Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) – La paille et la poutre…

Réunis à Dublin, la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) devait élire une nouvelle présidence. Le président sortant est passé à 13 voix de différence sur plus de 600 votes, mais… avec 5 bulletins de plus que le nombre de votes officiellement prévus. Anomalie qui aurait dû mener à demander un nouveau vote. Curieusement pourtant, la majorité des membres présents n’a pas choisi de sanctionner l’irrégularité et a voté la validité du scrutin. Candidat malheureux à la présidence, le Liégeois Philippe Leruth dénonce l’aberration sur son blog: « Témoins de pareille anomalie, dans le plus petit village du monde, tous les journalistes actuellement présents à Dublin auraient sans aucun doute dénoncé les faits. Le résultat du scrutin n’en a pas moins été confirmé, à une écrasante majorité, et les journalistes participants ont choisi pudiquement de fermer les yeux ». Face à pareille attitude, Martine Simonis, la secrétaire nationale francophone de l’AGJPB (association des journalistes professionnels de Belgique francophone), a démissionné du Présidium qui dirige les travaux. Pas suite à une quelconque déception liée à la non-élection de son compatriote, mais parce que des principes démocratiques fondamentaux sont mis en cause. Et Philippe Leruth de conclure: « Le plus dramatique dans tout cela? C’est que la crédibilité journalistique, elle aussi, a reçu une grave blessure, ce jeudi, à Dublin. Il faudra longtemps avant que certain(e)s de mes consœurs et confrères puissent dénoncer des entourloupes électorales sans craindre de se voir opposer leur attitude dans une capitale irlandaise dont nous avons pu découvrir bien des charmes… »

Je ne suis pas journaliste professionnel et nullement impliqué dans l’affaire. Ceci explique sans doute que je sois plus nuancé que Philippe Leruth. Ce triste épisode rappelle la faille constitutive de toute structure humaine. L’ego des individus et la lourdeur des structures font en sorte que là où il y a institution, il y a risque  – je dirais même probabilité – de disfonctionnement. D’où l’importance d’avoir une presse indépendante et honnête pour les dénoncer. Cependant, la presse n’est pas qu’observateur critique de la nature humaine. Elle en est également un acteur. Dès lors, si les journalistes se doivent d’être les sentinelles de la vie sociale et des éveilleurs de consciences citoyennes, ils ne peuvent se muer en donneurs de leçons. Celui qui dénonce, doit également décoder, contextualiser et parfois aussi – plutôt que de monter en épingle une irrégularité pour faire mousser l’info – la ramener à de justes proportions. L’incident de Dublin rappelle le sage avertissement de Jésus:  « Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil à toi ! Ou comment peux-tu dire à ton frère : Frère, laisse-moi ôter la paille qui est dans ton œil, toi qui ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille qui est dans l’œil de ton frère. » (Luc 6, 41)

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