Spiritualité citoyenne (suite) – Les analphabètes sont parmi nous

Il y a quelques jours mon téléphone portable rendait l’âme – un modèle assez élaboré, devenu au fil des années un outil de travail quotidien. Le voilà cassé. Comment le remplacer et par quoi ? Je n’y connais rien. Tant que j’étais porte-parole des évêques, c’était le service informatique de la conférence épiscopale qui me conseillait. Bref, je me sens perdu. Comme un petit enfant. Sans les conseils patients et avisés du webmaster catho.be – qui de surcroît me fit le transfert de données vers le nouvel appareil en un tour de main – je pense qu’aujourd’hui encore, je tournerais en rond.
Pourquoi je raconte cela ? Parce que cette petite expérience – en soi pas bien grave – me fit mieux saisir ce que c’était que l’analphabétisme. Demandez-moi de prendre la parole à l’improviste devant un auditoire sur nombre de sujets, je pense que je retomberai sur mes pattes. C’est un exercice que je connais et que je maîtrise. Par contre, face à un acte aussi banal que l’achat d’un GSM, me voilà paralysé. C’est un univers que je ne connais pas et qui – à vrai dire – me fait un peu peur. Du coup, je deviens maladroit et même un peu bébête.

C’est exactement ce que vivent les personnes qui parlent mal notre langue ou qui – il y en a plus qu’on ne le pense – ont des difficultés à la lire ou à l’écrire. Face à des actes administratifs simples, nous nous demandons parfois pourquoi nombre de nos concitoyens sont lents, absents, peu réactifs… Bref, maladroits et bébêtes comme je l’étais pour acheter un GSM. Pour certains, il s’agit sans doute de paresse ou de négligence. Mais pour beaucoup d’autres, la raison est bien plus humiliante : devant une simple formulaire, ils paniquent car le déchiffrer et le remplir représente une montagne.
Ceci permet de mieux comprendre la réelle utilité des enseignants, travailleurs sociaux et bénévoles qui se rendent disponibles pour aplanir pareilles montagnes – un peu comme mon webmaster bon Samaritain le fit pour l’achat du téléphone portable. Alors, quand nous voyons des personnes lentes ou perdues face aux actes les plus banals de la vie, ne les jugeons pas trop vite. Qui sait ? Un jour prochain, nous pourrions à notre tour nous retrouver analphabètes – comme je le fus pour un simple achat de GSM.

3 réflexions sur « Spiritualité citoyenne (suite) – Les analphabètes sont parmi nous »

  1. Le temps des paraboles n’est pas révolu!
    Mais toujours bien utile pour ouvrir les yeux de ceux qui ne veulent pas voir.

    Continuez Monsieur l’Abbé!

    Au plaisir de vous revoir.

    Un fidèle.

    Marc

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