« Malheureux vous les riches » (Luc 6, 24)

Je me suis intéressé à une dépêche de presse RTL, tombée ce jour : l’an dernier, le milliardaire Karl Rabeder a annoncé qu’il allait renoncer à sa fortune. En effet, M. Rabeder aurait réalisé que le luxe ne le rendait pas heureux. L’Autrichien s’est donc séparé de sa maison et de son entreprise dans l’espoir de vivre le réel bonheur. Par ailleurs, il a versé l’argent récolté par la vente de ses biens à une société de micro-crédit qu’il avait créée et qui aide les populations du tiers monde à survivre ou à réaliser leurs projets. Le milliardaire s’est habitué à une vie trop confortable, le poussant à acheter des biens sans cesse et dont il n’avait pas besoin. Lors d’un voyage à Hawaï, Karl Rabeder a eu une révélation. Tout lui a soudainement paru faux: « Le personnel jouait le rôle de personnes amicales, les autres vacanciers jouaient le rôle de personnages importants et personne n’était réel« . Lors de certains voyages, Karl Rabeder a également ressenti un sentiment de culpabilité. C’est le fait de visiter des régions pauvres et d’être confronté à une réalité difficile qui l’a poussé à mettre ses biens en vente au profit des autres. Aujourd’hui, l’homme vit dans une petite maison en bois et se dit plus heureux que jamais. M. Rabeder a expliqué que « si dans un premier temps l’argent peut rendre heureux parce qu’il apporte une vraie liberté, une fois passé le bonheur du changement, on se rend compte que tout n’est qu’illusion« . Même s’il s’est reconverti, M. Rabeder est un ex-homme d’affaires et sait comment faire de l’argent. Avec ses activités actuelles de coach personnel et conférencier, il gagne encore très bien sa vie, mais ne conserve que 1.000€ pour lui. Le reste, il le verserait à la société de micro-crédit qu’il a créée.

Voilà une parabole des temps modernes. Quand il prononce son sévère « malheureux vous les riches » (Luc 6,24), le Christ ne condamne pas la création de richesse par des entrepreneurs plus créatifs et travailleurs que la moyenne de la population. Non, le Fils de l’homme dénonce le fait de rester prisonnier du besoin d’amasser des fortunes sidérales. La recherche frénétique de lucre apaise les angoisses de manque et flatte la vanité par des produits de luxe. Mais le cœur de l’homme n’en est pas nourri. Surtout quand la richesse se vit dans un océan de misère. Quel confort de vie possède l’homme qui doit se réfugier derrière des barrières et se protéger de son prochain affamé par des gardes armés ? A méditer dans les années de crise économique aiguë qui s’annoncent. « Malheureux vous les riches »…

Evidemment, nous ne sommes pas tous des François d’Assise, mais heureux l’homme nanti qui a découvert la joie du partage et de l’authentique redistribution. Une sagesse populaire dit que les chrétiens ont souvent le cœur à gauche, mais le portefeuille à droite. Ils aiment les généreuses idées, mais protègent avec zèle leur pouvoir d’achat. Je me reconnais volontiers dans cette boutade. En fait, c’est le contraire qu’il faut faire advenir : un chrétien se doit d’avoir le cœur à droite, mais le portefeuille à gauche. Il est bon qu’il défende les bonnes vieilles valeurs traditionnelles – du travail bien fait, du respect de l’autre, du sens du devoir – mais que si la vie lui donne l’aisance matérielle, il trouve tout naturel de partager pour en faire profiter son prochain. Non pas « pour gagner son paradis », mais afin de trouver joie et bonheur dès ici-bas… Vous ne comprenez toujours pas ? Demandez à Monsieur Rabeder.

2 réflexions sur « « Malheureux vous les riches » (Luc 6, 24) »

  1. C’est vrai , acheter un tapis quand on doit avoir économisé la somme pour le payer , donne de la satisfaction au jeune ménage . Quand plus tard , devenus aisés , ils commandent un nouveau salon ou une salle de bains ils trouvent ça normal .
    Un collectionneur est aux aguets de la pièce rare ; une fois trouvée et achetée , il n’y prête pas longtemps attention .
    Posséder n’est pas une garantie de bonheur .
    Mr Rabeder aura sûrement trouvé de l’appaisement après sa décision , pour autant qu’il n’ait ni femme ni enfants ;-)
    De nouveau , les Evangiles ne sont pas aisées à traduire pour Monsieur Tout le Monde

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