmoins à considérer que le discernement, du grec « qui discerne » d’où vient le mot critique, est une pratique du catholicisme romain, surtout au plan spirituel, dimension qui a trouvé son exagération avec Ignace de Loyola et les jésuites. L’Église latine donne une place importante à l’esprit critique, contrairement à l’opinion qui voudrait qu’elle ne privilégie que la croyance et la soumission. Plus de 700 livres accessibles par internet de grands théologiens canonisés par l’Église de Rome en témoignent, dont ceux des Docteurs de l’Église et des Pères de l’Église. »
    extrait du blog de Pierre Sarlat
    Arriverons-nous un jour à parler en paix de ces sujets qui ne préoccupent plus nos petits enfants car ils se sentent libre de penser selon la définition du début du blog « Comme telle, la notion de libre examen est composée des termes libre et examen et signifie considérer attentivement avec réflexion un objet sans qu’il en soit donné préalablement la vérité, voire en s’efforçant de l’oublier si elle a déjà été enseignée. »
    Ils ne pensent plus selon des dogmes qui ne les intéressent que s’ils se spécialisent dans ces domaines…en ajoutant que s’ils se spécialisent, ils vont de découverte en découverte….
    Et si nous cherchions à définir mieux ce qu’est la croyance religieuse ? et la place du libre-examen à l’intérieur de la croyance : car l’une et l’autre ne se situe pas sur le même plan et pour moi ne s’excluent pas l’une l’autre : croire pour un catholique est, il me semble , répondre à l’appel d’une personne, et si une personne m’appelle je reste libre de lui répondre ou non; le libre-examen y participe mais d’abord le coeur, et cela c’est un autre chapitre.
    Que vient faire l’Eglise telle qu’elle est devenue, dans cette histoire personnelle : à chacun de trouver pour lui la réponse , pour lui nous amène inévitablement à l’histoire des hommes et de nos institutions, l’histoire des peuples que nous formons

    1. en fait,il me semble qu’un jalon manque à nos prof. de philosophie ….aussi bien l’un que l’autre (Stéphane Mercier)

      1. A noter aussi que le libre examen n’implique pas du tout l’agnosticisme ou l’athéisme, et que l’athéisme est aussi une croyance dans la mesure où la non existence des dieux n’est pas prouvable

  8. Certains de ces principes m’effraient.
    Le principe du libre examen

    L’article premier des statuts pdf de notre Université proclame que son enseignement a pour principe le libre examen. Celui-ci postule, en toute matière, le rejet de l’argument d’autorité et l’indépendance de jugement.

    « Le libre examen qui est à la base de la méthode scientifique, est aussi un principe auquel on souscrit par engagement… Le libre exaministe s’engage donc à mettre ses paroles et ses actes en accord avec ce qu’il tient pour vrai. Sa vérité, il a le courage de la dire et de la défendre. »

    Notre institution, en raison même de la nature de son engagement, « accueille en tant qu’étudiants à part entière, ceux qui ne partagent pas son idéal… ». Toutefois, ceux qui choisissent délibérément de venir chez nous, ont le devoir d’acquérir une connaissance personnelle de nos principes. La vie communautaire à laquelle nous convions tous les étudiants, sans exception, implique compréhension et tolérance mutuelles. Mais cette tolérance que nous préconisons n’impose pas à proprement parler le respect des opinions d’autrui. « Comment en effet, respecter ce qui est jugé faux, ce que l’on condamne, ce que l’on s’efforce de détruire ‘ ».

    La tolérance que nous proclamons est le respect de la personne et de la liberté d’autrui.

    « Nous jurons d’inspirer à nos élèves, quel que soit d’ailleurs l’objet de notre enseignement, l’amour pratique des hommes qui sont frères, sans distinction de caste, d’opinion, de nations; nous jurons de leur apprendre à consacrer leurs pensées, leurs travaux, leurs talents au bonheur et à l’amélioration de leurs concitoyens et de l’humanité. », Auguste Baron, Premier secrétaire de l’Université de Bruxelles (Discours d’ouverture, 20 novembre 1834).

    « La pensée ne doit jamais se soumettre, ni à un dogme, ni à un parti, ni à une passion, ni à un intérêt, ni à une idée préconçue, ni à quoi que ce soit, si ce n’est aux faits eux-mêmes, parce que, pour elle, se soumettre, ce serait cesser d’être. », Henri Poincare (Fêtes du LXXVe anniversaire, 21 novembre 1909).

    « Examiner, en dehors de toute autorité politique ou religieuse, les grandes questions qui touchent à l’homme et à la société, sonder librement les sources du vrai et du bien, tel est le rôle de notre Université, telle est aussi sa raison d’être. », Pierre-Théodore Verhaegen, Fondateur de notre maison (Allocution au Roi Léopold Ier, 1er janvier 1854).
    « La tolérance n’est ni l’hésitation, ni la transaction sur les principes, ni la pusillanimité, ou l’équivoque dans leur expression, car à ce compte, elle consisterait à n’en point avoir ou à ne pas oser les dire… Elle n’impose pas à proprement parler le respect des opinions d’autrui: comment respecter ce qui est jugé faux, ce que l’on condamne, ce que l’on s’efforce de détruire ‘ Elle est le respect de la personne et de la liberté d’autrui. Elle consiste à affirmer ce que l’on tient pour vérité, en même temps que l’on reconnaît, à d’autres, le droit d’affirmer leurs erreurs, en même temps qu’en les combattant, on se refuse à recourir pour les vaincre à l’injure, à la violence, ou à la proscription. », Charles Graux

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